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Rencontre avec Bruno Lafitte

M. Lafitte est ingénieur à l'ADEME. Spécialisé dans les questions liées à l'éclairage, il intervient régulièrement dans les médias pour défendre l'usage des LBC.  Il se positionne comme un représentant d’un service public, l'ADEME étant sous la tutelle du ministère de l'Ecologie, qui propose des réglementations sur les sujets environnementaux. Ce statut de service public, selon ses mots, impose de ne pas prendre parti et d’avoir un regard neutre et non-polémique sur la controverse. « Je suis du service public, je ne suis ni du côté des fabricants […] ni du côté des associations de consommateurs […] »

Retrouvez ici en intégralité et en version PDF l'interview avec Bruno Lafitte. 

Voic un résumé de l’entretien

• Face à la polémique sur les dangers supposés des LBC, Bruno Lafitte soutient qu'il n'existe aucun risque de santé publique assez substantiel pour remettre en cause la diffusion des lampes. 

L'ADEME a lancé une série de mesures sur les champs électromagnétiques émis par les lampes fluocompactes. M. Lafitte participe à l’élaboration des avis de l’agence qui ont fait suite à la polémique déclenchée par le Criirem sur l’absence d’expérimentations claires sur la nocivité des lampes fluocompactes en situation d’exposition proche prolongée. Ainsi, « l’ADEME a décidé d’y réagir parce que nous d’abord s’il y a réel danger, on le crie haut et fort et on retire toutes les lampes du marché, mais s’il n’y a pas de danger, ça serait bête de laisser une polémique retarder la pénétration du marché des lampes basses consommation et l’économie d’énergie qui va avec. »

L’ADEME n’étant pas composée de scientifiques, l’ADEME a regroupé des acteurs qui ont pu apporter une expertise : L’Association Française de l’Eclairage très liée aux professionnels de l’éclairage, le Criirem qui avance des chiffres, et l’Afsset, chargée d’établir un protocole de mesure. Le problème est que les scientifiques ne sont pas sûrs de bien mesurer la lampe, la conclusion étant que « tout le monde s’est entendu pour dire qu’on ne pouvait pas mesurer les champs électromagnétiques émis par les ballasts de ces lampes à moins de 30 cm ».

Quant à rayonnement UV, Bruno Lafitte prend le résultat d’études qui concluent que dans un cas d’exposition extrême, des séquelles peuvent survenir mais qu’il n’y avait pas de risque majeur.

• A tous les niveaux, une économie d’énergie se crée

Enjeu Mercure… sous un angle énergétique. Bruno Lafitte partant du principe que du mercure est produit pour produire de l’électricité, il y a en réalité une diminution importante d’utilisation du mercure entre un modèle basé sur les lampes à incandescence, très gourmandes en énergie (75 W en moyenne), face aux fluocompactes, en moyenne à 15 W et contenant entre 0,1 et 0,5 mg de mercure, pour une durée d’utilisation 10 fois supérieure aux lampes fluocompactes.

Analyse de cycle de vie : Terme central dans l’explication de M. Lafitte, il sert à évaluer la consommation énergétique d’un produit sur un marché déterminé, de sa fabrication à son recyclage, « en incluant le mix énergétique du pays concerné ». Il se base sur l’analyse du DEFRA (cliquez ici pour consulter la version PDF de ce rapport), qui a pris en compte beaucoup d’externalités énergétiques. L’entretien s’est concentré sur les résultats, à savoir 73% de réduction des gaz à effet de serre, entre autres, mais il a permis de savoir que l’ADEME travaillait en concertation avec EDF sur les prises de mesure.

L’utilisation possible des lampes à incandescence comme chauffage est un aspect particulier du bilan énergétique qui a été approfondi avec un calcul avancé par M. Lafitte. Celui-ci conclut à une économie d’énergie toujours forte, car les lampes à incandescence sont néanmoins relativement peu efficaces à chauffer l’intérieur d’une maison, et consomment proportionnellement plus d’électricité que n’importe quel système de chauffage classique.

• Les lampes « basse consommation » d’aujourd’hui ne seront pas forcément celles de demain, mais sont pour le moment la voie à suivre, dans l’attente d’améliorations futures.

Alors, quel avenir pour les lampes basse consommation ? Les lampes fluorescentes compactes vont encore dominer le marché pendant 5 à 10 ans et ne sont donc pas vraiment des lampes de transition selon M. Lafitte. En effet, la technologie led se sera perfectionnée d’ici-là mais les usages sont encore très limités aujourd’hui pour ce type de lampe et ne peuvent pas être généralisés à tous les usages actuels. Au final, « ça se substituera dans un certain temps et il y a encore un bon moment de marché des lampes fluo-compactes ».

Au sujet de l’utilisation du terme « basse consommation », un effet pervers de cette dénomination est signalé par M. Lafitte. Ainsi, l’halogène est peu recommandé car très énergivore finalement, et il est regrettable que certains produits soient labellisés « basse consommation » car en plus d’être un terme vague, il est trompeur pour certaines lampes halogènes, qui consomment quatre fois plus qu’une lampe fluo-compacte standard. Utiliser le terme « basse consommation » n’est donc pas encouragé par l’ADEME.

Tout au long de l’entretien, pour la plupart des données chiffrées, un certain nombre d’explications sur la manière dont on parvient aux calculs nous a fait défaut, mais avoir le discours de l’ADEME sur ce sujet-là était essentiel, pour mieux comprendre le passage des diverses études scientifiques à une réglementation officielle .

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