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La contrainte politique: quelle est la place du libre-arbitre citoyen dans le passage aux LBC? 

Un des aspects peut-être les plus étonnants de la controverse est finalement l’interdiction formulée par la législation européenne de vendre des lampes traditionnelles à incandescence (débutée en 2009 et achevée en 2012). Cette censure d’un produit de grande consommation auquel les Français sont habitués depuis un siècle est souvent mal vécue, et nous pensons qu’elle est à la base du rejet assez généralisé des fluocompactes par les consommateurs.

Cette décision juridique s’accompagne d’un défaut flagrant d’informations concernant : la genèse et la mise en place de la législation (les utilisateurs ignorent souvent pourquoi cette décision a été prise, et quand et comment elle s’applique concrètement), le fonctionnement des lampes (en termes d’éclairage et de composants techniques) et le traitement des lampes usagées (recyclage).

C’est un comité d’experts mis en place par la commission européenne qui s’est chargé de cette décision, mais s’agit-il d’une décision technique ou politique ?

L’allemande Anja Weisgerber (Parti populaire européen) s'est élevée contre cette procédure, appelée comitologie, au motif que les décisions sont prises « trop vite, sans discussion publique, et derrière le dos du Parlement européen et des citoyens européens ». Le Néerlandais Bas Eickhout, membre du groupe des Verts,  pense que cette mesure permettra aux citoyens de faire des choix durables et d'économiser environ 50 euros sur leur facture d'électricité annuelle. Anja Weisberger affirme par contre : « Interdire complètement les ampoules à incandescence, c'est traiter les citoyens européens avec condescendance. Ils ne souhaitent pas que nous leur expliquions quelles ampoules ils doivent utiliser ».

Le problème du libre-arbitre du consommateur est ici posé : la volonté de faire « un choix durable » plutôt qu’« un choix libre » (pléonasme révélateur) est au moins hypocrite dans ses termes, car il n’y a pas de choix du tout puisque les ampoules à incandescence sont retirées autoritairement de la vente.

Le fait de vouloir imposer cette nouvelle technologie sans laisser la possibilité aux consommateurs de garder l’ancienne est le point de départ de la controverse. L’information lacunaire concernant les risques pour la santé,  les calculs divergents d’analyse du coût écologique ou le traitement des lampes usagées des lampes entretiennent la méfiance des utilisateurs.

La controverse politique et sociétale est également sémantique, dans la mesure où le terme politique à vocation écologique « lampes basse consommation » (ou « ampoules basse consommation ») a remplacé le terme technique « lampe fluocompacte » ou « lampe fluorescente compacte » (voir à ce sujet la scientométrie du web). Tout est fait pour que le consommateur assimile la fluocompacte à la LBC, alors même que cette appellation regroupe à l’origine non seulement les fluocompactes, mais aussi les halogènes et les LEDs.

Il résulte de ces contradictions et de ces lacunes un rejet relatif de la lampe par les acheteurs et un affrontement entre ceux qui préfèrent garder la bonne vieille ampoule à incandescence et ceux qui militent pour l’imposition d’une technologie plus écologique. Ces derniers se heurtent à un roc de contraintes concernant les fluocompactes, puisque le caractère écologique de cette lampe paraît lui-même controversé.

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