Conflit entre le Ministère des

Beaux-Arts et le Ministère

des Travaux Publics - 1906

 

          Depuis la fin du 19ème siècle, le territoire du Mont est divisé entre deux administrations. Leur lutte institutionnelle se cristallise autour de la question de l’insularité envisagée comme élément de patrimoine, un thème que développent déjà les intellectuels de l’époque, et opposée à l’activité technique et économique. L’administration des Ponts et Chaussées, rattachée au Ministère des Travaux Publics, est en charge de la digue route, des travaux de poldérisation et plus généralement de l’aménagement de la baie. Ce corps d’ingénieurs travaille dans l’optique acceptée par tous de l’assèchement de la baie par la construction d’un réseau de digues qui permettra d’étendre les terres arables et de développer l’activité économique de la région, en lien avec la Compagnie des Polders de l’Ouest. En revanche, l’abbaye et les remparts sont placés sous la responsabilité du Ministère des Beaux-arts. Ces architectes ont à cœur l’aspect patrimonial du monument, fierté nationale à respecter dans son intégralité. Ils tentent d’étendre leur influence jusqu’aux grèves de la baie, en dépit d’un faible budget, et s’appuient sur la Commission des Monuments Historiques qui consacre juridiquement la notion de « patrimoine national » avec la loi du 21 avril 1906. C’est pour défendre cette cause que l’Inspecteur Général des Monuments Historiques Paul Gout fonde en 1911 l’Association des Amis du Mont. Ces deux services, guidés par deux politiques publiques simultanées et opposées, resteront en conflit jusqu’aux années 1960.

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