LE ROLE DES PESTICIDES DANS LA SURMORTALITE DES ABEILLES

 
   
  LA PLACE ET LE ROLE DES PESTICIDES DANS LA SURMORTALITE
 
 

Climat & Alimentation :

Les firmes, de nombreux scientifiques et certains apiculteurs, mettent en avant le rôle important que pourrait jouer l’alimentation des abeilles et l’influence du climat dans la surmortalité des abeilles.

      Le principal problème correspond au fait que ces vingt dernières années, le paysage agraire français a beaucoup changé, engendrant un appauvrissement des sources d’alimentation des abeilles. Les haies protégeant les parcelles et les prairies ont par exemple disparu, alors qu’elles étaient la principale source en pollen des colonies d’abeilles. D’autres facteurs sont à l’origine de l’appauvrissement de la flore et des ressources trophiques de l’abeille : destruction des couverts végétaux avant la floraison, débroussaillage, destruction chimique systématique des mauvaises herbes en bordure de route, installation de monocultures « propres » (sans plantes adventices), qui n’offrent pas la diversité pollinique nécessaire à l’abeille, provoquant sous-alimentation et carences. Combinées à la lutte contre les mauvaises herbes et l’élimination des haies, elles limitent les ressources alimentaires disponibles pour les abeilles en-dehors des périodes de floraison des grandes cultures : le milieu aujourd’hui n’offre donc pas toujours les ressources nécessaires aux abeilles. Dans de nombreuses régions, les seules fleurs disponibles sont les fleurs de maïs et de tournesol, alors qu’elles fournissent des pollens peu nutritifs. La qualité des pollens disponibles est pourtant très importante : elle peut ainsi varier largement d’un pollen à l’autre, le taux de protéine pouvant se situer entre 2 et plus de 60 %. Mais aussi, comme l’ont démontré Wahl et Ulm en 1993, les carences alimentaires augmentent la sensibilité des abeilles aux herbicides et insecticides. En l’absence de ressources polliniques variées, les larves doivent donc se contenter d’une alimentation pauvre, et vont produire des ouvrières plus faibles, plus petites, plus sensibles aux attaques de pathogènes. Les abeilles ayant une alimentation peu riche sont donc plus faibles, et plus enclines à être touchées par d'autres facteurs qui pourront contribuer à la surmortalité.

 L’alimentation n’est pas seulement un problème dû à l’environnement, mais aussi au climat. Ainsi, l’hiver est un moment problématique pour l’alimentation des abeilles. Pendant la période de préparation de l’hivernage, la situation est particulièrement critique, car les abeilles qui naissent entre août et septembre doivent être suffisamment fortes pour passer l’hiver. D’autres contraintes climatiques ont une influence forte sur les abeilles. Ainsi, Jean-Noël Tasei met en avant que les désordres climatiques qui surviennent à l’automne, au moment où les abeilles n’ont pas la possibilité de faire des réserves et quand l’apiculteur n’a pas pu ou voulu donner une alimentation supplémentaire pour permettre aux abeilles de passer l’hiver, celui-ci peut être très difficile et entraîner la disparition des colonies une fois le printemps venu. Des facteurs climatiques extrêmes, un très grand froid, une canicule ou une période de forte humidité, peuvent avoir des effets particulièrement désastreux sur les abeilles, notamment en les rendant incapables de rechercher leur nourriture.

      Il a été proposé de répondre à ce problème de carence alimentaire en mettant en place des jachères fleuries à intérêt apicole, permettant de mettre à la disposition des abeilles des plantes reconnues pour leur intérêt pour les abeilles. Cette initiative est particulièrement soutenue par les firmes, et on peut prendre l’exemple de BASF agro qui a mis en place l’expérience « Jachères à intérêt apicole ». L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) refuse cette possibilité, avançant que les colonies d’abeilles prélèvent leur nourriture dans un rayon large, rendant l’existence de quelques hectares de jachères apicoles « purement symbolique », et dénonçant une opération soutenue par les firmes qui « tentent ainsi d’affranchir leurs produits de toute responsabilité dans les surmortalités d’abeilles observées par les apiculteurs » (conférence de presse de l’UNAF à Paris le 13 février 2007).

Interview de Jean Borneck dans laquelle le Président du Syndicat  des Apiculteurs du Jura rappelle l'importance de l'almentation des abeilles.

 
 
« Si les abeilles venaient à disparaître, l'humanité n'aurait plus que quatre années devant elle. »
Albert Einstein