Le confort de l'utilisateur
Si la légitimité de la lutte écologique est aujourd’hui largement reconnue, cela n’empêche pas les consommateurs de prêter attention à l’aspect esthétique de la lampe. Son confort d’utilisation ou au contraire son inconfort peuvent être déterminants dans l’adoption ou le rejet de la fluocompacte par les utilisateurs.
A la suite d’une enquête effectuée par l’intermédiaire des sites d’association de consommateurs et des réactions des internautes aux nombreux articles publiés dans la presse web généraliste concernant les LBC, nous avons pu déterminer que l’esthétique et le confort de la lampe et de la lumière qu’elle diffusait était un sujet d’intérêt primordial.
On compte une grande quantité de réactions négatives sur les lampes, les critiques portant principalement sur les possibles problèmes économiques, écologiques et de santé, et plus généralement sur le manque d’informations délivrées au grand public. Les attaques concernant le confort de la lampe concernent deux aspects :
- la lumière générée
- la forme de la lampe.
La lumière
Nous avons pu constater notamment à travers des rencontres avec les acteurs que les informations concernant la lumière diffusée par la fluocompacte étaient extrêmement lacunaires. Pierre-Yves Monleau, directeur de communication de l’AFE, note qu’on doit compter en lumen (c’est la quantité de lumière émise) et non en watt, la quantité de lumens (lm) étant inscrite sur les emballages. Ainsi, une fluocompacte 40W, qui équivaut à une incandescente 100W, a une quantité de lumens qui elle n’est pas équivalente : le consommateur, peu informé de cette distinction, sera fatalement mécontent de constater que sa lampe n’éclaire pas autant qu’une 100W classique. Selon Jean Dimca, chef de produit chez Mégaman, « mesurer un éclairage en watt c’est aussi bête que de mesurer un poids en km/h. »
Ainsi, le mécontentement de base concernant la lumière émise part d’un malentendu entre les constructeurs et l’acheteur, qui ne sait pas à quelle unité de mesure il doit être attentif.
Les critiques des consommateurs concernent donc la quantité de lumière émise, mais aussi la qualité de cette lumière et le temps d’allumage. En réaction à un article sur le passage aux LBC, on peut ainsi lire sur le site de L’Express (source):
« L’essentiel est que ces nouvelles lampes fluocompactes apportent un éclairage à la fois horrible et inadapté. Horrible parce que froid, blanchâtre sans aucune chaleur. Et inadapté parce que mettant des minutes entières pour commencer à fonctionner réellement (même les soi-disant nouvelles versions)...inutile de préciser l'intérêt dans des pièces où on ne reste pas longtemps (toilettes, couloirs). »
Ce temps d’allumage, qui est voué à augmenter avec la baisse du mercure présent dans les lampes, est un réel problème car il peut créer des effets pervers, comme le fait de laisser l’ampoule allumée en permanence pour ne pas avoir à attendre à nouveau qu’elle atteigne sa capacité maximale d’éclairage.
Les constructeurs nous ont assuré cependant de l’existence de lampes émettant une lumière chaude ou une lumière froide, la seconde étant la plus proche de la lumière du jour. Cependant, contrairement à l’ampoule à incandescence, on se situe avec la fluocompacte sur une courbe asymptotique, puisque l’indice de rendu des couleurs (IRC) ne sera jamais de 100 (il est de 92-93 actuellement).
La forme des ampoules
La seconde attaque concernant l’inconfort des lampes est plus discutée, mais souvent évoquée : il s’agit de la forme des ampoules. Certains utilisateurs se plaignent de la « laideur » des fluocompactes :
« Il faut qu'on cesse de nous faire prendre des "vessies pour des lanternes" Je serai curieux de voir les lustres Louis XV de nos Palais Nationaux équipés de ces horreurs!! » (Libération)
La critique de la forme est d’ailleurs souvent liée à la critique sur la lumière :
« Ces lampes font une lumière immonde (genre hall de gare ou hôpital) sont trop chères et super moches! C'est décidé je me fais un stock d'ampoules. Je ne veux pas que dans ma maison nous ressemblions tous à des morts! » (l’Express)
Les fabricants ont très vite réagit à cette critique, l’entreprise Lucibel fut la première à produire des fluocompactes entourées de silicone (en 2009), dont l’esthétique était très proche des ampoules traditionnelles.
Comparaison entre une ampoule fluocompacte Lucibel à gauche, et une ampoule à incandescence traditionnelle à droite:
Et aujourd'hui, le consommateur à le droit à tous types de formats. Exemple avec la gamme des ampoules flucompactes Philips:
C’est sans doute culturel, il n’empêche, la totalité des commentaires concernant la forme des lampes fluocompactes s’accorde pour dire que c’est un échec esthétique, les termes « laideur », « horrible » et « moche » revenant le plus souvent dans ces conversations de consommateurs. Cette perception va-t-elle changer avec les efforts des fabricants et la force de l’habitude ?
C’est une question importante, dans la mesure où les consommateurs attachent souvent tout autant d’intérêt, voir parfois plus, à la « beauté » des objets qu’ils achètent qu’à leur prix ou qu’à leur potentiel écologique.