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En 1988, le professeur Eliane Gluckman de l’Hôpital Saint Louis, à Paris, effectue la première greffe de cellules de sang de cordon. Cette greffe est alors utilisée pour un enfant américain atteint d’une maladie génétique, la maladie de Fanconi.
Cette première mondiale est celle d’un nouveau type de greffe, en alternative à la greffe de moelle osseuse: la greffe de sang de cordon ombilical.
 

Depuis cette date, les indications de greffe de cellules de sang de cordon se sont considérablement élargies grâce aux recherches effectuées sur ces cellules et grâce également à la possibilité, depuis 2002, de greffer une double dose de sang de cordon, rendant les greffes chez les adultes possibles.
 

Aujourd’hui, les médecins sont en mesure de pratiquer cette greffe dans différentes situations, regroupant:
 

  • les cas de maladies non malignes:

- aplasies médullaires constitutionnelles (maladie de Fanconi) ou acquises
- déficits immunitaires combinés sévères
- hémoglobinopathies (thalassémie, drépanocytose)
- déficit enzymatique portant sur le tissu hématopoïétique (maladie de Gaucher…)
- autres pathologies (ostéopétrose)

  •  les cas de maladies malignes:

- leucémies aiguës myéloïdes, leucémies aiguës lymphoblastiques
- leucémie myéloïde chronique
- syndromes myélodysplasiques
- lymphomes, myélomes, leucémie lymphoïde chronique
- syndromes myéloprolifératifs
- certaines tumeurs solides

 

Les résultats des greffes allogéniques de sang de cordon, qui rejoignent ceux des greffes de moelle, expliquent le recours accru aux unités de sang placentaire (USP) pour les greffes allogéniques de cellules souches hématopoïétiques. Ainsi, le recours au sang placentaire augmente d’année en année, et c’est à ce titre que se sont constituées depuis la fin des années 1990 différentes banques en France mais aussi dans d’autres pays, permettant ainsi la constitution d’un réseau national et international de greffons de sang de cordon. Ces greffes de sang de cordon représentent près de 20 % des allogreffes réalisées en France en 2007. Au total, près de 10 000 greffes allogéniques à partir de sang placentaire ont été réalisées dans le monde, et peu à peu les indications de ces greffes se rapprochent de celles de greffes réalisées avec les autres types de cellules. Cependant, la France est aujourd’hui en retard sur la collecte de sang de cordon : le stock français n’a que 7500 greffons et la France est obligée d’importer un grand nombre de cordons. Il faut également savoir que moins il y a de greffons disponibles, plus les chances de trouver les cordons nécessaires à la compatibilité sont faibles.

 

  • Ce type de greffe comporte un grand nombre d’avantages:

- la simplicité d’obtention
- la disponibilité immédiate du greffon
- la possibilité de tenir compte de la compatibilité de moins de marqueurs
- les cellules jeunes et immatures diminuent le risque de rejet immunologique, et réduisent les réactions de greffon contre l’hôte : cet avantage permettrait à des enfants appartenant à un groupe HLA rare de bénéficier d’une greffe à partir d’un greffon imparfaitement compatible.
- la conservation de sang de cordon permettrait d’augmenter la diversité génétique HLA des greffons. En effet, certains groupes HLA trouvent une représentation très faible dans les registres de donneurs de moelle osseuse, car ils sont fréquents dans des populations n’ayant pas forcément un accès facile au soin. La conservation du sang de cordon permet ainsi d’obtenir des greffons provenant de toutes sortes de catégories socioprofessionnelles (étant donné que ce sont les riches qui donnent majoritairement le cordon de leur enfant), ce qui est généralement lié également à la diversité génétique.

  • Mais également des inconvénients:

- la quantité de cellules : le nombre de cellules est beaucoup plus faible que dans un don de moelle
- des imprévus: la poche qui se déchire, les cellules qui ne sont pas viables => il est impossible pour le patient d’avoir un complément de cellules.

Cependant, comme à l’apparition de chaque nouvelle technique, des questions se posent: celle de l’efficacité, de l’éthique, du coût; et ces questions existent du fait qu’il existe pour le sang de cordon la possibilité de diverses options au cours des différentes étapes de son suivi.

Le cordon peut être ainsi prélevé ou non.
 

Dans le premier cas, c’est-à-dire si le cordon est prélevé, il peut être conservé dans différents types de banques qui ne proposent pas les mêmes services:

  • les banques publiques gratuites recevant un don anonyme,
  • les banques privées payantes, conservant dans la majorité des cas des greffons à usage personnel
  • les banques mixtes qui essayent de combiner la gratuité d’une partie du greffon par le prix de la conservation personnelle.

Enfin, la dernière étape étant celle de l’utilisation, il existe là encore des oppositions; en effet, le sang de cordon peut être utilisé pour un usage allogénique (de soi pour quelqu’un d’autre), pour un usage autologue hématologique (de soi à soi même dans le but de soigner des maladies hématologiques) ou pour un usage autologue de médecine régénératrice.

 

 

La particularité française se situe dans les choix qui ont été faits entre ces différentes options. Si dans un grand nombre de pays les différents types d’options coexistent, en France si le cordon est prélevé, il ne peut être conservé actuellement que dans des banques publiques et dans le but d’un usage allogénique ou d’un usage de recherche. Ainsi, jusqu’à présent, il n’y a eu et il n’y a pas de banques privées ou mixtes en France, ni d’usage autologue hématologique ou en médecine régénératrice. Le don de sang de cordon à la naissance s’inscrit donc dans la tradition française du don: celle d’un acte libre, volontaire, anonyme, gratuit et solidaire.

 

Face à cette différence française, il nous faut nous demander quels sont les arguments qui motivent les acteurs de cette controverse: Y-a-t-il des gens pour les banques privées en France? Pour les banques mixtes? Pour l’autologue hématologique ou de médecine régénératrice? Pourquoi les gens sont-ils opposés à toutes ces options, ou en partie? Pourquoi la France est-elle si en retard dans son stock de cordons par rapport aux autres pays pratiquant cette conservation?

 

Notre travail pour ce site a consisté en une analyse en profondeur de la controverse. Par la recherche d’articles scientifiques, par la consultation des familles et de nombreux sites internet, ou encore par la rencontre avec des acteurs de cette controverse, nous avons pu retracer les liens apparents qui existent entre les différents groupes d’intervenants.
Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais nous espérons que ce site reflète au mieux notre objectivité sur ce sujet, et notre volonté de mettre en lumière un sujet intéressant mais très peu connu en France.

 

Chronologie

 

 
Banques
 
Avancée thérapeutique
 
Moelle osseuse
 
Avancées de la recherche
 
 
Encadrement
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1992 - 1993 : Mise en place de banques de sang de cordon (New York, Paris, Milan and Düsseldorf)
 
1995 : création de l’association Eurocord par le Pr. Gluckman (suivi des greffes de cordon et validation des données cliniques)

 
1998 : Fondation de Netcord

1999 : mise en place du Réseau français de sang placentaire (RFSP) par l’Agence française du sang (devenue Etablissement français du sang)  et l’Etablissement français des greffes (devenue Agence de la Biomédecine)
–> composé alors des sites de St Louis, Besançon, Bordeaux, Annemasse (conservation à long-terme des greffons)

2001 : Marseille rejoint le RFSP

 
2002 : Fermeture de la banque de l’hôpital Saint-Louis, par manque de financement de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP)
 
 
16 mars 2004 : l’Union Européenne autorise la création de banques privées à des fins autologues en leur appliquant un cadre réglementaire strict
 
 
 
2006 : Thierry Henry exporte la sang de cordon de sa fille chez Future Health, banque privée britannique.
2006 : 63 banques publiques : 227 000 greffons allogéniques, 134 banques privées : 780 000 unités intrafamiliales
 
 
 
 
 
 
 
Janvier 2008 : réouverture de la banque de l’hôpital Saint-Louis
Avril 2008 : 98% des femmes souhaitent stocker le sang de cordon de leur enfant plutôt que de le détruire dont 75% dans une banque publique (chaire Essec-Sanofi-Aventis, avril 2008)
17 nov. 2008 : annonce de l’établissement du partenariat entre l’Etablissement Français du Sang et la Fondation Générale de Santé pour « le développement de la collecte de sang de cordon »
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1988 : 1ère greffe réussie de sang de cordon par l’équipe du Pr. E. Gluckman à l’hôpital St Louis pour soigner un enfant atteint de la maladie de Fanconi
 
 
 
 
 
 
1996 : Faisabilité des greffes allogéniques de sang de cordon incompatible HLA
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2004 : isolation de cellules souches adultes issues du sang de cordon.
2004 : Le Japon est le premier pays au monde à réaliser plus de greffes de sang de cordon que de greffes de moelle (grâce à l’utilisation de doubles greffes)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2007 : résultats obtenus par le professeur Yamanaka en matière de reprogrammation des cellules souches adultes pour leur redonner les capacités de pluripotence que l’on trouve d’ordinaire dans les cellules souches embryonnaires
 
14 mai 2008 : lancement à Paris du consortium Novus Sanguis (recherche sur les applications thérapeutiques en médecine régénérative) présidé par le Pr. Colin McGuckin
4 principales voies d’avenir ont été tracées en matière thérapeutique : le diabète juvénile, la neurologie, les maladies du foie et du rein et la cardiologie
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1969 : 1ère greffe de moelle osseuse pratiquée par Edward Donnall Thomas, prix Nobel de médecine en 1990

1986 : première campagne de recrutement de donneurs volontaires de moelle osseuse

 
1883 : apparition du terme de cellule-souche

Années 1930 : découverte des premières cellules-souches chez l’homme

1939 : un article paru dans la revue The Lancet envisage la possibilité d’utiliser les cellules souches de sang de cordon

1963 : 1ère tentative pour soigner par transfusion de sang de cordon (cancer)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2002 : Utilisation de cellules de sang de cordon sur des adultes avec des résultats prometteurs
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
2002 : l’Académie nationale de médecine et le CCNE se déclarent contre "la création de banques commerciales privées ayant pour objet le prélèvement et le stockage de sang de cordon pour un usage strictement personnel" (rapport OPECST 2008 sur la révision des lois bioéthiques)
 
 
 
 
 
 
2006 : avis n°96 du Comité Consultatif National d’Ethique sur la commercialisation des cellules souches
5 sept. 2006 : communiqué du Collège national des gynécologues et obstétriciens français déconseillant au professionnels d’accepter de faire des prélèvements de sang de cordon à des fins autologues
 
 
 
 
 
 
4 nov. 2008 : publication du rapport Hermange "sur le potentiel  thérapeutique des cellules souches extraites du sang de cordon ombilical"
 

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