L‘évaluation des risques est une synthèse des informations techniques et scientifiques, y compris les incertitudes qui y sont liées. Cette synthèse doit répondre à des questions précises concernant les risques sanitaires. L’évaluation des risques par les agences sanitaires donne lieu à l’établissement de normes sanitaires telles que les doses journalières admissibles ; elle repose sur des données déjà fournies par d’autres organismes comme la Food and Drugs Administration (FDA) ou le Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives (JEFCA).
La dose journalière admissible désigne la valeur d’exposition de référence admissible pour les composés chimiques qui présentent des effets toxiques à partir d’un certain seuil lorsque l’exposition a lieu par voie orale ou cutanée. Elle représente donc la quantité d’une substance qu’un individu moyen peut théoriquement absorber quotidiennement sans risques pour la santé. Elle s’exprime en mg de substance par kg de masse corporelle.
Le concept de doses journalières admissible a été inventé par René Truhaut, toxicologue et spécialiste de la cancérologie, en 1956. Depuis la notion s’est enrichie et aujourd’hui, dans les évaluations de DJA, sont aussi prises en compte les probabilités des risques et les niveaux d’exposition. Les DJA sont obtenues après des études à long terme chez les animaux au cours desquelles on détermine une dose pour laquelle aucun effet indésirable n’est généré, la NOAEL ( No adverse effect level). A cette valeur on ajoute des facteurs de sécurité qui correspondent aux variabilités entre espèces vivantes et à la qualité des études menées. En général le facteur est de 100, mais selon les organismes réalisant les études, d’autres facteurs peuvent être appliqués, selon qu’ils prennnent en compte d’autres paramètres comme une possible hypersensibilité des individus ou encore qu’ils considèrent que la gravité des effets l’exige. La DJA fournit ainsi une marge de sécurité large. Ce n'est pas un seuil toxicologique vrai : il s'agit d'une recommandation basée sur une dose quotidienne consommable en moyenne sur une longue période. Une exposition exceptionnelle légèrement supérieure à la DJA n’engendrera pas d’effets secondaires spectaculaires.
Les DJA reposent sur la théorie des seuils, qui aujourd’hui est remise en question au sein même du monde scientifique concernant certains produits. Cette méthodologie d’évaluation fondée sur des données expérimentales s’est avérée efficace pour protéger la santé du consommateur en particulier lorsqu’elle est appliquée aux substances chimiques produites et consommées en quantités élevées. Cependant, elle reste relativement inadaptée pour répondre aux interrogations des consommateurs et des organismes de gestion concernant les substances présentes en plus faible quantité dans notre environnement. Ces derniers demandent donc d’évaluer ou de réévaluer la toxicité potentielle des substances de plus en plus nombreuses auxquelles ils sont susceptibles d’être exposés par l’alimentation ou leur environnement.
En parallèle, de nouvelles théories émergent comme celle des effets à faibles doses. Les scientifiques qui rejettent la théorie de la DJA considère que l’idée de “la dose qui fait le poison” est insuffisante car ne prenant pas en compte la durée et la fréquence d’exposition. En effet, parmi les agents présentant un risque pour la santé, tous n’agissent pas de la même manière. Les perturbateurs endocriniens sont des analogues d’hormones, et ils ont des effets lorsqu’ils sont absorbés de manière chronique, même si la dose est très faible, c’est le principe de la pillule contraceptive. Le système hormonal du corps humain est un système organisé de manière excessivement précise; il régule parmi d’autres la reproduction ou le développement ; des ajouts d’hormones peuvent donc le bouleverser et avoir de relativement certaines conséquences sur notre santé. La théorie des faibles doses peut donc se tenir, mais reste à approfondir car ne fait pas l’unanimité dans les milieux scientifiques. Frederick vom Saal professeur de biologie aux Etats Unis s’attache à prouver, depuis les années 1995 que le BPA, analogue des oestrogènes a des effets à faibles doses sur les organismes biologiques et l’homme.