LE SYSTEME ECONOMIQUE DE L'HVP
Définition:
La "filière courte" des HVP désigne un système économique dans lequel la production d'huile est entièrement maîtrisée par l'agriculteur. Dans cette filière, l'agriculteur est présent sur tout la chaine de production, de la plantation des graines, à la récolte, jusqu'au l'élaboration des produits finis: l'huile et le tourteau. Ce système lui permet donc de garder la valeur ajoutée générée la transformation des graines en produits finis. Les avantages d'une filière courte:
Dans une logique de développement et par son aspect local, la filière courte a de nombreux avantages écologique et environnemental. Dans la mesure où l'agriculteur maîtrise toute la chaine production et dans un contexte difficile pour de nombreux agriculteurs, notamment suite à la réforme de la PAC qui entrera en action en 2010, la filière courte permet de valoriser une production de produits finis qui permettent aux agriculteurs de créer des richesses supérieures par rapport à la vente de matières premières que sont les graines, dont le prix est défini par des cours définis par le marché international qui ne leur permet souvent pas de tirer des ressources suffisantes de leur activité. De plus, la filière courte permet de se rapprocher au plus près d'une situation de concurrence pure et parfaite décrite par les économistes libéraux. Seules la qualité et le prix influe sur l'offre et la demande, tant il est simple pour les agriculteurs de produire à moindre frais une huile de qualité. Des nombreux acteurs mettent en avant ces avantages et leurs bénéfices en terme de redynamisation du tissu rural. La filière courte semble pouvoir être un outil de préservation du tissu social de régions à l'abandon. Sur cette ligne, plusieurs tenants des HVP avance cet argument et l'oppose à la filière diester ou aux agrocarburants développés en circuit long, organisées sur le mode industriel et qui ne permettrait pas aux exploitants de conserver la plus-value de leur activité et qui opère une production à grande échelle, délocalisée. Il convient toutefois de voir que, dans les faits, ces derniers sont souvent intéressés aux résultats par une participation actionnariale, personnelle ou au nom de leurs coopératives. Les tourteaux sont les coproduits de l'huile. Ils sont le résultat du pressage des graines. Riche en protéines, ils sont largement utilisés pour l'alimentation des bétails ruminants. Il s'agit d'une intégration dans le circuit économique d'un "déchet", du résultat d'une production. Ils constituent une ressource non négligeable pour les exploitants, et notamment les éleveurs, qui, dans certains cas, lui prêtent une valeur plus grande que celle de l'huile. Ainsi, l'huile est, dans ce cas de figure, le sous produit du tourteau. Cela permet donc à l'agriculteur de développer ses provisions de carburants mais aussi de nourriture animale. Dans la production des HVP mais aussi du Diester, toutes les deux filières oléagineuses, les tourteaux sont un coproduit important à prendre en compte pour l'étude du système économique. Il permet de nuancer les critiques faites aux biocarburants de première génération concernant la concurrence entre agriculture nourricière et à vocation énergétique. Ainsi, d'une production énergétique résulte un coproduit alimentaire pour le bétail, nuançant ainsi une logique de concurrence totale entre les deux productions. La question de la qualité des huiles est un point capital dans la compréhension du système économique de la controverse. Un système en filière courte empêche la fixation et le contrôle de normes pour définir une qualité constante des huiles utilisées. Dans la mesure où, par définition, elle échappe à la normalisation et à la standardisation des processus industriels, certains acteurs mettent en avant l'impossibilité d'un contrôle strict en matière de qualité et de composantes des huiles, rendant difficile l'utilisation des huiles comme carburant. Ainsi, pour de nombreux acteurs les moteurs modernes (à injection électronique), sont d'un avancement technologique tel qu'ils ne supportent que d'infimes variations en terme de carburant. Dès lors, avec une huile de qualité non normalisée, ou moins normalisée que dans un système industriel, le risque de casse, de défaillance ou de problème technique est plus grand, expliquant ainsi la réticence de nombreux assureurs à accepter d'assurer les utilisateurs. Parallèlement, l'utilisation d'HVP nécessitant une modification du moteur, les questions de garanties sur les nouveaux modèles se posent dans la mesure où il n'existe aucune homologation ni aucune certification sur la modification à réaliser. Les kits de fonctionnement aux HVP étant interdits d'installation en France, sur des véhicules de particuliers, là encore, aucune norme de contrôle de qualité n'est mise en place. La question de la qualité et de la norme joue donc un rôle important, dans la mesure où l'automobile représente souvent un achat à vocation très durable pour de nombreux ménages, et est un domaine extrêmement sensible en terme d'attention technique et de préoccupations en terme de sécurité. Selon la majorité des acteurs de la controverse, les HVP tels qu'ils sont envisagés aujourd'hui ne sauraient un palliatif total aux énergies fossiles et à sa possible pénurie. En imaginant une large utilisation des HVP comme carburants, les problèmes liés aux agrocarburants de première génération réapparaissent. En effet, l'Europe ne dispose pas des terres suffisantes pour garantir à la fois son indépendance énergétique et alimentaire. Il peut dès lors exister une compétition entre agriculture nourricière et agriculture à vocation énergétique. Dans la mesure où une extension de l'utilisation des HVP pose de très nombreux problèmes, et qu'une généralisation à grande échelle de ce carburant est inenvisageable, les constructeurs ne voient pas de débouchés suffisants pour lancer de coûteux programmes R&D pour créer des moteurs totalement compatibles avec les HVP, dont plusieurs propriétés s'éloignent de celles du gazole. à l'inverse, il est intéressant de noter que plusieurs fabricants de tracteurs et de matériels agricoles se sont lancés dans des programmes de recherche et d'adaptation. En effet, disposant de débouchés extrêmement large au sein des agriculteurs, les HVP semblent être un carburant plébiscités par de nombreux exploitants. Les tractoristes se sont donc adaptés pour profiter au mieux de cette demande en offrant par exemple des moteurs à bicarburation ou à carburation aux HVP exclusivement. De nombreux utilisateurs d'HVP dénoncent le manque d'intérêts des constructeurs pour cette solution et leur collusion avec les pétroliers, soucieux de conserver leur monopole sur les carburants. Outre l'avantage en terme d'émission de particules polluantes et de rejet de gaz, les HVP sont un carburant moins cher que le gazole classique et dont le prix paraît moins fluctuant. Coûtant en moyenne, pour une qualité supérieure, 65 centimes le litre, l'HVP est extrêmement compétitif en terme par rapport à un gazole qui tourne autour de 1,10 euros. Ne faisant pas partie des carburants autorisés, l'HVP échappe à la fiscalité de l'Etat, en tous cas à la pompe, puisqu'en cas de contrôle par des autorités, un rectificatif de TIPP sera exigible sur la base du contenu du réservoir et du nombre d'utilisation. Quoiqu'il en soit, à l'achat les HVP ne sont pas taxés et bénéficie donc d'un avantage prix qui pourrait encourager plus d'utilisateurs à l'utiliser, notamment en cas de flambée des prix du brut, en fonction duquel est défini le prix du litre de gazole. Dès lors, en l'interdisant et donc en ne l'imposant pas à hauteur d'un carburant, il semble que l'Etat confère aux HVP un de ces atouts principaux: un avantage très appréciable en terme de prix. Un appel d'air est donc créé par le bannissement des HVP par l'Etat. Toutefois, selon plusieurs acteurs, en cas d'autorisation et de taxation, les HVP continueraient de faire recette en raison de leurs atouts environnementaux. De plus, leur taxation devrait être différente des carburants fossiles, qui à l'avenir, devrait se voir sanctionnés d'une taxe environnementale.

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