L'aide au développement est à la fois une discipline académique qui s'enseigne et se pratique dans les laboratoires universitaires et une réalité concrète.
Elle doit donc être considérée comme une représentation (elle dit quelque chose sur la réalité) et comme une intervention (elle contribue à la mise en forme de la réalité). Ce qu'elle dit ne peut être compris indépendamment de ce qu'elle fait.
Un programme d'aide est parfois mis en place de façon à pouvoir être évalué. C'est le cas quand on crée un groupe test et un groupe témoin pour les expériences aléatoires. Le programme dépend donc de son évaluation, qui elle-même dépend des théories économiques. Par exemple, c'est l'hypothèse économique de rationalité des agents qui conduit à créer un groupe témoin. Sans cette hypothèse, on ne peut pas supposer que le groupe témoin est comparable au groupe test. C'est donc l'hypothèse de rationalité des agents qui va amener à décider que tel groupe bénéficiera du programme et non tel autre groupe.
Par ailleurs, parfois, l'économie théorique influence la pratique parce qu'on se réfère à la théorie pour la pratique.
Dans l'expérience aléatoire menée par Ashraf au Kenya , les économistes cherchent à voir si les gens utilisent mieux un bien quand ils l'ont payé. Le fait d'utiliser mieux quelque chose qu'on a payé vient du fait qu'on valorise plus un bien qui a un prix, conformément aux principes économiques.
Les chercheurs parviennent à la conclusion qu'effectivement, payer induit une plus grande valorisation du bien (donc in fine une meilleure utilisation). Cependant, cette conclusion est liée au fait que les gens raisonnent inconsciemment en se référant à la théorie économique. En effet, l'économie du pays étant organisée en adéquation avec la théorie économique, dans le pays, les gens ont observé qu'en général, plus un bien est cher meilleure est sa qualité.