Infographies

La mise à disposition de l’information auprès du public est en enjeu majeur de la controverse sur le nucléaire car le nucléaire est une énergie mal connue du public d’un point de vue technique, et générant des réactions fortement émotionnelles liées aux catastrophes historiques comme Hiroshima,Tchernobyl, et aujourd’hui Fukushima.

Sur Internet, les infographies sont parmi les outils les plus efficaces pour l’information du public. Elles se fondent sur des données chiffrées, et ont pour mission de les représenter graphiquement pour les rendre intelligibles au public, de mettre en scène ces données chiffrées abstraites et de les comparer entre elles. Depuis la catastrophe de Fukushima, ce genre de typographies et d’outils de représentation graphique pour la mise à disposition de l’information au public se multiplient. Elles sont de plus en plus nombreuses, et de meilleure qualité. Les informations qu’elles représentent graphiquement sont pour la plupart déjà disponibles sur Internet, mais sous format texte.

Dans les infographies trouvées sur le web, nous avons surtout vu des infographies visant à représenter graphiquement les doses radioactives pour une activité ou un matériau donné.

On a pu remarquer que dans leur façon de représenter les doses et le choix des objets de référence, ces infographies avaient tendance à relativiser les émissions radioactives issues issues de l’industrie du nucléaire.

Le choix des objets de référence pour la comparaison des degrés d’exposition est à cet égard très intéressant. Ainsi, on voit souvent émerger le choix de la banane comme objet de comparaison, car manger une banane représente une dose de 0,1 microsievert, alors que vivre à 50 miles d’une centrale nucléaire pendant un an correspond à une dose de 0,09 microsievert.

On notera que ces infographies sont d’origine américaine pour une bonne part, et que la dose de référence pour l’exposition des travailleurs du nucléaire est donc de 50 millisieverts au lieu de 20 millisieverts pour les travailleurs français.

Ces infographies sont souvent présentées comme des infographies «citoyennes», c’est-à-dire qu’elles sont produites par des acteurs qui ne travaillent pas dans le nucléaire. Leurs auteurs se présentent souvent simplement comme des passionnés de l’infographie, dont le but serait de clarifier l’information afin de désamorcer l’instrumentalisation de l’information par les différents acteurs, et les médias. Néanmoins, ces infographistes se trouvent bien obligés de contacter des acteurs experts lorsqu’ils veulent réaliser une infographie de qualité, c’est-à-dire la plus fidèle et la plus explicite possible.On identifiera ici quels experts sont les plus souvent cités.

La mise en ligne de ces infographies se fait sur des sites spécialisés comme: «Information Aesthetics» ou «Information Is Beautiful»... Les particuliers les mettent également en ligne sur Flickr.

Qu’elles soient mises en ligne sur des sites spécialisés ou des sites d’hébergement d’images pour particuliers, ces images trouvent leur véritable consultation sur les réseaux sociaux et les blogs. Leur reprise connait des pics aux moments d’intensité de la question nucléaire dans l’actualité. Ainsi, on a pu voir que ce genre d’infographies très techniques pouvaient être reprises sur des blogs grand public sans lien direct avec le nucléaire. Comme ici sur le site Mashable qui reprend l’infographie «Radiation Dose Chart».

On voit apparaître une concurrence entre les différentes sources d’information. Pour exemple, face à la multiplication des infographies et informations citoyennes sur l'exposition à la radioactivité et les faibles doses, l’IRSN produit ses propres contenus. On remarquera néanmoins que l’infographie de l’IRSN , sur un sujet comparable aux autres infographies citées précédemment: les sources d’exposition, est beaucoup moins efficace. Sur les critère de l’esthétique et de la lisibilité, l’infographie de l’IRSN n’est pas aussi bien réalisée que les infographies réalisées par des graphistes professionnels ou amateurs passionnés. Par conséquent, nous n’avons pas trouvé de reprise de cette infographie sur d’autres sites que sur le site de l’IRSN .

Infographies : des raccourcis parfois malaisés.

Ces infographies ne sont pas toujours valides sur le plan scientifique. On peut notamment noter qu’une bonne partie d’entre elles a tendance à ne pas prendre en compte le facteur temps. Or, l’IRSN précise que:
« Il a longtemps été postulé que l’incorporation de 100 becquerels en un jour revenait à incorporer 1 becquerel pendant 100 jours. Cela est tout à fait exact en mathématiques mais faux en biologie. »
Ainsi, les infographies qui ne prennent pas en compte le facteur temps ont tendance à comparer des données non comparables.