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MissTic est probablement une des street artists les plus connues et les plus emblématiques. Son travail ne se limite plus à la rue où elle demande systématiquement l’autorisation avant de peindre, mais elle développe aussi des produits dérivés. Pour la plupart des artistes et acteurs du street art, son art devenu commercial l’éloigne des valeurs du street art. Nous l’avons rencontrée le 19 mars 2009 dans son atelier. Comment êtes-vous devenue MissTic ? C’est une pure création mentale qui a commencé dans les années 80. Votre enfance ? Votre famille ? Je ne viens pas du tout d’une famille intellectuelle. J’ai grandi dans une commune, Orly, mais très jeune je savais et j‘aimais lire. Je faisais de la danse classique et j’ai choisi le théâtre par défaut à la suite d’accidents qui m’ont empêchée de poursuivre mon rêve de concourir pour être petit rat de l’Opéra. C’est une rencontre avec mon prof de 6ème qui m’a orientée vers le théâtre. Mais j’avais déjà en moi ce besoin d’expression. J’étais déjà une artiste. Du théâtre de rue au Street Art ? La rue ? En quoi le théâtre de rue a influencé votre travail de rue ? Est ce que vous jouez sur la naïveté du public ? Je m’intéresse à la rue car elle est la voie du populaire, du public. Elle permet d’atteindre tout le monde avec ma poésie. C’est un geste politique dans le sens d’une volonté de s’adresser à tous, c’est une poésie démocratique. De même que la rue est un lieu de promotion, j’ai aussi commencé ce travail dans le but de me faire repérer par des professionnels, dans le but de pouvoir exposer un jour. Comment choisissez-vous les murs ? Les murs sont choisis, en fonction du passage dans la rue et de leur beauté. Quel est le lien entre votre œuvre de rue et votre peinture sur châssis ? J’utilise les mêmes pochoirs, la même typo. J’ai trouvé mon style et je suis une obsessionnelle. C’est mon langage. J’ai l’envie d’une expression éphémère grâce au street art et d’une expression plus persistante via les expositions. Je n’ai pas toujours été MissTic, avant je faisais de nombreux petits boulots tels que maquettiste et j’aurais pu en rester là. Mais je savais que je devais continuer à chercher. Qu’en est-il des produits dérivés ? Ca relève de la même volonté d’être accessible à tous. Commercial ? Oui, qui ne l’est pas ? Qu’est ce qui a changé depuis le temps où vous vous faisiez arrêter et passiez la nuit au poste et maintenant où vous pouvez demander des autorisations ? La méthode de travail. Je dois faire des lettres, mon intervention est moins spontanée. Mais je veux rester libre de choisir le contenu de mon pochoir. Si les gens sont choqués, n’aiment pas, je m’en fiche. Je ne travaille pas sur commande en demandant une autorisation. Est-ce que ces autorisations ont altéré votre légitimité en tant qu’artiste ? Transgresser ne veut pas dire être artiste. Les artistes ne sont pas tous des provocateurs, vous avez toutes sortes d’artistes : des convenables, des secrets, des provocateurs, des agressifs. Il y a autant de sortes d’artistes que de mots dans le dictionnaire. Les artistes ne sont pas en dehors du monde, ils en font partie et ils doivent jouer avec les codes du monde et donc demander des autorisations. Le contenu va au-delà de la transgression. Le plus important, c’est l’œuvre et pas la transgression ou l’autorisation. Quel rapport entretenez-vous avec la critique ? Je ne leur dis rien, je ne peux pas forcer les gens à aimer. Je ne travaille pas pour le monde. Est ce que vous aimez travailler à plusieurs ? En général non, même si certaines expériences se sont révélées plaisantes. Comment définissez-vous les street artists ? Est ce qu’on peut dire que le street art est né avec l’invention d’une technique, la bombe aérosol ?I Il est avant tout question de technique. Moi je fais des pochoirs, d’autres de la craie (Mesnager), du scotch (L’Atlas, Buren). Ernest Pignon-Ernest intervient avec des affiches, mais vend les dessins préparatoires, les recherches, et les photos du travail in situ. Ce sont tous des artistes qui ont trouvé leur style et se renouvellent en permanence avec leurs codes. Les street artists sont tous différents et ne se valent pas. Tout le monde ne travaille pas à la bombe. Et puis les street artists ne sont pas les premiers à avoir initié le mouvement, regardez les fresques du Moyen-Âge et de l’Amérique Centrale, on n’a rien inventé. C’est un mouvement, historique, culturel, media par la publicité, un art visuel ancien. Pensez vous qu’il y a une communauté de street artists ? Non. Il y a de bons artistes, des mauvais. Tous ne sont pas des artistes. Un peu comme des peintres du dimanche du graffiti. Certains sont à plusieurs, certains sont vieux, certains sont jeunes, etc… Ce n’est pas un groupe communautaire avec des codes … Avez vous eu l’intention de vous installer ailleurs ? Non, J’ai beaucoup voyagé mais je suis, travaille et reste à Paris. Est-ce que le street art est tendance ? Oui, mais à retardement. Si des jeunes exposent leurs créations à Maison et Objet, c’est bien la preuve qu’il y a un marché pour cela. Je fais moi-même des stickers avec l’éditeur Plage qui sont vendus 15€ chez Leroy-Merlin. C’est accessible et tendance. |
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