L’hypothèse Gaïa

La Terre est un être vivant

L’hypothèse Gaïa ou “Gaïa, a new look at life on earth”

Préface de l’édition française (édition Flammarion, 1993, première édition : J. E. Lovelock, 1979)

1. Introduction

2. A l’origine

3. La reconnaissance de Gaia

4. La cybernétique

5. L’atmosphère contemporaine

6. Les eaux

7. Gaia et l’Homme: le problème de la pollution

8. Vivre avec Gaia

9. Epilogue

Annexe: Réponses à quelques critiques par Gérard Blanc

Préface de l’édition française (édition Flammarion, 1993, première édition : J. E. Lovelock, 1979)

La préface est écrite par Gérard Blanc, directeur de la revue CoEvolution (1986), fervent défenseur de l’hypothèse Gaïa. Il y cite le poète Hésiode :

Gaïa « la Terre au large sein, résidence à jamais inébranlable de tous les êtres vivants. »

Pour lui, les précédents dela Théorie Gaia sont les suivants:

- JB. Lamarck, dans Hydrogéologie, étudie l’influence des eaux sur la surface du globe terrestre et des changements que les corps vivants exercent sur la nature et l’état de cette surface.

- l’intérêt pour la biosphère aux lendemains de la Première Guerre mondiale a conduit à l’apparition de la notion de biosphère pour définir la somme de toutes les espèces vivantes (Vernadsky, 1926).

L’hypothèse Gaia, c’est la naissance d’une science nouvelle, une révolution scientifique qui bouleverse tant les sciences de la vie que les sciences de la Terre.

Préface

Le point déclenchant, selon Lovelock, serait l’observation de la Terre, de l’espace. Ainsi est née l’Hypothèse Gaïa : hypothèse suggérant que la matière organique, l’air, les océans et la surface terrestre de la Terre forment un système complexe susceptible d’être appréhendé comme un organisme unique et ayant le pouvoir de préserver les caractéristiques vitales de notre planète. Elle naît dans l’esprit de James Lovelock vers le milieu des années 1960.

C’est une hypothèse qui implique une étude interdisciplinaire : ceci explique un certain nombre de difficultés ainsi que de critiques.

Lovelock est le créateur du détecteur de capture électronique à lui sert de « monnaie d’échange » pour pénétrer dans les différentes disciplines scientifiques.

Mais il y aujourd’hui selon lui des interférences entre « les processus politiques du pouvoir » et la science « au détriment de la liberté d’esprit en matière de recherche. »

Il prévient également que certains passages peuvent paraître « influencés par les fléaux jumeaux de l’anthropomorphisme et de la téléologie. »

(Précédent : Alfred Redfield article de 1958 dans l’American Scientist où il avance l’hypothèse que la composition chimique de l’atmosphère et des océans est contrôlée de manière biologique en se fondant sur la répartition des éléments.)

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1. Introduction

Ce livre est consacré à une quête de la vie. Elle réside dans la tentative de découverte de la plus grande créature vivante sur Terre, Gaïa. Ce “vaste organisme possède dans son ensemble le pouvoir de conserver à notre planète ses caractéristiques vitales”.

A l’heure où Lovelock écrit ces lignes, en 1979, deux vaisseaux spatiaux Viking tournent autour de Mars. Leur mission est de rechercher une trace de vie actuelle ou révolue.

James Lovelock travaille alors dans une équipe de conseillers, dans les laboratoires de Jet Propulsion de l’Institut de Technologie de Californie à Pasadena, dont l’objectif est de mettre au point des moyens pour trouver des traces de vie sur Mars et les autres planètes. Cette équipe est dirigée par Norman Horowitz, « l’un des plus prodigieux biologistes spatiaux ».

Elle cherche des preuves de vie semblables à celles de la vie sur Terre. Elle va pour cela réaliser des expériences afin de :

- Voir si un échantillon de sol martien est capable d’assurer la vie de bactéries et micro-organismes

- Rechercher des substances chimiques qui indiqueraient la présence d’une vie active (Protéines, AA, substances optiquement actives)

Lovelock exprime son scepticisme face à cette situation : « Quelle assurance avons-nous que le mode de vie martien, pour autant qu’il existe, se prêtera aux méthodes de détection valables dans le cas du mode de vie terrestre ? » « Qu’est-ce que la vie, et comment reconnaître sa présence ? »

Quelques scientifiques qui se sont efforcés de définir la vie (Bernal, Schrödinger, Wigner) ; ils aboutissant à la même conclusion : “la vie est un membre de la classe des phénomènes regroupés dans des systèmes ouverts ou continus, capables de réduire leur entropie interne aux dépens de substance ou d’énergie libre qu’ils absorbent de l’environnement et qu’ils rejettent par la suite sous une forme dégradée”. Cette définition, trop générale pour Lovelock, montre cependant la bonne voie, car elle suggère une limite, une interface, entre “la région où le flux d’énergie est employé et l’entropie réduite, et l’environnement qui reçoit les déchets”.

Dans l’optique de différencier l’atmosphère d’une planète porteuse de vie et celle d’une planète morte, Lovelock suggère, au bout du compte, de détecter la vie par analyse atmosphérique. De surcroît, la réduction entropie (déséquilibre parmi les gaz atmosphériques) doit être une caractéristique générale de toutes les formes de vie.

Il propose également de considérer l’atmosphère comme extension dynamique de la biosphère elle-même. L’éditeur Carl Sagan qui accepte de faire paraître cette suggestion dans sa revue, Icarus. Mars, dont l’atmosphère a essentiellement du C02, ne révèle nulle trace de la chimie caractéristique à celle de l’atmosphère terrestre, et donc ne serait pas porteuse de vie.

Le programme spatial en sommeil, James Lovelock reçoit une invitation de la Shell Research Limited, en 1966, pour étudier les conséquences globales possibles de la pollution atmosphérique, en raison notamment du taux croissant de combustion des carburants fossiles.

Le résultat de ces nouveaux travaux est la formulation d’une hypothèse (p 30) => « l’ensemble des êtres vivants sur Terre peut être considéré comme formant une entité vivante unique, capable de manipuler l’atmosphère de la Terre de manière à satisfaire ses besoins généraux et dotée de facultés et de pouvoirs supérieurs à ceux de ses parties constituantes. »

Quelles sont les raisons de ce passage à l’hypothèse ?

- Le climat de la Terre n’a pas évolué depuis 3500 millions d’années et l’apparition de la vie, alors que l’émission de chaleur du Soleil, les propriétés de surface de la Terre et la composition de l’atmosphère ont changé de façon considérable pendant cette même période.

- La Composition chimique de l’atmosphère ne s’accorde pas avec les suppositions relatives à l’équilibre chimique de l’Etat stable. Déséquilibres par la présence de méthane, azote, et protoxyde d’azote -> l’atmosphère n’est pas un produit biologique mais une construction biologique, c’est à dire “l’extension d’un système vivant conçu pour préserver un environnement choisi.”

- Le Climat et les propriétés chimiques de la Terre semblent avoir toujours été optimaux pour la vie.

C’est William Golding qui recommanda à James Lovelock de nommer cette créature, de la taille de la Terre, Gaïa, le nom de la déesse grecque de la Terre, ou « Gé ».

L’hypothèse Gaïa fut présentée pour la première fois à un colloque scientifique sur les origines de la vie sur Terre, à Princeton, New Jersey, en 1969. Personne ne fut séduit par l’hypothèse, sauf Lars Gunnar Sillen, chimiste suédois décédé aujourd’hui, et Lynn Margulis, spécialiste des sciences naturelles de l’université de Boston. Une collaboration fructueuse entre celle-ci et James Lovelock débuta à Boston un an plus tard.

Gaïa est définie par ces derniers comme une entité complexe comprenant la biosphère terrestre, l’atmosphère, les océans et la terre. L’ensemble forme système de feedback ou cybernétique qui recherche un environnement physique et chimique optimal pour la vie sur la planète. Les conditions sont préservées de conditions par un contrôle actif, l’« homéostasie ».

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2. A l’origine

Les connaissances sur l’origine de la vie sur notre planète sont limitées. Ses débuts coïncident avec l’apparition d’assemblages primitifs, certains se combinant pour donner des assemblages plus complexes qui s’imbriquent à leur tour. En définitive, se forme une entité complexe possédant les propriétés de la vie elle-même.

« La vie était donc un des évènements les plus improbables ayant des chances presque infinies d’advenir. »

Hypothèses sur les circonstances de la formation de la Terre, il y a 4 éons1/2 :

- Production d’une supernova (i.e explosion d’une grande étoile) aux alentours de notre système : notre planète « est formée en grande partie de retombées d’une bombe à hydrogène de la taille d’une étoile. »

- Système susceptible donc de s’être formé parallèlement à une supernova. La vie est apparue dans des conditions de radioactivité pires que celles que craignent aujourd’hui les environnementalistes : pas d’ozone ni d’oxygène libre dans l’air, surface de la Terre exposée aux rayons UV du soleil. On craint les énergies nucléaires et celle des Ultra Violets, mais « la matrice même de la vie fut baignée par la lumière de ces puissantes énergies ».

- Formation de la seconde atmosphère : gaz internes plus riches en hydrogène que ceux qui émanent aujourd’hui des volcans. « Les composés organiques, éléments de la vie, nécessitent que quelque hydrogène soit disponible dans l’environnement tant pour leur formation que pour leur survie. »

- Eau aussi matériau essentiel à la vie

- Potentiel d’oxydoréduction et niveau de Ph : deux facteurs essentiels qui déterminent si une planète se prête ou non à la vie. « La terre dut bénéficier d’une atmosphère réductrice, riche en hydrogène, à l’époque où apparut la vie ». La Terre ne peut préserver indéfiniment l’hydrogène sans assistance biologique.

L’histoire de la Terre est un des arguments les plus forts en faveur de l’existence de Gaïa. Jamais le climat n’a été défavorable à la vie ; on pense d’ailleurs que le climat a toujours été semblable à celui que nous connaissons. Ce qui est curieux vu le fait que l’émission d’énergie solaire se serait accrue d’au moins 30%. Le climat de la terre n’est donc pas uniquement déterminé par l’émission du soleil. Car « si la Terre n’était rien de plus qu’un objet inanimé solide, sa température de surface suivrait les variations de l’émission solaire ».

La température de la Terre est toujours demeurée constante et favorable à la vie, un peu à la manière dont la température de noter corps s’autorégule.

Diverses explications proposées à la constance de notre climat :

- Carl Sagan et son collaborateur le Docteur Mullen : dans les 1ers temps, des gaz dans l’air tels que l’ammoniac ou le CO2 aidaient à conserver la chaleur que recevait la Terre. Ce sont les « gaz serres ».

- Le Professeur Meadows et docteur Henderson Sellers : aux 1ers temps de son existence, la surface de la Terre était de couleur sombre et absorbait plus de chaleur solaire que de nos jours, c’est la modification de l’albédo qui est en jeu.

Pourquoi ces hypothèses pêchent ?

L’environnement chimique de la terre change au fur et à mesure que se forme la première biosphère. La vie ne disposait au départ que d’une réserve d’aliments limitée. Deux possibilités s’offre à elle : mourir de faim, ou apprendre « à synthétiser ses propres éléments constituants fondamentaux à partir des matières brutes plus fondamentales de l’environnement ».

Ceci hâte la « diversification, l’indépendance et la robustesse de la biosphère en expansion ». C’est à cette époque que voit le jour l’idée de prédateurs, de proies et de chaînes alimentaires.

En conséquence à cette activité incessante est la circulation à travers la biosphère des gaz atmosphériques : NH3, CH3 et CO2. Ils fournissent les éléments essentiels à la vie : C, N et H.

Si d’autres sources d’approvisionnement devenaient insuffisantes, la composition de l’atmosphère se serait alors modifiée de façon considérable, avec un épuisement en NH3 et CO2. Une baisse de la température de surface aurait du compenser cette perte. Suggestion de Sagan et Mullen = la biosphère remplace le NH3 qu’elle prélève comme nourriture. S’ils ont raison, on se retrouve en présence du 1er besoin de Gaïa.

Après une chute de température, l’air est plus pauvre en NH3, absorbé par les océans. La chaleur qui s’échappe dans l’espace entraîne une rétroaction (”feedback”) positive, et donc un refroidissement supplémentaire. Si la biosphère avait surcompensée le manque de « nourriture » en synthétisant du NH3, une augmentation de chaleur aurait pu alors se produire, produisant un effet inverse. On se serait retrouvé en présence d’une planète stable, mais morte, avec une température proche des 100°.

Un processus de feedback négatif naturel, comme la formation de nuages, a pu assurer des conditions tolérables pour la vie, mais la biosphère a du apprendre à contrôler son environnement, « en le conservant à proximité de l’état de vie optimum ». Au final, ceci produit un système de contrôle actif.

Pour que la vie persiste, d’autres critères sont à prendre en considération, comme les déchets toxiques, l’acidité, l’eau, mais aussi et surtout les oligo-éléments. Dans un 1er temps, ils furent puisés dans la réserve environnementale, puis, alors que prolifère la vie, une compétition pour les éléments les plus rares se met en place. S’installe alors un réseau de coopération « qui disposerait de propriétés et de pouvoirs supérieurs à ceux de la somme de ses parties, et dans cette mesure peut être considéré comme une des faces de Gaïa ».

En outre, la 1er biosphère est confrontée à des problèmes chimiques se traduisant par un manque de matériaux essentiels et une pollution locale, comme aujourd’hui. La pollution est « une conséquence inévitable du processus actif de la vie ». Elle est un bien précieux.

« Cette biochimie imaginaire n’a peut-être jamais eu d’existence réelle. L’important est de constater que des organismes disposant de la capacité de convertir l’énergie de la lumière solaire en une puissance chimique emmagasinée auraient disposé d’une capacité et d’une énergie libre suffisante, même dans une atmosphère réductrice, pour mener à bien la majorité des processus chimiques. »

L’introduction d’oxygène reste l’accident le plus grave de pollution atmosphérique que la biosphère ait jamais connu. Elle ouvre la voie à une ère qui marque la fin de l’ammoniac comme moyen de conserver la chaleur sur la planète. Par la manière souple de Gaïa, on eu une « adaptation au changement et la conversion d’un intrus meurtrier en un intrus puissant ».

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3. La reconnaissance de Gaïa

Il se peut toujours que nous soyons dans un monde où le changement n’est rien de plus que « le profil changeant des dunes balayées par le vent ». Un château de sable sur une plage pourrait représenter la création humaine. Il ne s’intègre pas dans l’environnement local, ce qui prouve que n’est pas un phénomène naturel. Même la forteresse d’un enfant est trop complexe pour que la nature en soit à l’origine.

Il existe quatre états distincts sur cette plage avec son château :

- l’état de neutralité sans caractéristique et d’équilibre complet, qu’on ne rencontrera jamais sur Terre tant que le soleil brillera et fournira de l’énergie pour déplacer les grains de sable ;

- l’« état stable » : structuré mais toujours dépourvu de vie, illustré par une plage ridée par le vent ou exhibant un produit de la vie (le château) ;

- l’état dans lequel la vie occupe la scène (le constructeur du château de sable serait alors présent).

Les indices confirmant l’existence de Gaïa sont aussi éphémères que le château de sable. Si ses partenaires vivants n’existaient pas, réparant et recréant continuellement, toutes les traces de Gaïa auraient disparu. Comment faire la différence entre les œuvres de Gaïa et les structures relevant du hasard des forces naturelles ? Comment reconnaître Gaïa elle-même ?

Il faudrait tout d’abord redéfinir l’entropie. C’est une mesure de la probabilité d’une distribution moléculaire : partout où nous découvrons un assemblage moléculaire des plus improbable, il est logique de conclure que nous sommes en présence de la vie ou de l’un de ses produits. Si nous constatons qu’une telle distribution est d’une étendue globale, alors nous pourrions être en présence d’un élément de Gaïa, la plus grande créature vivante sur Terre. Qu’est-ce qu’une distribution improbable de molécules ?

- Une distribution suffisamment différente de l’état environnant pour être reconnaissable en tant qu’entité ;

- Autre définition : une distribution moléculaire improbable nécessite une dépense d’énergie pour son assemblage à partir de l’environnement de molécules à l’état d’équilibre.

La reconnaissance de Gaïa dépend donc de la découverte, à une échelle globale, d’improbabilité dans la distribution si exceptionnelle des molécules, qu’elle apparaît comme différente et reconnaissable, au-delà du doute raisonnable, à la fois de l’état stable et de l’état d’équilibre conceptuel. Si nous sommes en présence d’une état de déséquilibre, il serait en principe possible d’en extraire quelque énergie (grain de sable chutant). En revanche, si nous étions face à un état d’équilibre, tout est de niveau et nulle énergie n’est disponible. Si nous supposons qu’il existe une source fortuite constante de désordre (vent dans notre monde de sable), nous pouvons calculer quelle sera la distribution des composés chimiques quand l’état d’énergie le plus bas sera atteint, c’est-à-dire quand il ne sera plus possible d’obtenir nulle énergie supplémentaire par réaction chimique dans cet état.

Le chimiste suédois Sillen a été le premier à calculer le résultat que l’on obtiendrait si l’on amenait les substances de la Terre à un équilibre thermodynamique. Ses calculs qui ont été vérifiés et confirmés.

Faisons l’hypothèse que nous sommes dans un monde totalement confiné, dans un récipient isolant, une sorte de vase de Dewar cosmique, maintenu à une température de 15°C. Puis l’ensemble de la planète serait mélangé jusqu’à ce que toutes les réactions chimiques possibles soient achevées et l’énergie libérée expulsées pour que la température soit constante. Nous obtiendrions une atmosphère de carbone sans oxygène ni azote, aucune source d’énergie (ni pluie, ni vagues…), ni aucune possibilité de réaction chimique susceptible de fournir de l’énergie. Ce monde serait incapable de supporter la vie, qui nécessite un flux d’énergie constant du Soleil pour persister. Dans un monde réel mais sans vie, une petite quantité d’oxygène serait susceptible d’apparaître, lorsque l’eau se décomposerait aux extrémités extérieures de l’atmosphère (2H2O = 2H2 + O2). La quantité de dioxygène produite alors porte à débat, mais ce qui est certain, c’est qu’une quantité infime de dioxygène serait produite,, comme sur Mars. Des énergies motrices (roues et moulins à vent) seraient présentes, mais aucune énergie chimique. Il serait impossible d’allumer un feu dans un tel monde, car cela nécessiterait au moins 12% d’O2 dans l’air.

Remarquons que le monde sans vie à l’état stable diffère du monde en équilibre imaginaire, mais la différence moins importante que celle existante entre l’une d’elle et notre monde vivant actuel.

Sur la Terre que nous connaissons, une puissance chimique est disponible et il est possible d’allumer des feux presque partout. Il suffirait d’une augmentation de 4% du niveau en dioxygène dans l’atmosphère pour confronter le monde à un danger de conflagration. La nature reconnaissable d’un phénomène en terme chimique peut être mesuré par l’intensité de l’énergie libre (l’énergie dégagée par l’allumage d’un feu par exemple). Par cette seule mesure, notre monde, même dans ses parties non vivantes (château de sable), est reconnaissable comme foncièrement différent des mondes d’équilibre et d’état stable. Si la vie s’éteignait, l’énergie libre disponible pour allumer des feux disparaîtrait aussitôt, proportionnellement à la déperdition en dioxygène de l’air. Ce processus nécessiterait plusieurs millions d’années, soit une période insignifiant par rapport à la vie d’une planète.

En conséquence, il est presque certain que les château de sable ne sont pas des conséquences accidentelles de processus naturels mais non vivants (vent, vagues), idem pour les modifications chimiques de la composition de la surface et de l’atmosphère de la Terre qui permirent l’allumage des feux. Maintes caractéristiques non vivantes de notre monde sont le donc le résultat direct de la présence de la vie. Lorsque ces déséquilibres profonds atteignent une ampleur globale, comme la présence d’oxygène et de méthane dans l’aire ou de bois sur le sol, nous sommes en présence de quelque chose dont la taille est capable de préserver l’existence et la constance d’une distribution hautement improbable de molécules.

Mars pourrait être un prototype de monde non vivant en état stable. Le professeur Michael McEltroy de l’université de Harvard suggère que l’azote s’est échappé dans l’espace. Une autre hypothèse consiste à supposer que l’azote est chimiquement lié à la surface sous forme de nitrate ou de quelque autre composé azoté.

Considérons deux autres manières de construire un monde sans vie en état stable et comparons le résultat obtenu avec le monde modèle précédent. La planète obtenue serait à mi-chemin entre Mars et Vénus.

Une autre alternative serait de supposer que toute vie ait disparu sur Terre. Il est difficile de trouver un processus permettant d’éliminer la vie sans altérer l’environnement physique. On pourrait détruire la couche d’ozone, mais les cyanobactéries survivraient car protégées des rayons ultraviolets. La radiation nucléaire pourrait constituer une autre solution. Cependant, beaucoup d’études de l’Atoll de Bikini, où beaucoup de tests atomiques ont été effectués, ont montré qu’en dépit de la radioactivité constante dans les eaux et le sol, l’écologie normale de la région n’avait guère été affectée, sauf aux endroits où les roches ont été mises à nu. Les mêmes conclusions ont été tirées du rapport de 1975 de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis sur les effets des explosions nucléaires et leurs retombées, qui a d’ailleurs essuyé de nombreuses critiques car il déchargeait les militaires de leurs scrupules. Supprimer la vie de la planète sans la modifier physiquement semble ainsi presque impossible.

Le cas du docteur Intensli Eeger et de ses céréales traitées au bactéries phosphomonas eegarii, qui amasse le phosphate présent dans le sol au bénéfice de la plante, aboutit à la même conclusion. Il a mené ses expériences dans le Northern Queensland où il s’est rendu compte qe la bactérie préférait une algue bleue au riz, menant à une prolifération dévastatrice de l’algue qui étouffe toute vie. Aucun prédateur capable de stopper la propagation n’existait, Gaïa était moribonde. Puis la production biologique d’ammoniac cessa progressivement, la matière pourrissante, y compris d’énormes quantités de l’algue elle-même, produisit des composés de souffre qui s’oxydèrent et libérèrent de l’acide sulfurique dans l’atmosphère. Les pluies sont ainsi devenues sans cesse plus acides, privant l’usurpateur de son habitat, celui-ci manquant déjà d’autres éléments essentiels. L’algue disparut progressivement, ne subsistant quelques temps que dans quelques biotopes marginaux. Que s’est-il réellement passé ? Cette Terre agonisante pourrait évoluer inexorablement vers un état stable stérile, en un million d’années minimum. Des radiations émanant du Soleil bombarderaient le monde et briseraient les liens chimiques les plus stables, menant à une recombinaison vers des formes plus proches de l’équilibre. La Terre serait balayée par de pluies d’acide nitrique et sulfurique, une partie du CO2 stocké par la vie sous forme de calcaire et de chaux regagnerait ainsi l’atmosphère. Le réchauffement de la Terre à cause du dioxyde de carbone provoquerait une accélération des réactions chimiques et de leur progression vers un état stable. Toutes traces de l’algue destructrice auraient disparu entre temps.

La progression vers l’équilibre pourrait se faire de diverses façons. Les mers bouillonnantes conduiraient à la formation de nuages orageux qui pénétreraient jusque dans la couche supérieure de l’atmosphère. Une augmentation de la température et de l’humidité accélèrerait la décomposition de l’eau qui libérerait ne quantité supérieure de dioxygène. L’azote aurait presque entièrement disparu de l’air. L’atmosphère serait formée de dioxyde de carbone et de vapeur et comprendrait moins d’1% de dioxygène et de gaz rares (n’ayant aucun rôle chimique). La Terre serait une sorte de Vénus moins chaude. Mais la progression vers l’équilibre pourrait aussi donner lieu à une planète semblable à Mars mais en moins froid.

Le réseau d’intelligence de Gaïa et son système complexe de vérifications et d’équilibre étant totalement détruits, il n’y aurait aucun moyen de revenir en arrière. Enfin, rappelons que ces scénarii correspondent à de la science fiction, le spécialiste de la manipulation génétique John Prostgate affirme que rien de tout cela ne pourrait arriver dans la réalité.

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4. La cybernétique

Le terme « Cybernétique » (du grec Kuber-nêtikê, « science du gouvernement »), a été employé couramment pour la première fois par le mathématicien américain Norbert Wiener. Il désigne l’étude des systèmes de communication et de contrôle autorégulateurs chez les organismes vivants et les machines. Il stipule que les objets stables ont des bases larges et la majeure partie de leur masse centrée en un point bas. Une analogie avec les « mécanismes subtils » qui nous permettent de demeurer debout, sur un bateau qui tangue par exemple, pourrait être effectuée. Il ne suffit pas de nous opposer à une force qui nous pousse trop loin de notre objectif ; encore devons-nous évaluer de manière sereine, précise et continuelle la puissance de l’opposition si nous désirons atteindre notre objectif.

L’une des propriétés les plus caractéristiques de tous les organismes vivants, du plus petit au plus grand, est leur capacité à élaborer, à opérer et à préserver des systèmes qui fixent un objectif, puis à s’employer à l’atteindre par le processus cybernétique de tâtonnement.

Nous sommes toujours à la recherche d’une preuve convaincante de l’existence de Gaïa, c’est-à-dire de la découverte d’un tel système opérant à une échelle globale et ayant pour objectif l’établissement et la préservation de conditions physiques et chimiques optimums pour la vie. Les systèmes cybernétiques utilisent une logique circulaire différant du raisonnement linéaire de cause et d’effet. Il correspondrait par exemple au contrôle de la température dans un four, qui oscille au-dessus et en-dessous de la température désirée. L’obtention d’un talent quelconque est une question de cybernétique. Nous nous efforçons de faire de notre mieux et de commettre le moins d’erreurs possibles. Nous faisons un effort constant jusqu’à ce que nous soyons convaincus de nous trouver aussi près que possible du résultat optimum que nous ne serons jamais en mesure d’atteindre. En cybernétique, il est donc impossible de distinguer la cause de l’effet, la question même ne se pose pas. Pour un four doté d’un thermostat, il est impossible de comprendre son mode de fonctionnement par l’analyse, en séparant ses parties composantes et en les étudiants à tour de rôle. La clef de la compréhension des systèmes cybernétiques est qu’à l’instar de la vie elle-même, le total est toujours supérieur à la somme de ses parties. Ces engins ne peuvent être considérés et compris que comme des systèmes opérants. Par exemple, un cadavre ne donne guère d’informations sur l’individu qu’il fut.

Dès le début de la vie, la température de surface moyenne de la Terre n’a jamais varié de plus de quelques degrés. Dans le chapitre 2, nous avons vu qu’il était possible que la température de surface de la Terre soit maintenue activement à un seuil optimum par et pour l’entité complexe Gaïa. Quelles parties d’elle-même emploie-t-elle comme thermostat ?

L’exemple de la régulation de la température du corps humain illustre ce que nous recherchons. T. H. Benzinger et ses collègues affirment que la température de l’organisme est maintenue à un niveau optimum constant à la suite d’une décision consensuelle prise par le cerveau en consultation avec les autres parties du corps en fonction des circonstances. L’objectif final est un fonctionnement optimum pour l’occasion plutôt qu’une température optimale en soi. Il existe bien entendu nombre d’autre mécanisme de régulation de la température, tels que porter des vêtements et construire une maison.

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5. L’atmosphère contemporaine

L’atmosphère est composée de plusieurs couches distinctes :

- La troposphère : jusqu’à 7 miles d’altitude. Elle se divise en deux parties : la limite est à l’équateur. Au sud, on trouve de l’air “clair” ; alors qu’au nord, l’air est relativement “sale”. Les gaz réagissent comme une flamme lente et froide : les gaz sont oxydés et balayés de l’air par réaction avec l’oxygène, ces réactions sont rendues possible par la lumière solaire. La température chute de 1°C chaque fois que l’on monte de 100m environ, ceci facilite le mouvement ascendant de l’air et la formation de nuages.

- La stratosphère : au-dessus de la tropopause. L’air ne s’y mélange pas facilement dans le sens vertical malgré des vents forts. La température augmente en même temps que l’altitude. La formation et déformation de l’ozone (O3) se fait à ce niveau .L’équilibre de l’ozone est à 5ppm maximum.

- L’ionosphère : l’air est très ténu, le rythme des réactions chimiques s’intensifie (dû aux rayons non filtrés du Soleil), sauf pour le N2 et CO, molécules qui ont tendance à se dissocier en leurs atomes constitutifs. On y trouve des ions et électrons positifs à couches conductrices d’électricité.

- L’exosphère : ne fait que quelques centaines d’atomes par cm3; est la source de fuite d’atomes d’hydrogène.

Lovelock est parti de l’analyse de la composition chimique de l’atmosphère pour révéler l’absence ou la présence de vie sur Mars; d’où la conclusion : l’atmosphère d’une planète vivante est profondément différente de celle d’une planète morte.

La composition de l’atmosphère viole les règles de la chimie de l’équilibre, d’où l’idée que ceci confirme l’hypothèse Gaïa, la biosphère maintient un environnement optimum à la vie.

Voyons ce qui l’en est pour chacune des molécules suivantes:

O2 : cette molécule établit un niveau de référence énergétique pour toute la planète. C’est un matériau combustible. D’où vient l’O2 ?

- Produit par la photosynthèse des plantes mais réutilisé par la respiration.

- Ancienne idée : photolyse des vapeurs d’eau (2 H2O = 2H2 + O2)

- Carbone capté par les plantes, une partie est enfouie avec les débris végétaux (≈0,1%) et laisse un O2 de plus dans l’atmosphère.

21% d’O2 : c’est la limite acceptable pour la vie. Au-delà, danger d’ignition (combustion vive). A ce niveau, les risques et avantages s’équilibrent.

CH4 :

est un produit biologique (panse des ruminants, fermentation bactérienne des boues dans le marais…). sa production est de l’ordre de 1000 millions de tonnes par an. Sa production industrielle coûte en énergie.

Quelle est sa fonction dans l’atmosphère ?

- Maintien des zones anaérobies d’où il est originaire.

- Régulateur à deux voies de l’O2 :

o une partie s’élève jusqu’à la stratosphère (oxydation): CH4 = CO2 + H2O ;

2 H2O = 2H2 (s’échappe dans l’espace) + O2 (descend)

CH4 fournit de la vapeur d’eau à la partie supérieure de l’atmosphère, et du O2 même si c’est en petite quantité.

o dans les couches inférieures : il permet de “consumer” environ 2000 mégatonnes d’O2 par an. Sinon il y aurait élévation du taux de O2 de 1% tous les 12000 ans.

Il y a donc un système de contrôle passif de l’O2 (maintien de l’équilibre par gain net lors de l’enfouissement du carbone et perte nette due à la réoxydation des matériaux réducteurs expulsés de sous l’écorce terrestre) mais insuffisant. On a donc aussi un système de contrôle actif doté d’un moyen de percevoir et de signaler tout écart par rapport à la concentration optimale de l’air en O2 : y aurait-il un lien avec la production de CH4 et à l’enfouissement du carbone ?

N2O (protoxyde d’azote) : 1/3 ppm alors que cette modélcule est produite en beaucoup plus grande quantité par les micro-organismes des sols marins. Il est rapidement détruit par les rayons du soleil (≠N2).

Deux utilisations possibles :

- régulation de l’O2 : contrepartie possible du CH4.

- Dans la stratosphère, N2O donne de l’oxyde nitrique = destructeur de l’O3. En effet l’excès d’ozone est nocif pour le climat.

NH3 (ammoniac) : son origine est biologique (1000 mégatonnes par an). Sa production coûte en énergie. Il permet de contrôle de l’acidité de l’environnement. En l’absence de NH3 : pH8 (alors que l’optimum de la vie est à pH3.

N2 (diazote): compose 78% de l’air. Le lien N–N est très puissant, c’est donc un gaz peu réactif. Une de ses forme stable est le NO3 dans la mer. Si il n’y a pas pas de vie, il retourne à cet état.

Pourquoi se maintient-il à ce taux ? C’est un bâtisseur de pression (maintien du climat), il permet la dilution de l’O2, sinon la salinité de l’océan trop importante pour la vie (cf. chapitre 6).

Il n’y a pas relation entre quantité de gaz et leur importance : les gaz les plus rares ont souvent une grande importance.

Il existe aussi des substances réactives passagères : radicaux libres comme le radical méthyle (issu de la première oxydation du méthane); ainsi que des gaz rares ou nobles (Ar, Xe, Ne, Kr) représentatifs de ce que serait l’atmosphère d’une planète sans vie : origine inorganique, gaz inertes…

CO2 : 0,03%. Il est maintenu à un taux constant par réaction avec l’eau où il est sous forme de d’acide bicarbonique (H2CO3) et HCO3 (50 fois plus de carbone sous ces formes dans l’océan que dans l’air). La majorité des formes de vie contiennent une enzyme anhydrase carbonique qui accélère la réaction du CO2 avec l’eau. La carbone est ainsi stocké dans les fonds sédimentaires marins.

Mais le CO2 et l’eau sont des gaz à effet de serre qui permettent le maintien de la température de la Terre.

La biosphère interagit constamment avec le CO2 de l’atmosphère.

H2O : C’est le fameux cycle de l’eau. Sans eau, pas de vie.

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6. Les eaux

Les eaus sont sur ¾ de la surface de la Terre; et forment ½ de la matière vivante terrestre.

la profondeur moyenne est de 3200m ; le volume total : 1,2 milliards de km3 ; la masse totale : 1,3 millions de millions de millions de tonnes.

L’océan forme un réservoir de gaz dissous à assure la régulation de la composition de l’air. Ceci a conduit à l’émergence de l’océanographie.

Question initiale : pourquoi la mer est-elle salée ?

- écoulement continental : sels sont charriés par les pluies et les fleuves ;

- effet « moulin à sel » : des roches pâteuses jaillissent du sol de l’océan et se propagent dans les eaux.

Mais il y aurait trop de sel !

La teneur en sel de l’océan : 3,4% (dont 90% de NaCl). Elle n’a pas beaucoup changé depuis la formation des océans. La composition de l’eau de mer varie un peu d’une région à l’autre et en fonction de la profondeur.

Une cellule vivante, sauf rare exception, ne peut pas survivre plus de quelques secondes dans un environnement dont la salinité dépasse 6%.

Le principe d’osmose dispose que l’augmentation de la concentration de l’environnement extérieur peut être compensée par une pression osmotique (force mécanique) exercée par l’organisme pour résoudre le problème mais pas au-delà de 6% de salinité.

Il y aussi l’effet écran des ions : plus la concentration en sel est élevée, moins les macromolécules peuvent interagir entre elles; donc si environnement trop salé, la membrane ne peut plus tenir.

Conséquence : on doit plutôt se demander comment le sel est extrait de l’eau de mer.

Cela peut être des mécanismes inorganiques non vivants (Broecker) :

- pluie de débris qui se déposent dans le sédiment du sol marin ou se combinent avec les minéraux du sol océanique ;

- dans des zones de forte évaporation, cristallisation des sels et dépôts ;

Ceci xpliquerait que le taux moyens reste constant mais pas qu’on évite des fluctuations au-delà de 6%.

Certains processus biologiques sont connus :

- Coccolithophores : participent à la régulation du taux de carbonate dans l’eau.

- Diatomées : squelette en opale (dérivé du silicium) à mécanisme de contrôle et de régulation du taux de silice dans l’eau de mer.

Lovelock pose des explications du maintien de la salinité :

- Pour les protistes à coquille dure particulièrement sensibles aux variations de la salinité, lorsque le taux de sel est trop élevé, ils meurent et entraînent en tombant des sels vers le fond des océans (trop faible) ;

- La nature crée des barrières naturelles comme les récifs de coraux (voire les volcans issus des dépôts de sédiments) qui retiennent l’eau à plus forte évaporation; donc les dépôts de sels sont éliminés par les processus géologique naturels.

- En 1971, à bord du Shackleton pour étudier l’équilibre entre consommation et réserves en souffre à l’échelle mondiale à solution; Lovelock étudie le sulfure diméthyle, produit en grande quantité dans les eaux côtières, riches en êtres vivants (notamment algue rouge). C’est produit seulement dans l’eau de mer (activation du système enzymatique). ce peut donc être un des moyens dont dispose Gaïa pour assurer un équilibre entre souffre marin et souffre terrestre.

- Même chose avec certains halocarbones : iode méthylique, tétrachlorure de carbone.

Les laminaires sur les côtes produisent de l’iode méthylique. celui-ci réagit avec les ions Cl— de l’eau de mer; d’où chlore méthylique. C’est le principal gaz porteur de chlore dans l’atmosphère (assure la régulation de la densité d’ozone.)

Lovelock propose une idée, peut-être un peu tirée par les cheveux, que le déplacement des oiseaux et des poissons migrateurs aurait pour but de recycler le phosphore.

D’où cependant la nécessité de préserver ces bandes côtières pour assurer ces mécanismes.

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7. Gaïa et l’Homme : le problème de la pollution

« Nous préférons aujourd’hui attribuer notre disgrâce à la curiosité insatiable de l’homme et à son besoin irrésistible de pratiquer des expériences et d’interférer avec l’ordre naturel des choses ».

Pollution anthropique et pollution naturelle :

Généralement admis : les activités de l’homme forment une menace pour la vie sur la planète, chaque jour de plus en plus. Les activités industrielles actuelles et futures forment peut-être une menace pour la vie humaine, mais les risques que cela « mette en danger la vie de Gaïa dans son ensemble sont relativement faibles ».

Cependant, on oublie que des substances toxiques, chimiques, naturelles existent et qu’elles sont produites par la nature, par les plantes. La question devient donc : peut-on considérer que la pollution est naturelle ? Est un phénomène naturel ? Si on considère la pollution comme étant le déversement de déchets, alors celle-ci est naturelle. « Elle est aussi naturelle à Gaïa que le fait de respirer aux hommes et à la plupart d’autres animaux ».

à le plus grand désastre environnemental : la pollution de l’air par l’oxygène. Adaptation.

« Le concept même de pollution est anthropocentrique et il n’est pas hors impossible qu’il soit totalement hors de propos dans le contexte gaïen ». « Presque tous les polluants (…) ont un arrière plan naturel ». Ils sont même parfois présents dans des proportions qui nous seraient létales si nous y étions exposés, et il se peut que si la quantité de l’une de ces pollutions augmentait massivement, il est à attendre qu’une adaptation surviendrait pour y faire face. Et si une mutation conduit l’espère à produire une substance toxique, alors elle s’expose elle-même à la destruction, mais si cette substance est plus toxique encore pour ses rivaux, alors elle pourra peut-être s’adapter afin d’y survivre et même produire des substances encore plus létales, c’est ainsi que va la sélection darwinienne.

La pollution contemporaine d’un point de vue gaïen :

Nous avons été entraînés à chercher au mauvais endroit. Il semble que dans les endroits où la pollution industrielle a pu sévir, les endroits les plus peuplés, aujourd’hui la nature n’y ait qu’une envie, reprendre sa place. Nous focalisons sur la pollution urbaine parce que nous vivons majoritairement dans les villes. Les plus grands désordres ne sont en fait pas majoritairement dans les régions urbanisées du Nord. Les désastres environnementaux ne sont pas le fruit des avancées technologiques trop rapides mais « les fruits d’une économie rurale malsaine et mal adaptée, supportée par une technologie primitive ».

Les activités de l’homme qui constituent une menace pour la vie que la planète supporte doivent être majoritairement trouvés dans le fait que nous avons altérés les cycles chimiques de la planète avec les industries chimiques et la combustion des ressources fossiles. Nous sommes responsables de :

- Augmentation du cycle du carbone de 20%

- Augmentation de celui de l’azote de 50%

- Augmentation de celui du souffre de plus de 100%[1]

Quelques conséquences ?

- effet de serre (explication le phénomène n’est pas encore très bien connu à l’époque)

- refroidissement

o pour l’instant, il est possible qu’effet de serre et refroidissement s’annulent.

- Affectation de régions vitales pour Gaïa et sa régulation

Le problème de nourrir je ne sais combien d’êtres humains sans affecter les systèmes régulateurs de Gaïa est beaucoup plus complexe que le problème de la pollution industrielle. Il faut donc prendre garde à ne pas endommager les régions vitales

o Substances bénéfiques à la bonne dose mais nocives si la dose est dépassée, alors elles sont nocives.

Il faut prendre garde à ne pas réagir de manière excessive en écoutant les « avertissements explosifs des environnementalistes radicaux »

« La survie de notre espèce et des riches variétés de vie sur Gaïa semblent prouver de manière satisfaisante que l’épuisement de l’ozone ne peut être aussi mortel qu’on le prétend souvent », ou bien que les théories sont fausses et qu’il n’y a jamais eu d’épuisement d’ozone.

Nous avons le temps, il n’est pas besoin de s’alarmer mais de laisser les scientifiques faire leur travail avant de pouvoir prendre des mesures en toutes connaissances de cause : « Nous ne devons pas ignorer ceux qui nous mettent, en garde avec leurs contes effrayants de cancers répugnants résultant de l’emploi continu d’aérosols et d’autres ustensiles tels que les réfrigérateurs, qui contiennent des chlorofluorocarbones. Nous ne devons pas non plus paniquer et promulguer des lois prématurées et injustifiées bannissant l’emploi de produits par ailleurs appréciables et inoffensifs. Nous disposons de suffisamment de temps et les scientifiques d’assez de volonté pour étudier et confirmer ou infirmer les allégations et laisser ensuite aux légistes le soin de décider de manière rationnelle ce qu’il convient de faire ».

Ex : « La production de protoxyde d’azote ou de chlorure méthylique d’origine naturelle fait partie intégrante du système régulatoire de Gaïa ».

La technologie nous permet de maintenir le contrôle exercé par Gaïa. « Tant que nous serons en mesure de maintenir un niveau de technologie relativement élevé, ce programme de contrôle pourra se poursuivre et même se développer ».

Les campagnes de réduction de la consommation d’énergie ont moins de chances d’aboutir que l’investissement dans la recherche sur les nouvelles technologies. « Il est possible qu’en définitive nous élaborions une technologie sensible et économique et que nous nous retrouvions plus en harmonie avec le reste de Gaïa. Je crois que nous avons plus de chances d’atteindre cet objectif en conservant et en modifiant la technologie qu’en lançant une campagne réactionnaire de retour à la nature ». Car « Nos incertitudes quant à l’avenir de notre planète et aux conséquences de la pollution naissent en grande partie de notre ignorance des systèmes de contrôle planétaire ».

L’existence de Gaïa suppose qu’il existe des espèces qui coopèrent pour réguler le système.

Les laminaires, concentrent « l’élément iodé » de la mer et fabriquent des substances riches en iode. Ces composés s’échappent dans la mer puis l’atmosphère. L’iodure méthylique est un des plus importants. (T° d’ébullition 42°C) Il s’échappe ensuite dans l’atmosphère ou réagit avec l’eau de mer pour former le chlorure méthylique. Il est ensuite décomposé en quelques heures et libère l’iode, qui, étant une substance volatile, demeure assez longtemps pour être propulsé au-dessus des continents. Ainsi, si une partie reforme de l’iodure méthylique, une autre partie peut être absorbée par certains mammifères, dont l’homme, pour qui il est indispensable à la vie.

Mais augmenter la production de Varechs, les algues en question risque de provoquer une pollution que l’on pourra comparer à celle des chlorofluorocarbones. Cela pourrait porter atteinte à l’algue Polysiphonia fastigiata, porteuse dans l’air du soufre de la mer par l’intermédiaire de la conversion en diméthyle de soufre, une autre espèce a le même rôle envers le sélénium.

« Lorsque notre espèce a connaissance de l’existence d’une ressource, elle ne tarde pas à l’exploiter de manière intensive ».

Il existe des points capitaux pour la régulation de Gaïa. Les plateaux peuvent aussi s’avérer vitaux pour la régulation de l’oxygène : le carbone est enfoui dans les boues anaérobies des fonds marins.

Les plateaux continentaux ont une importance capitale dans la régulation des systèmes gaïens. Les régions troncs sont celles se situant entre 45° de latitude Nord et 45° de latitude Sud. « Elles comprennent les forêts tropicales et les terres broussailleuses ». « L’agriculture perturbe aussi l’atmosphère à grande échelle, et ceux dans une mesure au moins comparable aux effets de l’activité industrielle urbaine ».

L’agriculture primitive est pour Lovelock la principale responsable de la pollution. Les incendies rejettent dans l’atmosphère du dioxyde de carbone, des substances chimiques organiques et des particules aérosols, l’agriculture produit aussi du chlorure méthylique. Les incendies d’herbes engendrent une quantité largement supérieure de rejets gazeux que les activités industrielles et les rejets naturels de la mer. En plus du chlorure méthylique, tout changement brutal des écosystèmes naturels risque de modifier l’équilibre naturel des gaz atmosphériques et cela risque de provoquer des perturbations à l’échelle globale. La dévastation des écosystèmes tropicaux est susceptible de réduire sa capacité à remplir ce rôle.

L’homme a tendance à prendre des mesures pour protéger son environnement lorsqu’il le pollue avec les industries, pas en ce qui concerne les tropiques et les rivages des mers continentaux. Le principal risque que nous encourons est le risque de non retour, le risque de « saper la vitalité de Gaïa », de réduire la productivité des espèces essentielles dans notre système de soutien de la vie et risque d’exacerber la situation en libérant dans l’atmosphère des quantités dangereuses à l’échelle globale de certains gaz. « Cela serait impossible sans un haut degré de technologie, organisée et appliquée avec intelligence ».§ Garett Hardin: « Il n’existe qu’une pollution…l’Homme ! »

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8. Vivre avec Gaïa

§ Lynn Margulis: « Chaque espère modifie dans une mesure plus ou moins grande, son environnement, pour optimiser son taux de reproduction ».

§ Hutchison:Le méthane et les communautés anaérobies.

§ Richard Dawkins:Les progrès technologiques peuvent être analogues à des mutations.

Pour lui, l’homme est le héros d’une tragédie qui va déboucher sur sa propre mort et celle du monde dans son ensemble. Le seul moyen de s’écarter de cette trajectoire prédéfinie : renoncer à notre technologie en majorité et adopter le nucléaire. à thèse opposée à celle de Lovelock ?

Cependant, il doute que nous en ayons véritablement le choix. Pour J.L, « (Les hommes) paraissent plus tournés vers l’action destructive que la pensée constructive ». J.Lovelock prend lui aussi en compte l’écologie humaine, mais comme il traite de l’écologie dans son ensemble et que l’homme n’est arrivé que très tardivement sur la Terre, il n’est pas le centre de la théorie.

Pour Hardin, si quelque chose peut tourner mal, il n’y manquera pas (loi de Murphy). D’après lui, trois principes régissent notre vie sur cette planète :

o Nous ne pouvons gagner

o Nous sommes sûrs de perdre

o Nous ne pouvons sortir du jeu

Ces principes régissent notre Univers, il n’y a donc pas d’autre issue.

« Notre espèce dans un monde gaïen n’est qu’une partie inévitable de la scène naturelle » (J.L). Trois caractéristiques sont cependant susceptibles de modifier en profondeur notre interaction avec le reste de la biosphère.

- Tendance à rendre optimum les conditions de toute vie terrestre.

- Les conséquences de nos agissements dépendent du lieu où ils s’exercent

- Les réponses que proposera Gaïa aux problèmes catastrophiques que nous allons lui soumettre dépendront de la cybernétique, de la constance temporelle et de la boucle de gain. Lorsque l’on réalisera, tout aura encore plus mal à cause de la force d’inertie, il faudra attendre avant de voir les choses s’améliorer.

L’homme et les processus gaïens :

« Chaque espèce modifie dans une mesure plus ou moins grande, son environnement, pour optimiser son taux de reproduction . Gaïa est donc le résultat de l’addition totale de toutes ces modifications individuelles et du fait que toutes les espèces sont indépendantes pour la production de gaz, d’aliments et de traitement de déchets, fut-ce de manière indirecte et difficilement perceptible ». (L.Margulis). Bref, nous sommes attirés dans le processus de régulation gaïen, quelque soit notre volonté, aussi bien sur le plan personnel que social.

La croissance économique a été réduite par les écolos. L’investissement dans la recherche a aussi conduit à réduire le potentiel de croissance économique, en effet, et parfois, ce n’est pas très justifié comme dans le cas des pesticides. « L’exploitation de l’écologie humaine risque de devenir nihiliste » au lieu d’œuvrer à rassembler les peuples sur les questions d’importance à mentionne un autre groupe d’acteurs.

Pour conserver la santé de la planète, il faudrait s’attacher à respecter les points sensibles de la planète. Il faudrait faire attention à ces régions. D’où l’importance d’acquérir une connaissance aussi précise que possible de la Terre et des régions sensibles.

Au plus nous sommes présents sur la terre au travers de la population, de l’alimentation etc. au plus est grand notre devoir de protéger l’environnement et la biodiversité. A chaque fois on affaiblit la stabilité du système en limitant la diversité des réponses possibles.

Tant que nous demeureront au-dessous de 10 000 millions d’individus nous devrions demeurer dans un monde gaïen.

L’homme est remarquable parce que parce qu’en combinant de nombreux et divers divers d’éléments, il a créé une entité entièrement nouvelle.

Changement de société : Développement technologique – catastrophe environnementale – stabilité

Comme notre mode de développement dépend de plus en plus des technologies, cela a immanquablement conduit à modifier la biosphère. Le succès de notre espèce provient de sa capacité à emmagasiner des données sur l’environnement jusqu’à former une « sagesse conventionnelle ou tribale ». Lorsque cette sagesse et le fonctionnement de Gaïa entrent en conflit, l’anomalie est rapidement corrigée. A mesure que la société s’urbanise la masse de ces connaissances décroît et nous nous éloignerons de plus en plus d’une « vie médiévale ». Les technologies de l’information prennent le pas sur le reste, deviennent de plus en plus importantes etc.

§ H.Kahn : 600 millions d’individus.

2000 personnes par mètre carré. Tous les éléments essentiels à la vie seront indéfiniment disponibles pour soutenir une population, qui vivra dans un monde beaucoup plus développé que ce qu’il n’est actuellement. Les tendances d’expansion naturelle de la technologie et des populations se poursuivrait ainsi pendant minimum trente années.

Modèles scientifiques et prévisions :

« La plupart des gouvernements et maintes corporations multinationales achètent désormais les services de ces futurologues ou créent leur propres services de prédiction ». La plupart des articles scientifiques sont faits dans des institutions et les prélèvements expérimentaux réalisés ne sont pas suffisants. Le plus souvent ils sélectionnent les données qui entrent dans leur modèle. Un apport d’information précise relative à toutes les informations du monde est nécessaire pour que les modèles soient validés.

« Notre ignorance des conséquences éventuelles de nos actions est si grande qu’il est presque impossible de réaliser des prédictions utiles relatives à l’avenir ». La véritable investigation globale de terrain est devenue de plus en plus difficile à cause des frontières etc. et de ce fait, il n’y a pas vraiment de moyen de vérifier la validité des modèles scientifiques, surtout à l’échelle globale.

Nous ne pouvons pas renoncer à la technologie. Nous devons faire avec, c’est pourquoi le mouvement de technologie alternative peut être un moyen de reconnaître notre dépendance des technologies tout en apportant une solution aux conséquences néfastes qu’elles produisent.

Les technologies des communications peuvent ainsi nous permettre de diffuser instantanément l’information relative à l’environnement et de ce fait conduit à trouver de nouvelles solutions. « La population n’augmente plus en tout lieu, l’industrie est beaucoup plus consciente de l’effet qu’elle a sur l’environnement, le public est de plus en plus conscient de la situation ».

§ Tribus et Irvine : « savoir est pouvoir »

« Il n’existe pas de prescriptions, pas de règles fixes pour vivre en Gaïa. Pour chacune de nos actions, il n’y a que des conséquences ».

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9. Epilogue

Selon Lovelock, le but de la beauté de la nature, si l’on peut parler ainsi, serait d’introduire de l’émotion dans la relation de l’homme avec Gaïa.

Selon lui, on doit ressentir un sentiment de satisfaction, de beauté, quand on remplit le rôle biologique que Gaïa nous a dévolu. Il y aurait une sorte de programmation a ressentir de qui est bien et bon pour Gaïa, et inversement un sentiment douloureux quand on va à son (et donc notre) encontre. La vigilance reste donc nécessaire.

L’instinct que nous avons de reconnaître ce qui est beau et bien fait chez les hommes, pourrait tant s’appliquer à la bonne forme d’un environnement. C’est difficile à mesurer expérimentalement : une diminution de l’entropie est signe de vie. Si la beauté est synonyme de vie, alors la beauté est aussi associée à une entropie réduite.

Tout ce qui existe dans ce monde a une raison d’être. L.ovelock incite donc ceux qui croient en cette beauté à créer des lobbys puissants pour la défendre.

Notre société se fonde sur une conviction rigide : « la Terre est faite pour l’homme ». Tout ce qui conduit au bien-être humain au détriment de celui des autres espèces est bien. Mais cela conduit aujourd’hui à des massacres écologiques. La protection de l’environnement n’est pas assez puissante, ses objectif ne sont pas assez précis : le vrai problème est l’agriculture. Il dénonce par la même occasion les manipulations des démagogues qui profitent de ce mouvement. Les mouvements écologiques manquent aussi de pouvoir s’appuyer sur des vraies preuves scientifiques.

L’hypothèse Gaïa se fonde sur la fait que l’homme est une partie intégrante d’une entité plus complexe qui comprend d’autres acteurs dont l’importance n’est pas moindre par rapport aux hommes.

En ce qui concerne le question de l’intelligence dans la biosphère : qui est intelligent, entre les automatismes et les instincts ? L’homéostasie est automatique, mais nécessite la présence d’une intelligence. Les systèmes cybernétiques sont intelligents. Il y a en quelque sorte une gradation de l’intelligence, dont les mécanismes régulateurs de Gaïa font partie.

Nous avons l’avantage de pouvoir anticiper, de disposer d’informations. Lovelock pose aussi la question de notre place au sein du système gaïen : dans quelle mesure ne formerions nous pas « le système nerveux de Gaïa » ? On pourrait faire la comparaison avec la collision avec une autre planète que nous saurions prévoir et éviter. Nous pourrions tenter de contrer une nouvelle ère glaciaire par exemple.

L’importance et impact des nouvelles technologies : nous augmentons ainsi le champ de perception de Gaïa. Cette évolution est-elle possible de manière à nous soumettre en échange du bien-être ?

N’oublions pas que Gaïa pourrait choisir un autre organisme. (Exemple des baleines dont la taille du cerveau est bien supérieur au notre.) On dispose de l’avantage des outils, de l’art et de la réserve de notre savoir-faire que nous donne notre cerveau notre intelligence. On pourrait également faire la comparaison avec les ordinateurs : c’est comme si nous étions en réseau les uns avec les autres, un réseau dense et serré.

Il est possible mais aussi nécessaire de coexister pacifiquement avec Gaia.

La vision de Lovelock est donc finalement optimiste.

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Annexe: Réponses à quelques critiques par Gérard Blanc

La critique des biologiste

- Gaïa est-il un être vivant ? C’est la critique de l’anthropomorphisme. Pour y réponde, il faut d’abord définir ce qu’est la vie. Gaïa remplit quelques critères, mais pas tous. C’est plus une question d’analogie que d’identité.

- Critique par la théorie moderne de l’évolution. Gaïa devrait avoir des capacités de planification qu’elle ne peut posséder. Comment l’évolution pourrait-elle aboutir un quelque chose d’aussi complexe que Gaïa ? Ce serait peu probable. Selon Grard Blanc, faire intervenir l’évolution pour Gaïa n’a pas de sens. C’est une histoire, une métaphore. Il rajoute une précision sur la sélection naturelle : il n’y a pas que ça dans la théorie de l’évolution, il y a aussi la coopération des espèces, leur symbiose, leur interaction, et leur dépendance.

- Critique de la téléologie dans la thèse de Gaïa. Au contraire, les modèles tels que ceux construits par Lovelock (monde des pâquerettes) montrent que dès qu’il y a une boucle de rétroaction, on ne peut distinguer les causes des finalités. Mais il est vrai qu’il n’y a pas encore d’explication complète de Gaïa.

La critique des militants écologiques

- Critique : Lovelock n’est pas assez dur avec les pollueurs, notamment les industriels. Sa théorie ne serait qu’une couverture pour permettre aux industries de continuer à polluer. En fait les boucles de régulation ne continueront de fonctionner que si nous n’allons pas trop loin dans les extrêmes, sans quoi Gaïa est incapable de réguler quoi que ce soit. Mais il est vrai que pour lui le vrai danger réside dans la politique agricole surproductive, non dans les excès de l’industrie.

- Reproche sur le nucléaire. Cette technologie est bien plus dangereux que ce qu’a pu dire Lovelock. En fait, Lovelock dit simplement que le nucléaire ne serait pas dramatique pour Gaïa, seulement pour les hommes et la plupart des mammifères. « Gaïa survivrait, mais différemment ». En revanche l’impact que l’homme a sur la planète reste encore obscur. Lovelock au moment de la parution de livre, fait preuve de confiance dans la technologie.

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