Dawkins R.

L’essentiel

R.Dawkins est un éminent éthologiste britannique, qui travaille sur la théorie de l’évolution.

Il a étudié à Oxford, où il a obtenu son diplôme en 1962, où il est resté pour travailler avec Niko Tinbergen, éthologiste.

Niko Tinbergen était un très éminent biologiste qui a reçu un prix Noel pour ses recherches sur le comportement des animaux, il a été un des premiers éthologistes modernes

Ses problématiques : Qu’est- ce que l’instinct, comment se construit le comportement des animaux ? Comment les animaux communiquent, entrent en compétition ?

C’est une science très interdisciplinaire qui requiert de s’intéresser à la psychologie, la physionomie, la physiologie, l’écologie, la sociologie, la taxonomie et l’évolution.

“My own dominant recollection of his undergraduate lectures,” Dawkins recalls, “was that I was particularly taken with two phrases of his - behavior machinery and equipment for survival. When I came to write my first book, I combined them into the brief phrase survival machine.”

Dawkins travaille juste après la découverte de la double hélice d’ADN par Watson et Crick, ce qui a probablement eu une grande influence sur son travail en tant qu’il s’intéressait à la nature des machines et à la machinerie naturelle.

En travaillant avec Niko Tinbergen, l’analyse des comportements devient rapidement une obsession pour Dawkins dans toutes ses recherches et réflexions. Dawkins cherchait à observer et expliquer les comportements. Il étudiait en même temps le développement des poulets et avait pour cela toujours à l’esprit la métaphore de la machinerie que lui avait transmise son mentor pour comprendre les comportements.

Suite à cela, R.Dawkins passa rapidement de ses études d’éthologie à des études de biologie, armé de ces nouveaux concepts.

De là lui vint l’idée assez simple mais révolutionnaire de parler d’“éthologie” du gène”. comment les gènes agissent en groupes, comment ils communiquent entre eux… ? En transférant les questions habituellement posées à propos des animaux aux gènes, il devint un biologiste évolutionnariste.

C’est en 1976, qu’il écrit son premier livre, the Selfish gene, (voir plus bas), grâce auquel il est devenu célèbre. Il y popularise sa conception d’une évolution “géno-centrée” et introduit les termes aujourd’hui bien connus de “mimétisme” et de “mime”. Dans ce livre, Dawkins rassemble les impératifs des biologistes moléculaires, des taxonomistes de la zoologie, psychologie et de la sociologie. Il expliquer les comportements humains et examine les interactions entre les gènes. On a pu dire que ce débat avait été enrichi et poursuivi par E. O. Wilson dans son livre Sociolobiologie, écrit en 1975.

Mais il a pensé qu’une éthologie du gène ne serait pas une théorie suffisamment robuste pour expliquer l’évolution. C’est pourquoi il a appliqué le concept d’évolution darwinienne à la culture. Les “memes” (”virus de l’esprit” : William Burroughs) sont à l’héritage sociologique ce que les gènes sont à l’hérédité biologique. Dès lors, l’évolution serait une copération entre les gènes et les “memes”. Les deux sont des réplicateurs, c’est-à-dire qu’ils n’existent que pour se perpétuer. Il réfutait ainsi la théorie darwinienne qui ne prend en considération que les organismes pris individuellement; rien d’autres pour expliquer l’évolution naturelle.

« Evolution is really the story of replicators Ÿber alles »

Il considérait que, pour reprendre son exemple regarder l’évolution des oiseaux sans regarder l’évolution de leurs nids serait sans intérêt et manquerait de sens. Parce que l’un est nécessaire à la survie de l’autre. C’est la compétition de l’ensemble oiseau – nid qui donne un avantage compétitif à l’oiseau. Dawkins appelle le nid « phénotype étendu » (“extended phenotype) . C’est le nom de son livre et donc de sa théorie qu’il publia en 1982. Utilisant ce concept, Dawkins regarde aussi la famille de l’individu pour étendre son phénotype, les outils et l’environnement qu’ils créent. Les gènes des organismes ne seraient qu’un moyen de manipuler à leur avantage les choses du monde qui les entourent.

Dans sa théorie, les êtres humains avec l’ensemble des technologies mises au point ont étendu encore bien plus que toutes les autres espèces leur phénotype. En effet, l’évolution humaine est intimement liée à l’évolution des technologie. Qui pourrait le nier ? Il suggère que l’homme est en co-évolution avec ses « artefacts ». Les gènes qui ne peuvent s’accommoder de cette nouvelle réalité ne pourront survivre dans les millénaires futurs d’après lui.

En dessinant la vie et son évolution comme dans le contexte des réplicateurs et des réseaux de réplicateurs, il a incité toute la biologie à se questionner à nouveau sur les mécanismes dont on pensait qu’ils régissaient la vie. La question reste est-ce que la technologie est ce que veulent nos gènes ou est-ce une conspiration culturelle de nos gènes et « memes » ? Est-ce que nos gènes contrôlent la techno-sphère que nous avons créée et dans laquelle nous vivons ?

La re-définition de la vie est pour Dawkins essentielle. On le constate dans son livre On the Origin of Replicators

“The Evolution of Evolvability.” 1987

L’évolutivité est une caractéristique qui peut être et a été sélectionnée pour l’évolution. C’est l’habileté à être réceptif aux changements de l’environnement et à nous y adapter.

Pour lui, le gène est l’unité fondamentale de la sélection naturelle. Selon certains scientifiques, sa vision est réductionniste, et en cela, il s’oppose à la vision holiste de J.Lovelock qui intègre toutes sortes de disciplines et prend une apporche globale dans son analyse scientifique.

La position de R.Dawkins face à l’hypothèse Gaïa

Dawkins est dit être l’un des détracteurs les plus farouches de l’hypothèse Gaia, une de ses questions : pourquoi les autres planètes n’auraient-elles pas adopté un comportement de type Gaïa ?

Pour Dawkins, Gaïa ne contrôle, ne maîtrise pas l’évolution et la vie, mais plutôt les gènes des organismes vivants.

Pour lui, les réplicateurs, ou les molécules avec leur capacité de reproduction ont été les premières formes de vie et les organismes et les êtres vivants n’existent que pour permettre à ces réplicateurs de se perpétuer.

A l’inverse, la théorie de l’évolution par la sélection naturelle de groupes, supportée par J.Lovelock dans la théorie Gaïa, consiste à dire que l’évolution des gènes en eux-mêmes est insignifiante par rapport à l’évolution des organismes en tant que tout.

Dawkins réfute cette idée en affirmant que si les individus étaient tous altruistes, alors il suffirait d’une mutation qui fasse d’un individu quelqu’un d’égoïste et alors, cet individu manipulerait l’altruisme des autres espèces à son avantage. Cela conduirait à avoir un groupe d’individus, des groupes d’individus, purement et simplement égoïstes et de plus, pour lui, les divisions en espèces sont totalement artificielles.

En contraste avec J.Lovelock, Dawkins considère que ce sont les gènes qui contrôlent l’évolution de la vie et non pas le système gaïen. Les gènes seraient regroupés ensemble dans une molécule plus générale : le réplicateur. Les organismes et les cellules n’existeraient que pour permettre au propagateur de se propager. Les cellules et les organismes sont secondaires, ce sont les gènes qui sont l’unité fonamentale de la sélection naturelle.

Pour expliquer sa théorie, Dawkins, à l’instar de J.Lovelock avec le Daisyworld a utilisé des concepts mathématiques pour illustrer sa théorie de la “selfish gene theory”. Il a utilisé le modèle du dilemme du prisonnier et l’”evolutionnary stable strategy” (ESS). Il s’en sert pour expliquer l’altruisme, l’agressivité et les relations sexuelles dans les relations sociales.

Le débat entre les théories Gaïa de J.Lovelock et la théorie de Dawkins dans The selfish Gene sont présentées comme étant un débat entre vision holistique du monde vs vision réductionniste.

L’argument réductionniste consiste à penser que le gène est l’unité fondamentale de la sélection naturelle et la position holistique consiste à l’inverse à dire que notre planète fonctionne comme un tout, c’est-à-dire comme un être vivant.

J.Lovelock clame dès l’introduction de son livre que “this book is neither holistic nor reductionist“. Pourtant, cette affirmation reste à vérifier. En effet, pour J.Lovelock il est très important que toutes les sciences soient à nouveau rassemblées. Surtout que toute la théorie de J.Lovelock ; consiste à dire que les concentrations des différents éléments dans l’atmosphère sont reliées entre elles et en équilibre.

Les supporters de la théorie réductionniste de Dawkins ont fait d’importantes critiques à la théorie Gaïa. Doolittle et Dawkins, tout deux néo-darwinistes sont souvent rattachés car ils ont fait des critiques du même ordre.

Les organismes vivants ne pourraient pas décider ensemble de maintenir la terre à une certaine température.

L’affirmation de J.Lovelock selon laquelle, l’existence d’un système homéostatique sied si parfaitement à la vie qu’il est obligé qu’il existe des mécanismes de régulation autre que la simple chance.

A cela Dawkins répond en faisant une comparaison :

If the fitness of the terrestrial enviroment is accidental, then is Lovelock not right in saying that for life to have survived to reach the stage of self-awareness “is as unlikely as to survive unscathed a drive blindfold through rush-hour traffic?” I think he is right ; the prolonged survival of life is an event of extraordinary low probability. It is however an event which is a prerequisite for the existence of Jim Lovelock and thus for the formation of the Gaia hypothesis… Surely if a large enough number of blindfold drivers launched themselves into rush-hour traffic, one would survive, and surely he, unaware of the existence of his less fortunate colleagues, would suggest that something other than good luck was on his side. (Barlow, p.33)

Un des arguments supportant cette théorie fait référence au style d’écriture de J.Lovelock, à la façon dont il s’exprime dans L’hypothèse Gaïa. En effet, il arrive souvent que J.Lovelock emploie le pronom “she” pour désigner la Terre, ce qui sous-tend bien cet aspect téléologique.

cf. Petite sémiotique de l’hypothèse Gaia

De plus, la science réductionniste ne voit pas l’intérêt de réaliser une collusion entre les différentes disciplines scientifiques, en particulier, pas entre science et religion, contrairement à ce que prône abondamment J.Lovelock. Dawkins refuse par exemple dès l’introduction de son livre The selfish gene, de parler de morale, ou de religion sur les influences que pourrait avoir leur modèle.

La plupart des réductionnistes pense que les implications religieuses ne devraient pas être de leur responsabilité personnelle. Pour les réductionnistes, les questions d’ordre philosophiques ou religieuses n’ont rien à faire dans les débats scientifiques, seule compte la « science pure et dure ».

Alors que pour J.Lovelock :

“The most interesting question posed by Gaia is: how can evolution by natural selection lead to a planet with a self-regulating environment? Surely this is a challenge for Neo-Darwinists? The evidence that the Earth does maintain a climate and chemical composition favourable for life is now strong enough to justify the attempt”.

En 1982, R.Dawkins et Doolittle, néo-darwinistes, avançaient l’idée que rien n’existait rien dans la sélection naturelle qui puisse permettre “un altruisme” à grande échelle”.

Si cela était vrai, alors la capacité à planifier leurs actions n’aurait pu être qu’inscrite dans leur patrimoine génétique. Et sans de telles facultés, ces biologistes n’imaginaient pas comment les boucles de rétroactions qui constituaient le système de régulation de Gaïa auraient pu exister.

Les organismes ne peuvent pas agir de concert puisque cela nécessiterait de prévoir et planifier leurs actions. Il rejette lui aussi l’idée que les actions des organismes pourraient individuellement pemettre de stabiliser le système. “there was no way for evolution by natural selection to lead to altruism on a Global scale”.

De plus, ils considéraient que Gaïa ne pouvait pas être considérée comme un être vivant.

Qu’est-ce que la vie ? Pour eux, la vie implique la capacité de se reproduire et de transmettre le patrimoine génétique à ses descendants. Or jusque là, rien ne prouve que la Terre est capable de se reproduire, bien au contraire.

Est-ce qu’elle est trop jeune pr se reproduire?

Est-ce que les hommes, en explorant l’univers et peut-être enallant s’établir ailleurs seront le moyen par lequel la Terre “se reproduira” ?

Pour eux, cette théorie n’était pas scientifique, car elle ne pouvait pas être testée.

Cette théorie n’est “pas scientifique”, puisqu’elle ne présente aucune explication de mécanismes scientifiques de régulation.

Ce à quoi J.Lovelock a répondu par le Daisyworld et plus ou moins directement par les recherches qui ont été poursuivies par d’autres sur le DMS

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