Depuis 2006, l'Agence Française de Développement (AFD) évalue systématiquement les projets qu'elle finance. Les évaluations décentralisées poursuivent 4 objectifs décrits sur le site de l'AFD
Les critères utilisés pour ce type d'évaluation sont ceux du Centre d'Aide au Développement de l'OCDE : pertinence, efficacité, efficience, impact, durabilité . A ces critères s'ajoute une estimation de la valeur ajoutée apportée par l'AFD, pour voir en quoi l'AFD est mieux placée qu'une autre institution pour financer ce type de projet. Cette idée de valeur ajoutée est aussi présente dans les critères établis par la Commission Européenne
Les évaluations décentralisées sont réalisées en partenariat avec des agences localisées là où le projet est mis en œuvre. Elles sont rétrospectives, elles ont lieu en général 6 à 12 mois après la fin du projet. Elles sont réalisées en externe, par des agences, ce qui assure une plus grande impartialité. Lorsqu'il est possible, les évaluations sont réalisées par les experts du pays partenaire, qui connaissent mieux la situation du pays. Les évaluations décentralisées permettent d'avoir une idée globale de l'impact du projet, en estimant les changements apportés sur la base de dires d'acteurs et d'une comparaison avant-après.
Ces évaluations constituent le travail principal des évaluateurs de l'AFD , puisque tous les projets sont évalués suivant cette méthode. Les institutions suivantes utilisent les évaluations décentralisées:
Cette liste est non exhaustive. En général, les institutions qui évaluent des projets d'aide au développement ont recours à des évaluations décentralisées.
Le faible coût de ce type d'évaluation et la décentralisation permettent d'évaluer tous les projets de l'AFD, y compris ceux dont le bilan est défavorable. On a alors une vision fiable des impacts des projets financés par l'AFD, non biaisée par un potentiel choix des projets à évaluer. La systématisation de l'évaluation est possible grâce à la décentralisation des études. Ainsi, les évaluateurs de l'AFD peuvent réaliser une synthèse des rapports réalisés par des agences du pays partenaire. Cela leur permet de passer moins de temps sur chaque projet, et donc de tous les évaluer. Ces évaluations ne visent pas a évaluer un impact précis et prédéterminé comme les expériences aléatoires, mais à voir plus généralement les conséquences du projet. Elles permettent donc de voir les conséquences majeures du projet, et de ne pas passer à côté d'un impact qu'on avait pas prévu à l'origine. Souvent, ce type d'évaluation suffit à voir globalement si le projet a marché ou pas. Les principaux problèmes rencontrés par les projets concernent la mise en œuvre et la durabilité, et sont assez faciles à repérer. Dans certains cas, on voit que juste après que les financements aient cessé, le projet s'est écroulé.
Ainsi, la majorité des écueils qui menacent les projets d'aide au développement sont repérés par les évaluations décentralisées. En agrégeant les différentes évaluations décentralisées, on a une bonne vision de l'impact globale de l'aide. Si les résultats sont surprenants, ces évaluations peuvent donner lieu à une analyse plus approfondie du cas. Le partenariat avec des agences locales pour la collecte des données permet de sortir de la logique d'assistance qui est souvent reprochée à l'aide au développement. Il est en conformité avec les principes de la Déclaration de Paris (OCDE), et il permet le développement du secteur de l'évaluation dans le pays partenaire.
Le fait que l'on se repose sur les dires d'acteurs et sur une analyse avant après empêche les évaluations décentralisées de donner une réponse fiable sur une question précise. La validité interne de telles évaluations est donc faible. En revanche, la validité externe est élevée, car on peut obtenir, au niveau global, une bonne approximation de l'efficacité de tel ou tel type de projet. Certains critiquent les évaluations décentralisées en leur opposant les expériences aléatoires, plus rigoureuses et plus précises.
Les évaluations décentralisées peuvent être complétées par d'autres méthodes qui permettent de s'interroger sur un point plus précis.