Le vaccin contre l’hépatite B
En bref
Le premier vaccin contre l’hépatite B est découvert en 1976. Celui-ci va par la suite connaître plusieurs évolutions. Il est commercialisé pour la première fois en 1981. Il faudra néanmoins attendre 1989 pour voir se mettre en place la version définitive du vaccin. La vaccination contre l’hépatite B n’est pas obligatoire sauf pour les professionnels de santé depuis 1991, mais elle est néanmoins vivement recommandée. Ainsi le gouvernement a lancé en 1994 un grande campagne de vaccination à destination des nourrissons et des adolescents (vaccination réalisée dans le cadre du collège). Dans les années qui suivent, la multiplication des injections et l’apparition des premiers cas de SEP lancent alors la polémique. En 1998, le gouvernement décide donc d’interrompre la vaccination dans les collèges. La vaccination provoque de nombreux effets secondaires de gravité et de fréquence très variables. Si la plupart sont parfaitement bénins, certains autres peuvent s’avérer beaucoup plus graves bien que la relation causale avec le vaccin n’ait pas toujours été établie.
Présentation du vaccin
Découverte et composition du vaccin
Intéressé par les pathologies infectieuses, c’est l’homme de sciences Philippe Maupas qui découvre le premier vaccin contre l’hépatite B en 1976 et s’attache à favoriser la prévention de la maladie chez l’homme. Il confirme par ailleurs la relation étiologique entre le virus de l’hépatite B et la maladie de la cirrhose.
L’antigène vaccinal rend le vaccin contre l’hépatite B très spécifique. Celui-ci comporte uniquement l’enveloppe extérieure du virus, produite en laboratoire sur des levures ou des cultures de cellules. Des conservateurs et des stabilisants ainsi qu’une substance adjuvante qui augmente la réponse du système immunitaire composent en outre le vaccin. L’objectif à atteindre est de faire produire des anticorps par la personne vaccinée.
Le vaccin contre l’hépatite B peut être combiné à d’autres vaccins tels que celui de l’hépatite A ou ceux de la coqueluche, de la diphtérie et du tétanos. Le vaccin Hexavalent protège quant à lui les nourrissons contre la coqueluche, la poliomyélite, l’Hemophilus infuenzae, le tétanos et l’hépatite B.
Pour en savoir plus sur le virus de l’hépatite B, cliquer ici
Le mode d’emploi du vaccin :
Plusieurs doses de vaccins (en général de 2 à 4 doses), réparties sur une durée pouvant aller jusqu’à un an, sont nécessaires pour se protéger contre le virus de l’hépatite B. Cela dépend de l’âge de la personne qui se fait vacciner, ainsi que du schéma vaccinal choisi.
On estime que plus de 95% des jeunes sont durablement protégés lorsque la vaccination complète est effectuée.
Dans la mesure où 80% des infections par le virus de l’hépatite B ont lieu entre 15 ans et 40 ans, la vaccination généralisée contre l’hépatite B est recommandée au plus tard entre 11 et 13 ans. Notons également que cette vaccination est conseillée aux adultes à risque élevé d’exposition, autrement dit, l’entourage d’une personne infectée, les personnes à partenaires sexuels multiples et celles exerçant dans les secteurs sanitaires, ou éducatifs.
Le prix du vaccin est d’environ dix euros par dose pour les enfants et vingt euros par dose pour les adultes. S’il est remboursé à 65% par la sécurité sociale, le reste est entièrement pris en charge par les mutuelles ou la CMU.
Les effets secondaires du vaccin : une réalité
Effets secondaires avérés :
Le vaccin conte l’hépatite B peut avoir des effets secondaires de gravité et de fréquences fort variables. Connus grâce aux témoignages de patients, de médecins ou d’associations telles que Revahb, dont le but est de les recenser afin de les faire enregistrer par l’Afssaps, ces effets secondaires du vaccin contre l’hépatite B peuvent être classés en différents groupes selon les réactions provoquées. Ainsi peut-on distinguer des effets secondaires locaux (douleurs, rougeur, érythèmes), généraux (fatigue, fièvre, lymphadénopathie), allergiques (asthme, myalgies, arthrite), digestifs (nausées, douleurs abdominales), et neurologiques (maladie de Guillain-Barré, névrite optique, sclérose en plaques).
Nous vous suggérons de consulter le site de l’association Revahb qui recense les effets indésirables du vaccin et les quantifie, en classant les affections par spécialité médicale : http://www.revahb.fr/Liste-accidents-apres-vaccination.html
Caractérisation et fréquence des effets indésirables sur la notice des vaccins :
Les notices des deux vaccins en cause, l’Engerix B et le Genhévac B, rapportent les effets indésirables susceptibles d’affecter certaines personnes, tout en mentionnant le fait que la relation de causalité avec le vaccin n’a, dans la plupart des cas, pas été démontrée. Il est en outre précisé que tout le monde n’est pas exposé à ces risques et que les effets indésirables n’ont été rapportés qu’après une « large utilisation du vaccin ». Les effets secondaires sont présentés par ordre de gravité croissante et de fréquence décroissante :
- Liées à la présence d’adjuvants qui peuvent rester plusieurs semaines, les réactions locales, c’est-à-dire au niveau du site d’injection sont les plus fréquentes et les moins graves ;
- Les effets tels que la fatigue, les vomissements, les douleurs musculaires et les démangeaisons sont qualifiés de rares ;
- Les réactions allergiques sévères ainsi que les atteintes du système nerveux sont quant à elles définies comme étant très rares.
Afin de voir la liste exhaustive des effets secondaires notifiés du vaccin, nous vous invitons à consulter les notices de l’Engerix B et du Genhévac :
http://www.gsk.fr/gsk/medicament/notice/Engerix_B20.pdf
http://afssaps-prd.afssaps.fr/php/ecodex/frames.php?specid=62493849&typedoc=N&ref=N0134370.htm
Le vaccin au centre de la controverse
Les vaccins plasmatiques au début de la commercialisation :
Les laboratoires Pasteur Mérieux commencent à commercialiser le premier vaccin contre l’hépatite B en 1981. Celui-ci s’appelle alors « Hévac B ». Le vaccin est qualifié de « plasmatique » puisqu’il ne comporte qu’une seule fraction du virus, à savoir l’enveloppe de la surface porteuse de l’antigène HBs. Notons que cet antigène était recueilli à partir du plasma de porteurs chroniques sains de cet antigène et ne possédant plus l’antigène HBs, principal témoin de la réplication virale. Heptavax est le nom donné au vaccin qui sera commercialisé dès 1982 par les laboratoires MSD aux Etats-Unis.
Dès lors, il convient de noter plusieurs différences : le vaccin Hévac B ne contient que 5 µg d’antigène HBs alors que son concurrent contient, dans sa forme adulte, 20 µg par dose vaccinale. De même, cette différence de concentration rend les protocoles vaccinaux différents, l’Hévac B nécessitant ainsi un plus grand nombre de doses que l’Heptavac.
L’apparition des vaccins par génie génétique ou recombinant :
Les recherches aboutissent ensuite à des techniques de fabrication d’un vaccin contenant l’antigène HBs grâce à des méthodes de génie génétique permettant l’obtention de vaccins dits « recombinants ». Ainsi n’est-il plus nécessaire d’utiliser le virus entier, seule la substance capable de déclencher une réaction immunitaire étant insérée. Commercialisé dès 1989, Genhévac B Pasteur est le premier de ces vaccins ; il est ensuite suivi par l’Engérix B des laboratoires SKB fin 1989. La différence entre les deux vaccins est que le Genhévac B ne propose pas des doses vaccinales spécifiques pour les enfants alors que l’Engerix B commercialise des vaccins pour enfants distincts de ceux des adultes.
Les vaccins recombinants étant moins onéreux, plus sûrs et plus simple dans la fabrication que les vaccins plasmatiques, ils supplantent rapidement ces derniers dès le début des années 90.
Pour en savoir plus sur les laboratoires, cliquer ici
Le début des contestations :
Certains n’hésitent pas à dénoncer ce qu’ils appellent la « débauche d’injections et de rappels », persuadés que les responsables de la campagne vaccinale doutent eux-mêmes de la réponse immunitaire de certains sujets à ce vaccin, voire même de son efficacité à moyen et long termes. Si la vaccination n’était obligatoire que pour les professionnels de santé et n’était recommandée que pour les groupes à risques, bébés, enfants, adolescents et même adultes se font vacciner suite à la campagne lancée en 1994 par Philippe Douste-Blazy.
L’apparition des cas de sclérose en plaques post-vaccinales suscite par ailleurs beaucoup d’interrogations et commence à agiter les médias. De tels doutent sont accentués par une décision gouvernementale. Ainsi en septembre 1998, le Ministre de la Santé de l’époque Bernard Kouchner interrompt-il la vaccination systématique des collégiens et préconise-t-il un schéma vaccinal simplifié. Une telle suspension, justifiée par le secrétariat d’Etat à la Santé comme une étape nécessaire à un meilleur ciblage de la stratégie vaccinale, relance les suspicions à l’égard du vaccin. Il s’agit en fait de laisser à chacun le soin d’apprécier individuellement son propre rapport bénéfices/risques de la vaccination, le vaccin n’étant obligatoire que pour les professionnels de santé qui sont exposés à des risques de contamination. Il convient ici de noter que l’OMS dénonce la décision de la France, accusée de donner le mauvais exemple en termes de vaccination.
La controverse est d’autant plus importante que les publications qui étudient l’avenir de l’immunité post-vaccinale après une vaccination réalisée chez le nourrisson soulignent une disparition habituelle du taux d’anticorps anti-HBs post-vaccinal chez plus d’un enfant sur deux.
En outre, certains pays européens tels que la Grande-Bretagne ou l’Irlande, qui disposent de chiffres d’endémie pour l’hépatite B similaires à ceux de la France, ont décidé de ne pas suivre les recommandations de vaccination universelle de l’OMS, estimant que la vaccination précoce ne se conçoit que dans des pays de forte endémie.
La recommandation du vaccin par les experts et la mise en place de nouveaux plans de vaccination:
En 2003 est organisée une réunion du consensus en France au sujet de la vaccination contre le virus de l’hépatite B. Les experts ont en effet tiré des conclusions très favorables à l’immunisation, recommandant la vaccination universelle des nourrissons ainsi que la mise en place d’un programme de rattrapage pour les adolescents.
En 2009, le troisième plan national de lutte contre les hépatites virales B et C depuis 1999 dévoilé par la Direction Générale de la Santé a souligné la nécessité de rétablir la confiance dans la vaccination. Il s’agit en effet d’augmenter celle-ci chez les nourrissons et les personnes fortement exposées au virus de l’hépatite B.
Des mesures ont par ailleurs été prises pour améliorer la couverture vaccinale contre la maladie. La gratuité du vaccin Hexavalent ainsi que le prolongement jusqu’à 15 ans révolus de l’âge de rattrapage et la possibilité de recourir à un schéma vaccinal simplifié sont destinés à augmenter le nombre de vaccinations.