Les populations locales s'opposent

au projet - 1973

 

          A mesure que l’idée du désensablement fait son chemin, la voix de la population devient audible et doit être prise en compte : c’est la première politisation du conflit local/national. Les acteurs institutionnels prennent conscience que les habitants ne sont pas favorables au projet, comme il est fait mention par une mission interministérielle de 1973 après une étude de terrain. Pour les Montois, la destruction de la digue-route évoque de fortes craintes liées à la disparition de leur « cordon ombilical » qui les relie à la vie économique des grèves, étant donné que tout le développement de leur territoire s’étaire fait jusqu’à présent en fortifiant la liaison terre/Mont. L’Etat se trouve donc amené à « prendre en compte toutes les précautions politiques » dans son action, une tâche d’autant plus délicate que les acteurs sont morcelés en associations qui ne défendent souvent que leurs intérêts : la Section Régionale Conchylicole pour les éleveurs de coquillages, les syndicats agricoles, la fédération des chasseurs, le syndicat des digues et marais, les Amis du Mont Saint-Michel, les élus locaux…  Au long des années 1970, l’Etat va donc devoir endossr un rôle de médiation qu’il n’avait pas eu à tenir auparavant. Il est surtout représenté par Michel d’Ornano, une personnalité qui cumule l’ambivalence local/national – à la fois député du Calvados et Ministre – et l’ambivalence des domaines de compétence : d’abord Ministre de la Culture et de l’Environnement, puis rattaché à l’Equipement par le biais du Ministère du Cadre de Vie. Par son contact avec la population, il permettra de lancer les premières étapes du projet. Cette nouvelle posture prépare l’implantation de l’Etat dans le tissu local. Cependant, le projet reste axé sur les aspects techniques et hydrauliques, sous l’impulsion de l’ingénieur Jean Doulcier qui est alors à la tête de la DDE. Ce qui lui avait permis de réunir les ministères échoue à convaincre la population en raison du peu de prise en compte des intérêts touristiques, et aucun consensus ne peut encore être atteint.

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