En bref

L’Académie nationale de médecine est une société savante médicale qui donne régulièrement au gouvernement et au public des avis concernant des problèmes sanitaires. La position de l’Académie au sujet du vaccin anti-hépatite B a été constante tout au long de la controverse. L’Académie est en faveur de la vaccination, et mobilise une logique collective s’appuyant sur une causalité par références statistiques et temporelle, qui insiste sur l’absence de preuve.

L’Académie nationale de médecine, dont l’origine remonte à l’Académie royale de chirurgie en 1731, est une société savante médicale. L’Académie a pour fonction de répondre aux questions du gouvernement français dans le domaine de la santé publique. Mais elle peut également communiquer au public des avis concernant un problème sanitaire donné.

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Une position constante depuis les débuts de la controverse : il n’y pas de lien de causalité, car il n’a pas été prouvé

La position de l’Académie de médecine est constante depuis 1997 sur le vaccin contre l’hépatite B. Dès février 1997, l’Académie recommande que « les programmes de vaccination soient poursuivis selon le plan prévu », malgré « la rumeur » concernant les risques liés à la vaccination contre l’hépatite B (Le Figaro, 7 février 1997). L’Académie recommande de continuer la vaccination dès le début de la controverse. En effet, pour cette institution, il n’y a pas de preuve scientifique d’un lien de causalité donc il n’y a pas de lien de causalité.

L’Académie démontre l’absence de lien de causalité en s’appuyant des références scientifiques, et en affirmant que la prétendue causalité entre la vaccin et la SEP n’est qu’une coïncidence.

Une causalité par référence…

Le 11 décembre 2002, l’Académie de médecine renouvelle son appel à la vaccination, en faveur cette fois de la vaccination de tous les nourrissons contre l’hépatite B. Une initiative qui s’affiche en réaction à « la campagne menée contre les vaccinations en général, et plus particulièrement celle qui concerne l’hépatite B », et pour tenir compte de « l’inquiétude et des incertitudes de l’opinion ». La position de l’Académie concernant le lien de causalité est claire : « le lien entre cette vaccination et les accidents neurologiques qui lui sont attribués par certains fait l’objet de controverses », mais qu’aucune étude «  n’a permis de retenir la responsabilité du vaccin ». L’Académie s’appuie notamment sur le fait qu’en mai 2002, l’Académie des sciences américaine a rejeté l’hypothèse d’un lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la survenue de scléroses en plaques. Ainsi, l’Académie fait appel à d’autres experts pour montrer l’absence de lien de causalité (causalité par référence).

… qui s’appuie sur une causalité statistique

Plus récemment, en février 2008, l’Académie de médecine a réaffirmé l’importance de la vaccination contre l’hépatite B et regretté la faiblesse de la couverture vaccinale de l’enfant, en dépit de nombreuses études démontrant « l’absence de relation statistiquement significative avec la sclérose en plaques ». Dans un communiqué, l’Académie regrette qu’après l’inculpation le mois dernier de deux laboratoires pour « tromperie aggravée », l’accent ait été mis une nouvelle fois sur la responsabilité du vaccin dans la survenue de cas de sclérose en plaques (SEP). Elle fait valoir qu’en quelque cinq ans, pas moins de huit études nationales et internationales « ont démontré l’absence de relation statistiquement significative entre la SEP et la vaccination contre l’hépatite B ». L’Académie de Médecine utilise donc une causalité par accumulation de références d’experts (qui sont toutes des études scientifiques), qui démontrent l’absence de lien statistique entre le vaccin et la SEP (« causalité statistique »).

L’utilisation d’une causalité temporelle : l’argument de la coïncidence

« On confond tout simplement la notion de coïncidence avec celle de lien de causalité », résume le professeur Emile Aron, membre de l’Académie de médecine (Le Monde, 14 décembre 2002). Ici, l’existence d’un lien de causalité est tout simplement niée, puisque le professeur Aron assure qu’il ne s’agit en fait que d’une « coïncidence ». Cette remarque montre bien l’utilisation par l’Académie de médecine d’une « causalité temporelle », qui consiste à dire que la concordance de temps entre la vaccination et l’apparition de symptômes de sclérose en plaques ne signifie rien.

La mobilisation d’une logique collective qui s’appuie sur un rapport bénéfices/risques hautement favorable au vaccin

Le Président sortant de l’Académie, le professeur Maurice Tubiana rappelle, qu’en revanche, « l’hépatite B provoque dans 30 % des cas une cirrhose dont 10 à 20 % débouchent sur un cancer » (Ouest France, 19 décembre 2002). Ainsi, c’est la logique collective qui est mobilisée, avec l’idée d’un rapport bénéfices-risques très clairement en faveur de la vaccination, puisqu’aucun risque n’a été démontré alors que le bénéfice de la vaccination est immense.

L’Académie de Médecine rappelle qu’une des études scientifiques faisait apparaître que « le nombre de porteurs chroniques du virus, de cirrhoses et de cancers du foie évité par la vaccination était très supérieur à celui des éventuels effets secondaires imputés » (cité dans AFP, 12 février 2008). « Les craintes actuelles sur la responsabilité du vaccin dans la survenue de cas de sclérose en plaques sont injustifiées », insiste-t-elle. « La moitié des 600 nouveaux cas d’hépatite B annuels auraient pu être évités si les recommandations de vaccination étaient suivies », ajoute l’Académie (cité dans Le Monde, 15 février 2008).

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Vers la carte de la controverse

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