Taux d'actualisation
III. Pour un taux d’actualisation décroissant dans le temps et une valorisation croissante de l’actif naturel.
Une autre approche est développée à la fois par le commissariat général du Plan, d’après
un rapport dirigé par Daniel Lebègue en 2005, mais aussi par le Royaume uni depuis 2003.
Cette approche refuse à la fois la « dictature du présent », selon l’approche classique du
taux d’actualisation, que la « dictature du futur » prônée par certains courants écologistes.
Elle refuse donc d’avoir un taux d’actualisation nul, car l’équité intergénérationnelle ne
signifie pas le sacrifice de la génération présente pour la génération future, sachant qu’elle
sera plus riche du fait de la croissance économique (effet de richesse). Cette approche reconnaît
cependant la nécessité d’une équité intergénérationnelle, car les générations futures ne pourront
pas indéfiniment payer le coût de nos dégradations environnementales.
Ils prônent donc à la fois un taux d’actualisation décroissant dans le temps et une valorisation
croissante des actifs naturels.
1. Valorisation croissante des actifs naturels.
Selon la théorie de Hotelling (1931) sur l’exploitation des ressources naturelles non renouvelables,
reprise par Marcel Boiteux (1976) l’évolution des prix relatifs peut annihiler l’effet du taux
d’actualisation.
En effet les actifs naturels étant des biens irremplaçables et en quantité finie, leur valeur
relative ne peut que croître au fil du temps, malgré tout progrès technique. De plus, selon Krutilla,
la société accordant une plus grande préférence pour l’environnement, et donc une plus grande
disposition à payer pour celui-ci, les actifs environnementaux voient leur valeur relative croître
dans le temps.
Dès lors la diminution de la valeur des biens de l’environnement (et en particulier des écosystèmes)
sur le long terme du fait d’un fort taux d’actualisation peut être compensée par l’augmentation de
la valeur de ces actifs naturels par la prise en compte de l’évolution des prix relatifs.
2. Taux d’actualisation décroissant dans le temps.
D’autre part les limites de la planète et des biens environnementaux rendent incertains la croissance économique future et appelleraient même à un ralentissement mondial de la croissance économique. Dès lors cet argument plaide pour un taux d’actualisation décroissant selon Weitzman (1998-2001) et Gollier (2002-2004). Ces taux d’actualisation dépendraient de l’horizon auquel ils sont calculés : ils tiendraient compte à la fois de la préférence pure pour le présent pour un horizon proche, mais aussi de l’équité intergénérationnelle pour un horizon plus lointain.