FAUT-IL INTERDIRE LE BISPHÉNOL A?

Comment réagissent les autorités politiques et les industries à l’étranger face à la controverse du BPA ?

ici il pourrait y avoir une image?

Canada

Le Canada a été le premier pays à montrer de fortes inquiétudes vis-à-vis du BPA et à prendre des mesures. Le 18 avril 2008, dans le cadre de son plan de gestion des produits chimiques lancé en 2006, le gouvernement canadien a publié une évaluation des risques liés au BPA et a lancé une consultation publique pour déterminer si des mesures devaient être prises pour protéger la santé des consommateurs et l'environnement. Même si l’évaluation conclut qu’il n’y a pas de risque pour la santé compte tenu du faible niveau d’exposition des Canadiens au BPA, en raison de l’incertitude sur les éventuels effets des faibles doses, le gouvernement a décidé de réduire l’exposition des nouveau-nés et nourrissons de moins de 18 mois et donnait des conseils pratiques pour les familles. Contrairement a ce qui est souvent écrit, le Canada n’a pas interdit le BPA en avril 2008 : l’interdiction était déjà annoncée en octobre 2008 mais n’était pas formelle. C’est seulement le 11 mars 2010 que l'importation, la vente et la publicité des biberons de polycarbonate qui contiennent du bisphénol A ont été interdits au Canada.

Danemark

À partir du 1er juillet 2010, le Danemark a décidé d’interdire le BPA dans tous les produits en contact avec les aliments destinés aux enfants de moins de trois ans. Cette interdiction temporaire qui s’appuie sur le principe de précaution sera valable tant que les incertitudes subsisteront sur l’effet de faibles quantités de BPA sur le système nerveux et les capacités d’apprentissage de rats nouveau-nés.

Etats-Unis

Alors que c’est aux Etats-Unis qu’à véritablement commencé la controverse du BPA avec les études de Frederick vom Saal en 1997-1998, le pays a du mal à s’accorder sur une vision unie par rapport à la question du BPA. Du côté des industriels, certains ont changé volontairement de position : le producteur de substances chimiques Sunoco dit qu’il ne peut pas être sûr de l’innocuité du BPA et refuse de vendre cette molécule aux entreprises qui veulent l’utiliser dans des contenants alimentaires pour les enfants de moins de 3 enfants ; en mars 2009, les six plus grandes compagnies américaines fabriquant des biberons ont décidé d’arrêter d’utiliser du BPA dans leurs produits. Certains Etats ont même décidés d’interdire le BPA, de manière plus ou moins stricte -Minnesota (produits pour enfants), Chicago, Connecticut (tout contenant alimentaire réutilisable)...-, tandis que d’autres ont refusé d’inscrire cette substance sur leur liste de produits chimiques causant des troubles reproductifs par manque de preuve scientifique d’effet du BPA sur les humains –Californie. Au niveau national, ce sont surtout le National Toxicology Program (NTP) qui produit des études et la FDA qui évalue les risques qui ont le plus de poids. La FDA a été accusée de conflits d’intérêts : le Washington Post lui reproche en mai 2009 Food and Drug Administration (FDA) de soutenir l’innocuité du BPA en ne retenant que deux études, financées par l’industrie chimique. Mais la position de la FDA évolue, en particulier dans son rapport du 15 janvier 2010, où elle exprime une inquiétude relative (niveau 3 sur une échelle de 1 à 5) vis-à-vis des effets du BPA sur le cerveau, le comportement et la glande prostatique des foetus, bébés et enfants. Les mesures qu’elle prend vont dans le sens d’une aide au remplacement du BPA dans les revêtements alimentaires mais elle préfère recommander de ne pas changer les habitudes alimentaires des bébés et surtout de continuer les recherches sur la toxicité éventuelle des faibles doses de BPA.

Japon

Au Japon, ce sont surtout les industries qui ont réagi aux inquiétudes des consommateurs en réduisant de façon spectaculaire leur utilisation de BPA entre 1998 et 2003. Dans les canettes en particulier les résines époxy ont été surtout remplacées par du polyéthylène téréphtalate (PET), si bien qu’aujourd’hui quasiment aucun BPA n’est détecté dans les aliments et boissons en conserve. Les concentrations en BPA dans le sang des Japonais a baissé significativement et n’est plus corrélée à leur consommation de produits en conserve.

Nouvelle-Zélande et Australie

L'agence gouvernementale commune Food Standards Australia New Zealand a évalué que le niveau d’exposition au BPA était très bas et ne posait de risque de santé pour aucun groupe d’âge. A partir de juillet 2010 le gouvernement australien a néanmoins annoncé que quelques grands détaillants de biberons commençaient volontairement à supprimer de façon graduelle ceux contenant du BPA pour répondre à la demande des consommateurs et non pour des raisons de sécurité du produit.