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- Sénateur UMP de Paris et notamment membre de la Commission des affaires sociales
- Membre du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé
- Membre correspondant de l’Académie nationale de Médecine
- Auteur du rapport d’information « Le sang de cordon : collecter pour chercher, soigner et guérir » (4 novembre 2008)
- Fondatrice de l’association Cordon Source de Vie
- Organisatrice d’un colloque sur les cellules souches adultes et les cellules souches issues du sang de cordon ombilical en novembre 2007
 
Marie-Thérèse Hermange

 

« En 2006 [paraît un avis] du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur la commercialisation des cellules souches. L’avis n°96. [Marie-Thérèse Hermange] a commencé à s’intéresser de près à ces questions, et à prendre connaissance des ressources du sang placentaire. Très vite elle est arrivée à cette conclusion : en France quand on parle de cellules souches, on parle de cellules souches embryonnaires, mais les autres on ne les connaît pas. Et alors elle s’est dit : « je vais faire un colloque pour parler des autres, pas des cellules souches embryonnaires mais de toutes les autres. » Et là-dessus elle s’est donc vivement intéressée aux cellules-souches issues du sang de cordon. (…)

Donc sur le sang de cordon elle a découvert ça petit à petit à travers les différents acteurs locaux (…), ne comprenant pas pourquoi en France cette ressource était systématiquement jetée et que le choix n’était pas donné aux femmes de pouvoir les conserver, réalisant aussi en tant que parlementaire que un jour ces femmes pourraient très bien attenter une action contre l’Etat (…). Il n’y a pas de politique de sang de cordon en France, on est obligé de faire appel à l’étranger, les procédures sont plus longues, plus difficiles. [Elle s’est donc posé] la question : pourquoi ça ne se développe pas ? [C’était] un peu à la suite de son colloque. A partir de ça, la commission des affaires sociales lui a demandé de faire un rapport sur ce sujet » (interview) :Rapport d’information n° 79 : « Le sang de cordon : collecter pour chercher, soigner et guérir » publié le 4 novembre 2008, et dont la principale préconisation est d’autoriser les banques mixtes à titre expérimental.

 

Une utilité thérapeutique indéniable

 

Concernant l’utilisation du sang de cordon dans le cadre des maladies hématologiques, Mme Hermange considère que « les cellules souches hématopoïétiques contenues dans le sang de cordon remplacent avantageusement celles de la moelle osseuse pour plusieurs raisons. D’une part, la plus grande immaturité des cellules souches du sang de cordon permet une meilleure efficacité des greffes. D’autre part, les chances de trouver un échantillon de sang de cordon compatible avec un malade sans lien de parenté avec le donneur sont très nettement supérieures à celles de trouver un donneur de moelle osseuse pour une greffe dite allogénique. »(M.-T. HERMANGE, Rapport d’information n° 79 (Sénat) « Le sang de cordon : collecter pour chercher, soigner et guérir », 4 novembre 2008)




 

Elle estime que « les thérapies fondées sur l’utilisation du sang de cordon vont vraisemblablement se multiplier au cours des prochaines années, bien au-delà des maladies du sang. ». Elle évoque ainsi la médecine régénérative, les pistes de recherche lancées par le consortium Novus Sanguis : le diabète juvénile, la neurologie, les maladies du foie et du rein et la cardiologie et l’utilisation de cellules souches du sang de cordon pour réaliser des essais pharmaceutiques.

 

La nécessité d’une véritable politique publique en matière de sang de cordon

 

La sénatrice introduit ainsi son rapport : « La France, pionnière en matière de thérapies issues du sang de cordon, ne peut se passer d’une politique publique en ce domaine d’autant que, malgré ses avantages objectifs (plus de huit cent mille naissances chaque année, une pratique de collecte et de stockage d’une excellence internationalement reconnue), elle accuse un retard considérable en matière de nombre d’unités disponibles par habitant et ne se situe qu’au seizième rang mondial derrière de nombreux pays européens et émergents. Cette politique publique est nécessaire pour ne plus traiter comme un simple déchet opératoire ce qui demain pourrait sauver des vies. D’une part, il s’agit de concrétiser l’espoir né des découvertes de la médecine en matière de biologie puis de thérapie cellulaire au cours des vingt dernières années. D’autre part, il apparaît nécessaire, dans le domaine facilement fantasmatique des cellules souches, d’informer véritablement et pleinement l’opinion publique. »

Greffons Evolution sang de cordon en France Développement

 

10 préconisations

 

Mme Hermange conclut son rapport par 10 préconisations qu’elle juge utile pour guider la politique publique en matière de sang de cordon dans un avenir proche :

 

« 1. Porter le plus rapidement possible et au plus tard d’ici 2020 le nombre d’unités de sang de cordon stockées en France à 50 000 ;

 

2. Assurer un maillage territorial de maternités habilitées à effectuer le prélèvement qui garantisse la collecte au sein de tous les bassins de population ;

 

3. Développer la formation des personnels médicaux et les campagnes d’information à destination des parents, de manière à permettre aux familles de faire le choix du don en toute connaissance ;

 

4. Permettre, à titre expérimental, l’implantation de banques privées respectant les principes de solidarité liés aux greffes de sang de cordon, ainsi que le développement d’une activité privée par les banques publiques afin de consolider leur financement ;

 

5. Orienter les fonds publics vers la recherche fondamentale en matière de biologie cellulaire et vers les cellules souches somatiques comme le font les autres Etats qui se situent à la pointe de la recherche. Ceci passe notamment par la définition d’un objectif spécifique en la matière par l’agence nationale de la recherche ;

 

6. Favoriser la recherche sur le cordon lui-même et le placenta ;

 

7. Renforcer les pouvoirs de contrôle de l’agence de la biomédecine (ABM) sur les pratiques de collecte et de stockage ;

 

8. Conforter la possibilité pour la recherche faite au sein de l’établissement français du sang (EFS) de se traduire par des thérapies et des médicaments nouveaux en permettant son partenariat avec le Groupe LFB ;

 

9. Accorder un statut public à Netcord et à Eurocord ;

 

10. Développer la solidarité de la France avec les pays en développement en matière de greffe de sang de cordon. »

On notera particulièrement les préconisations 2et 4 en matière de collecte du sang de cordon avec la position plutôt audacieuse – par rapport à la réticence française à cet égard – de Mme Hermange concernant les banques mixtes ; les préconisations 5 et 6 pour un approfondissement de la recherche fondamentale ; et les préconisations 3, 7, et 9 pour veiller à la qualité du système de collecte du sang de cordon.