LE ROLE DES PESTICIDES DANS LA SURMORTALITE DES ABEILLES

 
   
  LA PLACE ET LE ROLE DES PESTICIDES DANS LA SURMORTALITE
 
 

   Mauvaises pratiques apicoles :

 

  Les mauvaises pratiques apicoles sont une donnée centrale dans l'explication de la surmortalité des abeilles pour plusieurs acteurs, mais plus particulièrement les firmes et certains scientifiques. C'est une donnée notamment mise en avant par des études scientifiques et des expertises qui montrent l'augmentation des risques d'affaiblissement des colonies à cause d'autres facteurs, tels que le mauvais traitement de parasitoses, ou une mauvaise alimentation des abeilles en hiver, qui ont pu agir à cause de mauvaises pratiques apicoles. C’est ainsi ce qu'affirme Jean Fedon : pour cet apiculteur, il y a une anomalie entre les apiculteurs touchés par la surmortalité et ceux qui ne le sont pas. Sur une même zone, certaines exploitations sont régulièrement touchées (30 à 50 % de pertes), alors que les exploitations adjacentes ne le sont que dans des proportions normales (3 à 8 % de pertes). Il met ainsi en avant le fait que cette anomalie est due à des pratiques apicoles différentes, aussi bien dans le processus de mise en hivernage, que du traitement du Varroa, ou encore au niveau du changement des reines.

      Le 13 février 2003, Jean-Noël Tasei réalise un compte rendu de la réunion de présentation d'un audit de l'Apiculture dans la région Poitou-Charentes réalisé en 2002 devant la chambre d'Agriculture des Deux-Sèvres. Le profil des apiculteurs de la région met en avant un problème que l’on peut rapporter au niveau national. En effet, « le secteur apicole de la région vit grâce à une population âgée qui n’a ni le niveau technique ni les stratégies commerciales adéquates pour répondre à la baisse des rendements et aux pertes de cheptel ». Au niveau national, 80 % des apiculteurs français sont des amateurs. Ce compte-rendu montre bien que les apiculteurs sont généralement peu formés, rendant difficile pour eux de faire face de façon appropriée aux différents problèmes rencontrés par les abeilles, et augmentant par là le risque de mauvaises pratiques apicoles.

      Le traitement des maladies, des parasites, même des prédateurs sont un enjeu majeur des pratiques apicoles. Le traitement du Varroa semble être particulièrement important et délicat. Ainsi, dès le début de l’infection, la molécule permettant de traiter l’infection était très onéreuse : certains apiculteurs, remarquant que la molécule était la même dans certains produits agricoles beaucoup moins chers, se sont mis à le fabriquer, car personne n’avait cherché de nouvelle molécule permettant de dépasser la résistance. Une étude de l’AFSSA réalisée au cours de l’hiver 2005-2006 (« Mortalités de colonies d’abeilles (Apis Mellifera) au cours de l’hiver 2005-2006 en France : enquête sur le plateau de Valensole et enquête sur 18 ruchers de différents départements »), a mis en évidence l’importance de Varroa dans des surmortalités d’abeilles, a aussi montré l’importance du mauvais traitement de cette maladie dans l’apparition de la surmortalité, particulièrement l’absence de traitement préventif. Ce mauvais traitement peut aussi affaiblir les colonies plus vulnérables, et les exposer aux virus qui existent à l’état endémique dans les colonies. Finalement, le problème des mauvaises pratiques apicoles nous ramène une nouvelle fois à la multifactorialité mise en avant par certains acteurs dans la raison de la surmortalité des abeilles.

 
 
« Si les abeilles venaient à disparaître, l'humanité n'aurait plus que quatre années devant elle. »
Albert Einstein