Le prix en question
Le prix des lampes basse consommation est au centre de vives discussions. De fait, les consommateurs soulignent souvent qu’elles coûtent entre 5 et 15 fois plus cher que les lampes à incandescence. Ils dénoncent alors une décision politique qui les oblige à dépenser plus. Ce à quoi le gouvernement, l’ADEME et l’AFE entre autres rétorquent que le prix à l’achat est certes plus élevé, mais est largement amorti pendant la durée de vie des lampes par la faible consommation énergétique de celles-ci et permet même de faire des économies. Quel est donc le coût des LBC pour les consommateurs ?
Comprendre les chiffres avancés par les défenseurs des LBC
Afin d’encourager les français à adopter les lampes fluocompactes, le gouvernement, notamment Jean-Louis Borloo, a évoqué à plusieurs reprises des chiffres précis concernant les économies engendrées pour le consommateur. Ainsi dans la convention du grenelle sur le retrait des lampes à incandescence il est écrit que « l’acquisition d’une « lampe basse consommation » par un ménage lui procure un gain net qui peut aller jusqu’à plusieurs dizaines d’euros sur la durée de vie de l’ampoule ». Un tableau comparatif est inclus pour appuyer cette affirmation.
Coût des différentes solutions d’éclairage pour l’utilisateur sur une durée de 15 000 heures, présenté dans la convention du Grenelle de l'Environnement:
Il semble intéressant de décortiquer les calculs intermédiaires effectués de ces chiffres fournis par l’ADEME, et disponibles ici.
Hypothèses :
On compare une lampe à incandescence de 60 W à une fluocompacte de 15 W. On veut comparer leur coût respectif sur une durée de 15 000 heures.
On effectue donc les calculs suivants:
• Pour la lampe à incandescence : 60W X 15000h = 900kWh
Sur 15000 heures, une incandescente consomme 900 kWh, ce qui engendre selon l’ADEME un coût de 108 euros. On peut en déduire le prix du kilowatt/heure x utilisé :
900x =108, avec x = 108/900 = 0.12
Donc le prix du kilowatt/heure utilisé semble être de 0,12 euros
• Pour la lampe fluocompacte : 15W X 15000h = 225kWh
On en déduit le prix du kilowattheure x utilisé :
225x = 216 avec x = 21.6/225 = 0.096
Le prix du kilowattheure est ici de 0,096 euros, c'est-à-dire moins élevé que pour la lampe à incandescence. Il semble donc y avoir un biais dans le calcul, puisqu’en utilisant un prix du kWh plus élevé pour les lampes à incandescence on augmente aussi leur coût de revient de quelques euros. A moins que soit inclus dans le coût d’utilisation un cout d’entretien pour chaque lampe, ou encore que d’autres paramètres interviennent, ce que l’ADEME ne précise pas.
On peut comparer ces résultats avec ceux avancés par Megaman qui prend en revanche pour hypothèse un tarif EDF de 0,10 euro le kWh :
Si les chiffres fournis peuvent varier sensiblement selon les hypothèses choisies, il n’en reste pas moins que sur le long terme les fluocompactes sont économiquement plus avantageuses pour les consommateurs. L’économie réalisée est d’autant plus importante que le prix du kilowattheure est élevé. C’est un argument de choc dans des pays comme les Pays-Bas ou le kWh est deux fois plus élevé, si bien que le prix économisé pendant la durée de vie est écrit sur le packaging des lampes, comme nous l’a affirmé Florence Bruneau, communicante chez Megaman lorsque nous l’avons rencontrée.
Des chiffres qui provoquent de nombreuses contestations
Nombreux sont ceux qui restent sceptiques face aux économies annoncées. Selon Rémy Prudhomme dont la note a été reprise sur de nombreux blogs, mais aussi par des hommes politiques :
« Le changement obligatoire d’ampoules est donc une fausse bonne idée. Les activistes qui l’ont imposé, et qui en sont fiers, ont ignoré ou caché ce que tous ceux qui ont approché leur main d’une lampe allumée savent bien : que l’éclairage électrique produit aussi de la chaleur. Lorsque l’on prend ce phénomène en compte, le changement de lampes n’est pas favorable aux consommateurs : les économies annuelles qu’il engendre ne compensent pas l’investissement initial de 7 milliards d’euros qu’il nécessite. »
L’enjeu de la prise en compte de la chaleur dégagée est en effet au cœur de la controverse. Plus d’information sur l’impact de la chaleur dans le bilan des lampes ici.