Nosema :
Outre la varroase, une autre maladie parasitaire,
la nosémose, a été mise en avant dans plusieurs études de l'AFSSA comme un des
facteurs explicatifs de la surmortalité des abeilles. La nosémose est une maladie parasitaire, connue
depuis longtemps, provoquée par l’agent Nosema, un protozoaire qui s’attaque au
tube digestif de l’abeille, et qui peut se multiplier très rapidement. Il peut
aussi bien toucher les ouvrières que les reines ou les faux-bourdons. Deux
espèces de Nosema ont été retrouvées : Nosema apis et Nosema ceranae.
Nosema pénètre dans le tube digestif des abeilles, et détruit les cellules
épithéliales de l’intestin, entraînant des troubles digestifs pouvant entraîner
la mort. C’est une maladie qui peut exister sous forme aigüe, c’est-à-dire se
manifester, ou rester non apparente, même si des abeilles sont touchées. Ce
parasite se transmet très facilement entre les abeilles grâce à sa forme de
résistance qui se matérialise sous la forme d’une spore, qui peut être échangée
lors des échanges alimentaires au sein de la colonie, ou encore lors du
nettoyage effectué par les abeilles. Au cours d’une année, le seuil
d’infestation par Nosema présente une courbe de développement caractéristique,
avec un seuil d’infectation croissant entre l’hiver et le printemps, puis une
diminution en été, comme les résultats de l’étude multifactorielle prospective
de l’AFSSA le
montrent. C’est ainsi l’hiver qui est la saison la plus propice pour la
surmortalité due à la nosémose. C’est ce qui a été mis en évidence dans les
enquêtes de l’AFSSA Sophia Antipolis
par rapport à des surmortalités hivernales dans des colonies en 1999-2000,
2005-2006, 2006-2007. Nosema peut aussi servir de point d’entrée pour
d’autres maladies, tout comme l'est Varroa, affaiblissant les abeilles qui sont
alors enclines à être touchées par d’autres maladies. Cette possibilité est
aussi bien mise en avant par les firmes,
que par certains apiculteurs,
et aussi par les experts de l'AFSSA.
Mais l'impact de Nosema dans la surmortalité ne semble pas être une donnée
qui fait consensus. Marc-Edouard Colin, chercheur de l’INRA à Montpellier a mis en avant à
la Huitième
Université d’automne de l’UNAF à Castres en 2007 qu’une étude du
laboratoire de pathovigilance sur 7 ruchers dans l’Aude et la Lozère avait montré que sur
l’ensemble des colonies suivies, 17 % des colonies étaient touchées par Nosema
apis, 77 % par Nosema ceranae, et 12 % étaient infectées par les deux parasites
à la fois, mais que toutes ces colonies infectées étaient saines. Cet argument
est utilisé comme preuve par plusieurs acteurs que même si Nosema est présent
dans des colonies où on observe une surmortalité, cela ne prouve pas que le
parasite en est la cause. Cependant, une étude espagnole a montré lors
d’expérimentation un grand taux de mortalité d’abeilles adultes lorsqu’elles
sont infectées par Nosema ceranae par rapport à un contrôle non infesté (Higes et al. 2007), entretenant la
confusion.
Le
même problème que pour le traitement de la varroase apparaît avec la
nosémose : selon la réglementation actuelle, il n’y a pas de produit pour lutter contre cette
maladie, entraînant donc des risques de mauvaises pratiques
apicoles qui peuvent se révéler dangereuses pour les abeilles dans le
traitement de cette maladie.
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