c Controverse, HADOPI

Date : Automne 2008, cf.chronologie
Lieux : Internet, puis les médias traditionnels, Paris

Tandis qu’un seul groupe d’acteurs n’était véritablement constitué jusqu’alors, un contre programme émerge grâce à Internet à l’automne 2008 et se prépare à prendre part au débat.

Des acteurs qui regrètent de ne pas avoir été écoutés :

Si tous les acteurs ou presque ont été auditionnés par la Commission Olivennes, beaucoup ont le sentiment de ne pas avoir été écoutés, l’impression que leurs craintes n’ont pas été retenues. C’est notamment le cas de beaucoup d’internautes, d’associations de consommateurs ou de veille des libertés numériques, de certains artistes. « Ils ont été considérés non pas comme des parties prenantes mais comme des usagers ». A l'automne 2008 chacun de ces acteurs va alors tenter de faire entendre son point de vue dans l’espace public en utilisant les différents médias à sa disposition et notamment Internet.

Ils sont les experts de l'Internet :

Cet en effet l'objet même du débat qui en devient le support, l'outil majeur. On se retrouve alors dans une situation originale puisque les experts, ceux qui maîtrisent le mieux cet univers sont justement les tenants de ce contre-programme. Les acteurs à l'origine de la loi, ceux-là même qui souhaitent légiférer sur Internet sont pour ces "experts" des sortes de "profanes". Dans cette controverse les experts techniques ne sont donc pas les tenants du pouvoir. A ce constat les défenseurs de la loi vont se positionner comme connaissant mieux les milieux politiques et économiques traditionnels, les opposants étant alors des profanes en matière de création.

Cartographie d'Internet : Le Web devient le lieu de la rencontre et d'agrégation d'idées alternatives :

Analyse détaillée des cartographies du Web

 

La taille et la complexité de cette cartographie du web montre que la toile s’est emparée de la controverse qui s’est peu à peu publicisée grâce à Internet.  La catégorisation schématique des sites (pro/anti/neutres) est un choix car elle reflète la simplification des positions sur le web 

Le web est largement contestataire puisque les 2/3 des nœuds sont violets (anti-Hadopi), dont ceux les plus cités comme Numerama, Pcinpact ou encore la Quadrature du Net, « le fer de lance de l’opposition à Hadopi » selon Le Figaro. Seuls 1/5 des nœuds sont oranges (neutres) et 1/6 verts (pro).

«Les sites apparemment neutres comme celui du Monde se situent plus près des sites « anti », partagent des liens mutuels avec et les citent davantage que les sites « pro ». Puisqu’ils citent principalement des sites d’opposition à Hadopi, l’opinion publique semble être informée de manière quelque peu biaisée par le relais des médias. »

"Cela signifie que les défenseurs de la loi « Création et Internet » ne savent paradoxalement pas utiliser le web manière optimale, ce qui témoigne d’un manque de légitimité et/ou de compétence. On également supposer qu’ils ne veulent pas rentrer dans l’arène du débat sur le web, comme s’ils pensaient qu’ils ne réussiraient pas à défendre la loi face aux experts d’Internet. »

Le Web est donc le lieu de rencontres des acteurs qui ne se sont pas senti écoutés dans l’élaboration de la loi. Initialement épars, ces acteurs vont peu à peu se retrouver sur beaucoup d’arguments et petit à petit former un second groupe délimité partageant une seconde vision d’Internet de la Création. Malgré les nuances qui peuvent caractériser cet autre ensemble d’acteurs, ils vont se positionner comme une opposition à la première vision.

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(Survolez le schéma pour lancer l'animation)

La publicisation du débat :

De la publicisation du débat sur le web est alors née la volonté de se fédérer contre la loi « Création et Internet ». Alors que le lieu d’action de certains collectifs tels que « J’aime les artistes » sera le web, d’autres se retrouveront dans le monde concret. Ainsi, la maison d'édition In Libro Veritas a réuni les témoignages et les analyses des principaux opposants à Hadopi dans le livre « La Bataille Hadopi ». Le collectif d’auteurs est notamment composé de Philippe Aigrain, Jeremy Zimmerman, Jacques Attali, Maxime Rouquet ou encore Patrick Bloche. A ce moment là, la controverse passe alors de l’espace public numérique à l’espace public "traditionnel".

Le nouveau groupe des adversaires à Hadopi va attaquer, comme nous le verrons, les arguments des défenseurs du projet de loi gouvernemental et va proposer des alternatives. L’un de leurs chefs de file emblématique est Philippe Aigrain, l’inventeur du concept de licence globale.

"principe de redevance obligatoire de l’internaute, de « contribution commune à quelque chose de désirable » dans l’abonnement au FAI, redistribué dans une volonté de « justice économique » d’après les usages effectifs déterminés par plusieurs voies de sondages pour éviter les fraudes. Pour la redistribution équitable des fruits de cette redevance, [...], il présente un organigramme complet du processus qui prévoit le passage encore nécessaire, d’après lui, par les sociétés de gestions collectives, plutôt que par des systèmes automatisés de micro-paiement. Il prévoit également une part de financement pour des projets futurs, et pas seulement la sanction du succès des œuvres déjà diffusées."

Alors que la loi rentre da sa phase de discussion parlementaire et publique, la controverse continue de publiciser. Elle prend de l’ampleur médiatique et devient un vrai sujet de société.

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Les lieux du débat qui ont vu émerger ce second “cosmos” d’acteurs (blogs, forums, sites spécialisés) s’ajoutent alors aux médias traditionnels et aux enceintes de discussions parlementaires comme place de la discussion et de l’affrontement.