Réglementation et usages des LBC
En amont, la technologie des lampes fluocompactes est structurée par la loi. Celle-ci fixe certaines exigences, autrement dit un cahier des charges pour les LBC. Elle contribue donc à « créer » l’objet tel qu’on le connaît, puisqu’elle pousse les producteurs à se conformer à la norme. En aval, la technologie des LBC, nouvelle dans la vie de tous les jours, est structurée par les usages qu'en font les consommateurs. La réglementation et les usages de la lampe sont ainsi deux éléments qui interagissent et qui et construisent les LBC non plus comme un objet scientifique, mais comme un objet social.
Les lampes basse consommation sont ainsi réglementées à deux niveaux :
1. Au niveau français
La convention sur le retrait de la vente des ampoules à incandescence et la promotion des lampes basse consommation faisant partie du grenelle de l’environnement a été signée le 23 octobre 2008 entre le gouvernement et les distributeurs, ainsi qu’EDF, l’ADEME et Recylum. Il fixe le calendrier des retraits en France et prévoit le retrait des dernières lampes à incandescence de 25 Watt pour le 31 décembre 2012. Il ne fait cependant qu’appliquer la législation européenne prééxistante.
2. Au niveau européen
Avec notamment la directive 2005/32/CE qui pose le principe d’écoconception et affirme la nécessité de fixer des exigences précises pour les produits consommant de l’énergie et qui représentent un volume important de ventes, comme le sont les ampoules.
C’est pour répondre à cette directive qu’a été voté le règlement de la Commission Européenne n° 244/2009. Celui-ci établit les exigences de l’UE concernant les « lampes à usage domestique non dirigées » (qui s’opposent aux lampes dirigées), c'est-à-dire la majorité des lampes sur le marché.
Ce règlement fixe exactement les normes auxquelles doivent se conformer les lampes pour pouvoir être commercialisées sur le marché européen. Ces exigences sont visibles dans les tableaux suivant :
Légende L’étape 1: 1er septembre 2009 qui voit l’interdiction des lampes à incandescence de 100 Watt. L’étape 5 : 1er septembre 2013, date supposée à laquelle plus aucune ampoule incandescente ne sera vendue sur le marché (dans la mise en place du Grenelle, cette date fatidique a été repoussée à 2016). Pour la définition des paramètres de fonctionnalité, se reporter au glossaire.
Ces tableaux au premier abord peuvent sembler difficiles à comprendre, mais ils apportent une foule d’informations très intéressantes. Ainsi, on remarque que les normes fixées deviennent globalement plus exigentes à l’étape 5 en 2013. Alors qu’en 2009 le temps d’allumage doit être inférieur à 2 secondes, en 2010 il devra être inférieur à 1,5 secondes pour les lampes de moins de 10 Watt et inférieur à 1 seconde pour les autres.
Ces normes ont donc une influence sur la qualité des lampes en obligeant les fabricants à innover et à améliorer la technologie des lampes fluocompactes.
Cependant, ces tableaux révèlent également une différence de technologie entre les lampes fluocompactes et celles à incandescence qui se répercute sur les usages des consommateurs.
- Des lampes peu pratiques pour les lieux de passage…
Ainsi, selon la norme européenne les fluocompactes doivent s’allumer en moins de deux secondes et atteindre 60% de leur flux lumineux en moins d’une minute, voire deux minutes pour les lampes contenant du mercure en amalgame. Deux minutes c’est en général plus que le temps qu’il faut pour traverser un couloir ou tout autre lieu de passage. De nombreux utilisateurs se plaignent donc de cet aspect des lampes. De plus certains disent que ces lampes ne supportent pas d’être allumées et éteintes trop souvent, et préfèrent donc laisser la lumière constamment allumée.
On voit en effet que le nombre de cycles de commutation (allumage/éteignage) doit être supérieur à 4 fois la durée de vie. Si l’on prend une durée de vie de 6000 heures alors au moins 24000 cycles d’allumages doivent être garantis. Imaginons qu’une lampe soit placée dans un lieu de passage et qu’elle ne reste allumée en moyenne que 5 minutes par cycle d’allumage, alors elle ne fonctionnera plus après 2000 heures :
,5×24000-60.=2000 heures
Le nombre de cycles d’allumage garantis est donc une variable importante à prendre en compte lors de l’achat, et si certaines lampes cessent de fonctionner avant leur durée de vie annoncée, cela peut évidement remettre en question les nombreux calculs du coût économique des lampes pour le consommateur, présenté comme largement avantageux.
- Mais adaptées pour un éclairage prolongé
Les lampes fluocompactes, contrairement aux LEDs, fournissent un éclairage diffus et puissant, qui convient particulièrement pour les plafonniers de salons ou de chambre à coucher qui restent souvent allumés longtemps en soirée.
Cependant, certains consommateurs ne sont pas satisfaits de l’éclairage des lampes fluocompactes ou de la forme de l’ampoule, qui est au cœur d’une controverse concernant l'esthétisme de la lampe et son confort d'utilisation.
- La règle des 30 centimètres
Il existe une incertitude quant au niveau d’émission des lampes fluocompactes à moins de 30 centimètres ce qui soulève la question des risques sanitaires que pose cette technologie. Aussi, certains acteurs que nous avons interviewé estiment que l’on ne se trouve jamais de manière prolongée à moins de 30 centimètres d’une lampe fluocompacte, l’utilisation de celles-ci comme lampe de chevet, lampe de bureau ou encore comme spot de lecture au dessus du lit est déconseillée, notamment par le Criirem.
- Les LBC pour les utilisations professionnelles
Pour les professionnels, les entreprises, les grands magasins, les entrepôts où la lumière reste allumée toute la journée, les lampes fluocompactes semblent représenter un réel avantage par rapport aux lampes à incandescence ou halogènes, du fait de leur durée de vie beaucoup plus importante qui permet de réduire les frais de maintenance de manière significative.