Traitement des obtenus

Traitement des votes protestataires

L’une des questions fondamentales qui se posent lors du traitement des résultats obtenus par l’enquête est celle de la prise en compte des votes protestataires, c'est-à-dire des votes qui donnent des CAP individuels plus faibles, ou plus élevés, que le CAP véritable des individus. Les votes protestataires « parasitent » la recherche de la valeur d’un bien à travers l’évaluation contingente. La plupart des études contingentes excluent ces votes protestataires (Bateman et Turner), en estimant qu’un CAP nul, ou trop élevé, est contradictoire avec l’hypothèse de rationalité du consommateur. Pourtant, il s’avère que certain CAP nuls sont « authentiques », c'est-à-dire qu’ils reflètent une réelle indifférence à la variation de quantité du bien considéré. C’est pourquoi l’exhibition de ces votes au moment de l’agrégation des résultats est importante. D’un côté par exemple, si l’on ne prend pas en compte les votes protestataires donnant un CAP nul, alors la valeur économique du bien considéré sera sous-estimée (car certains individus auront sous-estimé leur CAP individuel). Mais parallèlement, si l’on assimile des CAP nuls authentiques à des votes protestataires et qu’on les censure, alors la valeur économique sera surestimée.

Le moyen le plus largement diffusé permettant d’exhiber un vote contestataire est d’introduire au sein du questionnaire de questions de vérification (telles que : « le gouvernement devrait protéger les plantes et les animaux en utilisant les impôts déjà payés », réponse oui/non), supposées révéler les comportements contestataires.

A ce propos, la littérature abonde d’exemples permettant de comparer les tests de vérification. Très vite, certaines constantes apparaissent (par exemple, la motivation d’un refus de payer pour contrainte de revenu ; motivation que les auteurs n’estiment pas protestataire), mais aussi des différences subtiles, révélant des approches différentes selon les auteurs de ce qui constitue une motivation protestataire. Par exemple, le refus catégorique de mettre le moindre dollar pour la protection de la faune et de la flore est considéré par Jakobsson et Dragun comme une réponse marquant un comportement protestataire, alors que chez Strazzera et al., la question n’est pas posée. De manière globale, les considérations d’éthique, d’équité, de justice, ne sont pas évalués (en termes de preuve d’un comportement protestataire) de manière égale entre les auteurs.

En 2000, Jorgensen et Syme font une avancée importante, en montrant que les votes protestataires sont motivés par une attitude envers l’acte de payer lui-même, et donc non susceptible d’être résolus par des modifications méthodologiques, et que ces attitudes protestataires étaient interdépendantes. En conséquence, toute ambition de censurer certains CAP (par exemple, les CAP nuls) est injustifiée. En effet, puisque tous les individus sont soumis à des motivations protestataires, l’on censurerait alors qu’une catégorie de votes protestataires, et par conséquence, nous introduirions une inégalité de traitement entre les CAP.

En 2005, Meyerhoff et Liebe apportent encore du crédit à l’idée que la censure des votes protestataires égaux à zéro est injustifiée. En effet, étudiant les motivations protestataires des individus selon leurs caractéristiques, ils montrent que même les individus consentant à payer sont soumis à des motivations protestataires. Ainsi, bien que ces votes protestataires aient une influence globale négative sur le CAP agrégé, il est injustifié (en l’attente d’une méthode globale pour corriger les effets de protestation) de ne censurer que les votes égaux à zéro.