Les controverses autour de l’implant cochléaire sont multiples et
souvent passionnées. Pour en savoir plus sur la question, nous vous
conseillons d'aller visiter ce site qui cartographie la controverse. En
ce qui nous concerne, la question du dépistage de la surdité est
parfois reliée à celle de l’implantation cochléaire par certains
acteurs de la controverse selon qui le dépistage précoce mènerait quasi
automatiquement à l’implantation, ce que contestent vivement d’autres
acteurs.
Parmi les opposants à la
systématisation du dépistage néonatal de la surdité, certains
soutiennent que ce dépistage précoce pousserait les parents à implanter
leurs enfants.
C’est le cas de l’association
UNAPEDA qui regroupe des parents d’enfants sourds. Elle souligne la
proximité qui existe entre les centres d’implantation et les centres de
dépistage : « Les centres expérimentaux de diagnostic précoce sont
souvent très proches des centres d’implantation, ce qui mécaniquement
risque d’induire un effet pervers puisque la détection de la surdité si
elle est confirmée a tendance à trouver comme solution à privilégier :
l’implantation. Nous nous inquiétons quant aux conséquences d’une
information incomplète donnée aux parents. ».
La position du
Dr
Dagron va également dans ce sens car il pense qu'on ne laisse pas
suffisamment le choix aux parents : on ne les informe pas de toutes les
solutions possibles et les ORL les orientent trop facilement vers
l'implantation. Idéalement, il faudrait, selon lui, que soient mis en
place des centres indépendants construits sur le modèle des Maisons
Vertes de Françoise Dolto où les parents recevraient toutes les
informations possibles par des pédopsychiatres, des ORL, etc.
D’autres acteurs de la controverse se disent
conscients de l’existence du risque que le dépistage précoce puisse
mener les parents à choisir l’implantation cochléaire sans connaître
toutes les possibilités qui s’offrent à eux. Plutôt que d’en faire un
argument pour s’opposer à la systématisation du dépistage néonatal, ils
préfèrent l’utiliser pour promouvoir l’apport d’information aux parents
à la maternité.
Ainsi, Sophie Vouzelaud n’a accepté de
parrainer le programme de dépistage de la surdité à la Clinique des
Emailleurs qu’à condition qu’une plaquette d’information (cf image
scannée) soit distribuée à tous les parents dont le bébé n’a pas réussi
le test de dépistage. Cette plaquette les oriente vers le centre
régional d’information sur la surdité, organisme neutre et indépendant,
dans lequel ils pourront trouver toute l’information nécessaire pour
décider de la prise en charge de leur enfant. La jeune sourde tient
beaucoup à la distribution de cette plaquette, car elle veut éviter à
tous prix que les parents à qui l’on vient d’annoncer que leur enfant
est malentendant soient directement dirigé vers des ORL qui les
inciteront à choisir l’implantation cochléaire.
Cette volonté de l’information des parents
est également partagée par le
CCNE, l’
INSERM et les associations
ACFOS,
ALPC et Cochlée. L’ACFOS propose par exemple de « s’assurer que
l’information est pluraliste dans les centres de diagnostic » et de «
permettre aux équipes des Centres d’Information sur la Surdité, dont la
mission est d’informer dans la plus grande neutralité, de participer à
l’information des parents au moment du diagnostic ».
Les professionnels concernés par le dépistage assurent, pour la
plupart, que toute l’information est effectivement donnée aux parents
dans les hôpitaux qui expérimentent déjà le dépistage néonatal
systématique de la surdité, et nient l’existence d’une quelconque
pression pour les pousser à choisir l’option de l’implantation.
De fait, le Conseil National de l’ORL affirme
que « La communauté ORL est très attentive à la qualité de la prise en
charge de l’enfant déficient auditif dans toutes ses dimensions, en
proposant une information diversifiée, un environnement et un
accompagnement multidisciplinaires aux parents dans l’intérêt de leur
enfant, en collaboration avec la communauté sourde. ».
Pour le
Dr Pascal Schmidt, « l’argument selon
lequel le dépistage précoce dirige les enfants et les parents vers
l’implantation est complètement idiot », car seulement 3 enfants sourds
sur 10 en moyenne sont candidats à l’implantation : seuls les sourds
profonds sont susceptibles d’être implantés et ce sont toujours les
parents qui ont le dernier mot.