Actualité et perspectives de la controverse
A ce jour, aucun scientifique n’est capable d’avancer une théorie concrète et indiscutable sur l’orgasme féminin. Néanmoins, le travail d’Elisabeth Lloyd en 2005 tentant d’expliquer le rôle de l’orgasme et son origine, ainsi que celui d’Odile Buisson en 2010 s’attachant à décrypter certains mécanismes de l’orgasme, même s’ils n’ont pas clos la controverse, ont le mérite de l’avoir relancée. En effet, lorsque l’on entend le professeur Pierre-Henri Gouyon nous dire que la recherche en biologie évolutionniste en France à propos de l’orgasme féminin était au point mort, ces études sérieuses contrastent avec ce point de vue, et permettent au débat de se développer plus sérieusement que sur des forums au titre racoleur «dix trucs pour atteindre l’orgasme à coup sûr». Les dernières imageries de l’appareil génital féminin en 2005 avec le premier IRM et en 2008 avec la première échographie complète du clitoris, nous montrent certes par leur caractère tardif, l’indifférence du monde scientifique à propos de l’orgasme féminin, mais sont des bases fondamentales pour les recherches futures.
Les interlocuteurs que nous avons pu rencontrer s’accordent sur le fait que le débat manque de contradiction et d’activité autant que les recherches manquent de financement, car en effet étudier l’orgasme féminin nécessite des techniques onéreuses comme la résonance magnétique par exemple, la plus souvent utilisée. En outre, il est évident que la symbolique du sujet, sa signification, ont instauré un certain blocage pour la science. Le fait que l’orgasme féminin soit souvent apparenté au plaisir conditionne à la fois des tabous mais aussi de la dérision de la part de la classe scientifique vis-à-vis du phénomène.
Ainsi, il faudrait préconiser des recherches croisées, permettant d’avancer dans l’explication de ce phénomène complexe, dont les frontières sont encore très floues, afin que de réelles conclusions scientifiques précèdent les mentalités humaines et dépassent les stéréotypes. La médecine sexuelle est trop peu développée. L’inégalité des traitements entre homme et femme est flagrante, et le Viagra ainsi les fréquentes campagnes de sensibilisation sur les troubles de l’érection, dont les équivalents n’existent pas chez la femme, en témoignent. Avancer dans la recherche donnerait une considération plus importante à la santé sexuelle féminine, et détacherait l’orgasme féminin de tous les clichés qui l’entoure. Il représente d’abord une réalité scientifique et on a souvent tendance à l’oublier.