Un des éléments les
plus importants mis en avant pour expliquer la surmortalité des abeilles est la
maladie varroase, qui correspond à une infection par un parasite, Varroa destructor, un
acarien importé d'Asie il y a environ vingt ans, et découvert en France en
1982. Cette maladie fait partie des problèmes les plus graves auxquels
l’abeille doit faire face et est considéré comme le problème pathologique
majeur pour les abeilles au niveau mondial. De nombreuses études de l'AFSSA
ont ainsi mis en avant l'importance de la varroase et de sa mauvaise prise en
charge par les apiculteurs dans les colonies d'abeilles touchées par une
surmortalité avérée. Le Varroa provoque un affaiblissement du système
immunitaire de l’abeille en s’accrochant à elle et en prélevant son hémolymphe.
Ce prélèvement peut aussi impliquer l'injection de virus à l'abeille, la
rendant encore plus vulnérable, ce qui souligne l'importance de la
multifactorialité. Le parasite peut facilement se déplacer et attaquer de
nouvelles abeilles : il lui est facile de se déplacer dans la ruche et d'être
transporté d'une colonie à l'autre car il se déplace avec l'abeille.
L’hypothèse du Varroa, et des
maladies parasitaires, est particulièrement mise en avant aussi bien par les
firmes que par plusieurs études scientifiques, qui en font un
des facteurs principaux de la surmortalité des abeilles. Une étude, réalisée
par l’AFSSA
au cours de l’hiver 2005-2006 à la suite de l’observation de surmortalité
d’abeilles (« Mortalités de colonies d’abeilles (Apis Mellifera) au cours
de l’hiver 2005-2006 en France : enquête sur le plateau de Valensole et
enquête sur 18 ruchers de différents départements ») a montré la
prépondérance de Varroa dans ces surmortalités, indiquant que l’impact de la
varroase est sous-estimée par beaucoup d’apiculteurs qui attribuent souvent la
mortalité hivernale à une cause toxique, souvent l’imidaclopride et le Fipronil. Mais
si les apiculteurs
(dont une grande partie accuse les pesticides) ne rejettent pas l’existence de
la varroase, et de son implication dans la mort de certaines colonies, pour
eux, la surmortalité n’est pas à relier avec cette maladie. Ainsi, selon
l’audit de la filière miel 2005, les infestations massives de Varroa
n’existeraient plus au même niveau que par le passé, car les abeilles se
seraient organisées contre Varroa, et en conséquence, ce problème n’est plus
considéré par certains apiculteurs comme le problème majeur de la
filière.
Il a été souligné qu’en 1996-1997, au moment où des apiculteurs vendéens
subissaient des pertes importantes, était signalée dans cette même région
l’apparition de résistances de Varroa destructor au fluvalinate, seul
produit de traitement du Varroa qui était jusqu’alors efficace (Trouillet,
1998). Mais la concomitance entre ces troubles et l’apparition de résistances
ne signifie pas forcément qu’il faut y voir un lien de cause à effet, il semble
regrettable cependant de ne pas avoir étudié les deux pistes en parallèle. Ainsi,
un des problèmes majeurs de la varroase est que cette maladie ne peut pas être
traitée par des produits qui seraient réellement efficaces contre le parasite,
à cause de cette résistance développée par Varroa vis-à-vis des produits utilisés
auparavant. C'est pour cela que certains apiculteurs ont été amenés
à utiliser des produits chimiques non homologués pour ce rôle, mettant dans
certains cas les ruches en danger.
De nombreuses enquêtes
réalisées en France et à l’étranger démontrent aussi que sous-estimer Varroa
contribue à baisser sa garde et se traduit par de graves problèmes.
Ainsi, une enquête sur questionnaire réalisée en 2003 en France a révélé une
fréquence d’apparition de problèmes qualifiés de graves par l’apiculteur
dans 83 % des ruchers (45/54) ou dans 64 % des ruchers (57/89) alors que des
produits de traitements respectivement non efficaces ou efficaces avaient été
utilisés contre Varroa (Faucon et al., 2003).
Un des problèmes majeurs mis en avant correspond donc au fait que
l’impact de la varroase est sous-estimé et s’est même probablement accru du
fait du désintérêt des apiculteurs pour la pathologie classique et sa
prévention, problème souligné dans l’enquête prospective multifactorielle de l’AFSSA
publiée en 2008.
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