Taux d'actualisation
I. Pour un taux d’actualisation fort et une préférence pour le présent.
L’évaluation contingente donne une valeur à des services environnementaux.
Cependant cette évaluation ne peut être juste que si elle tient compte du temps.
Pour cela on fait une actualisation, c'est-à-dire une opération mathématique
permettant de comparer les valeurs économiques du présent et du futur : on ramène
la valeur future d’un coût ou d’un avantage à la valeur actuelle : c’est la valeur
actuelle nette (VAN). On appelle taux d’actualisation le taux de substitution entre
le futur et le présent, qui est en fait le « prix du temps ».
t : date de la valeur future à actualiser
a : taux d’actualisation
V : valeur présente
Cette actualisation est utilisée dans tous les calculs de rentabilité pour aider à
la décision d’investissement. Ainsi l’évaluation contingente servant à évaluer la valeur
de services rendus par des écosystèmes dans le cadre d’une analyse coûts-bénéfices est
directement concernée par la controverse du taux d’actualisation. Cette controverse porte en
fait sur la valeur du taux d’actualisation.
Ainsi si je préfère avoir 100 € aujourd’hui, alors cette valeur dans un an à un taux
d’actualisation de 10% est de : 100/(1 + 0,1)1 = 90. Ainsi pour accepter d’attendre un an
avant de recevoir 100 €, on devra me donner 110€ : en effet c’est la valeur actualisée nette
de 100 € pour une année à un taux d’actualisation de 10%. On dit que le prix d’un an est de 10 €.
Regardons comment se comporte la VAN en modifiant les paramètres t et a :
Ainsi on remarque que plus les échéances sont éloignées, plus la VAN diminue et que plus
le taux d’actualisation est important, plus la VAN est faible.
Or selon la vision classique, les agents économiques ont une « préférence pure pour le
présent » (concept développé par Harrod en 1948 puis formalisation avec le « Taux social
de préférence pour le présent »). Cela signifie que leur taux d’actualisation est fort entre
5 et 10% : en effet pour compenser l’attente, le prix du temps est plus cher pour ceux qui
préfèrent le présent. De plus l’actualisation des valeurs environnementales se fait sur le très
long terme car l’impact de l’environnement se réalise sur plusieurs générations.
Ainsi on peut dire que le taux d’actualisation élevé « écrase » la VAN des services rendus
par les écosystèmes. Cela signifie que le futur a peu de valeur : on en déduit que les coûts
environnementaux ou les bénéfices d’une préservation de l’environnement ont peu d’impact sur le futur.
Les arbitrages politiques, dans le cadre d’une analyse coûts bénéfices se fondant sur une
évaluation des services rendus par un écosystème, ne se feront pas en faveur de l’environnement
mais de la rentabilité à court terme d’autres projets.