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Interview réalisée le 20 février 2009 par téléphone

Comment définir le terme « Street Art » ?

C’est une terminologie problématique, on ne sait pas toujours ce que ce terme englobe. En France, il n’y a pas de traduction, sauf l’appellation « art urbain » qui était sorti dans les années 60-70 avec les artistes Villéglé, Raymond Hains. Le terme « street art » est apparu dans les années 1980 (mouvement né aux Etats-Unis). Les street artists étaient appelés «writers », davantage que « tagueurs », qui est un terme dévalorisant, synonyme de vandale, puis graffiti.
Le street art devient désormais le terme le plus communémént adopté, car il englobe le plus largement tous les sous chapitres du street art.
 

Le street art est il gratuit ou doit-il l’être ?

La question est biaisée dès le départ ! Elle n’a pas lieu d’être. Qu’il y ait un prix et un marché ou non, le fait est que les street artists produisent et généreusement. Ils sont totalement détachés de cette logique marchande. Ils offrent tout le temps et à tout le monde. Certains, comme Space Invader, payent même très cher leur matériel (mosaïque, échelle, essence, etc…). Donc c’est surtout la générosité des artistes, de leur production et de leur démarche qui prime par rapport aux chiffres du marché du street art.

Y’a t-il des familles de street artists ?

Oui, il y a des familles différentes comme des théories différentes.
On peut les organiser de plusieurs façons : par technique (pochoirs, aérosols, craies, mosaïques, collages, affiches, etc…), par famille géographique (les parisiens, les new yorkais), par « crew » (comme souvent en histoire de l’art), ce sont des groupes d’artistes qui se rassemblent pour travailler ensemble.

Comment se porte le marché de l’Art en France ?

En France il a mis du temps à décoller (aujourd’hui il est largement accepté et reconnu en Allemagne et aux Pays-Bas). Disons qu’il continue sur sa lancée. Il est curieux de constater que ce mouvement existe depuis 35-40 ans, (et la galerie a d’abord ouvert à ses débuts pour exposer ces artistes) et que le public continue de considérer ce mouvement comme nouveau et de s’interroger sur sa légitimité artistique. Le public dit : « Ce sont des jeunes qui s’amusent ». Il est en fait difficile à accepter pour le grand public mais c’est un mouvement qui commence à s’imposer malgré tout.
De plus, il est fait depuis toujours un amalgame sur les artistes. On ne comprend pas que ces artistes soient vendus en galerie, on voudrait qu’ils restent dehors, dans la rue. On ne comprend pas qu’ils puissent entrer dans les musées. En réalité, ils sont pleinement artistes et le sont partout : dehors, dedans, en galerie, en musée, dans les foires, etc…

Que pensez-vous d’une hypothétique légalisation du tag ?

C’est une question immense qui ouvre le champ à de multiples interrogations. C’est une question similaire à la légalisation des drogues illicites qui soulève notamment les points suivants : celui de la notion de transgression qui suscite, déclenche, stimule la créativité des artistes ; celui de la peine infligée pour un tag : n’est ce pas excessif de faire payer 20 000€ à un mineur pour un simple tag ? Plutôt que de légaliser, ne pourrait-on pas alléger la peine ?