Petite sémiotique de l’hypothèse Gaia

Il est très intéressant de revenir sur le style de J.Lovelock dans L’hypothèse Gaïa : nous citerons simplement le livre pour mettre en évidence la façon, le style d’écriture employé par J.Lovelock dans l’hypothèse Gaia, pour mieux comprendre les critiques que certains acteurs de la controverse lui ont adressées.

Les métaphores sur Gaïa

« Ce livre est consacré à une quête de la vie, en effet la quête de Gaïa n’est autre qu’une tentative de découvrir la plus grande créature vivante sur Terre ».

« Mais si Gaïa existe bel et bien, il est probable que nous arrivions à la conclusion que nous et tous les êtres vivants faisons partie intégrante d’un vaste organisme qui possède dans son ensemble le pouvoir de conserver à notre planète ses caractéristiques vitales ».

Les fondements de l’hypothèse – aperçu

« Il semble en réalité que l’univers regorge de substances chimiques vitales ».

On éprouve le sentiment que notre galaxie serait un entrepôt immense renfermant les pièces de rechange de la vie.

Le lien entre l’hypothèse et le changement climatique :

« Si nous sommes disposés à considérer la biosphère comme étant capable à l’instar de la majorité des êtres vivants, d’adapter l’environnement à ses besoins, nous pouvons conclure qu’il existait de nombreuses solutions viables à ces premiers problèmes climatiques ».

Utilisation à de nombreuses reprises d’expressions comme :

« Il ne fait aucun doute que… »

« Il est certain que… »

Tout au long du livre, J.Lovelock emploie constamment des conditionnels :

« dans un premier temps, ces oligo-éléments auraient été rassemblés… »,

« le réseau de coopération le plus complexe disposerait… »

Exemples d’argumentation de J.Lovelock :

(Conclusion du chapitre 2) « La première apparition de l’oxygène dans l’air annonça une catastrophe presque fatale pour la vie primitive. Avoir échappé par pure chance à l mort par congélation ou ébullition, par manque d’aliments, par acidité, ou par trouble métabolique grave et enfin par empoisonnement paraît incroyable. En revanche, si la biosphère primitive évoluait déjà de manière à devenir plus qu’un simple catalogue d’espèces et assumait la capacité de réaliser un contrôle planétaire, notre survie en ces temps précaires devient moins incompréhensible. »

« La découverte d’un tel système (cybernétique) opérant à une échelle globale et ayant pour objectif l’établissement et la préservation de conditions physiques et chimiques optimum pour la vie, nous apporterait sûrement une preuve convaincante de l’existence de Gaïa ».

(Chapitre 5) Nos expériences ont confirmé la théorie et nous ont simultanément convaincus du fait que la composition de l’atmosphère terrestre est un mélange si curieux et si incompatible qu’il n’aurait pu se former ou persister par hasard ».

« Quelle est la raison d’être du méthane (…). Une fonction évidente (…) »

« La constance de la concentration d’oxygène suggère la présence d’un système de contrôle actif… »

« Un instrument régulateur semblerait au moins utile ».

Il utilise aussi beaucoup de comparaison, de métaphores pour faire comprendre le système de régulation de Gaïa, ce qui peut être due au fait que ce livre est un livre écrit pour le grand public, mais cela lui a valu de nombreuses critiques, car ces métaphores le conduisent nécessairement à donner une allure moins « scientifique » à ses propos, il semble que son argumentation n’est pas méthodique et sérieuse puisqu’il use d’un langage qui n’est pas habituel dans les cercles scientifiques, et que malgré cela, il décrit une hypothèse qui se veut « scientifique ».

Ainsi le début du chapitre 3 commence par :

« Imaginez une plage vierge chauffée par le soleil et balayée par le ressac des vagues, une plaine plate, lisse, formée de sable doré et scintillant où chaque grain disposé au hasard a trouvé sa place et où tout est tel qu’il le devrait ».

Certaines affirmations tiennent apparemment de la sensibilité de J.Lovelock aux atteintes humaines à la planète bien plus que de la démonstration de la validité de sa théorie :

« Nombreux sont ceux qui sont révoltés par le fusil du chasseur ou par les crocs de la meute, pourtant ces êtres par ailleurs sensibles et compatissants ne sont guère touchés dans l’ensemble par la mort et la dépossession fragmentaires imposées par les bulldozers, la charrue et le lance-flamme qui détruisent les habitats de nos partenaires en Gaïa ».

« Plus nous en saurons, mieux nous comprendrons jusqu’où nous pouvons aller en nous attribuant les ressources de la mer et quelles sont les conséquences du fait d’abuser de nos pouvoirs actuels d’espèce dominante, pillant ou exploitant ses régions les plus belles. »

D’ailleurs, les chapitres 7 & 8, intitulés respectivement « Gaïa et l’homme : le problème de la pollution » et « vivre avec Gaïa » sont les plus significatifs à ce sujet ».

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