En bref

La sclérose en plaques est une maladie neurologique grave, rendue particulièrement difficile à diagnostiquer par ses symptômes variables et par l’intermittence de ses manifestations. En conséquence, il est assez difficile de savoir si la maladie n’existait pas déjà avant la vaccination contre l’hépatite B. De plus, la France est une zone de forte prévalence de la SEP, qui constitue l’une des maladies neurologiques les plus fréquentes : il est donc difficile de savoir si les cas de sclérose en plaques qui ont été notifiés ne sont pas des coïncidences dues au grand nombre de personnes vaccinées, d’autant plus qu’il est impossible de différencier une SEP prétendument générée par une vaccination anti-hépatite B d’une autre SEP. Enfin, ses causes sont encore mal connues, ce qui rend la maladie éventuellement imputable à la vaccination. 

La sclérose en plaques : une maladie neurologique grave


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Source : http://www.sep-neuro.com/sep/content_img/graph1.jpg

La sclérose en plaques est une maladie inflammatoire extrêmement grave qui atteint le système nerveux central de l’individu. Elle provoque plus précisément une démyélinisation des fibres nerveuses, c’est-à-dire une dégénérescence de la gaine de myéline qui entoure et protège ces fibres. La dégénérescence n’attaque donc pas directement la fibre nerveuse, également appelée axone, mais sa protection : la conduction électrique des informations dans l’axone n’est dès lors plus aussi rapide et efficace, ce qui provoque l’apparition soudaine d’un certain nombre de symptômes neurologiques.

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Source : http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=sclerose_plaques_pm

Les régions dans lesquelles la démyélinisation s’est produite apparaissent sous forme de plaques au sein de la substance blanche du système nerveux central : ce sont ces plaques qui donnent son nom à la maladie. Ces plaques sont disséminées partout dans le système nerveux central (encéphale, nerf optique, moelle épinière) – avec toutefois un certain nombre de zones de prédilection (tronc cérébral, par exemple) : ce sont dans ces zones qu’apparaissent les symptômes les plus caractéristiques de la SEP.

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Source de l’image

Les zones de démyélinisation apparaissent en blanc sur cet IRM d’un patient souffrant de SEP.

La sclérose en plaques joue un rôle essentiel dans la controverse impliquant le vaccin contre l’hépatite B, car cette maladie est en fait très difficile à analyser scientifiquement.

Une maladie difficile à diagnostiquer

Des symptômes variables et difficiles à identifier comme étant ceux de la SEP

A l’heure actuelle, on ne sait pas très bien comment apparaît la sclérose en plaques, ni comment elle se déclenche ou en combien de temps. Le diagnostique de sclérose en plaques est donc long et difficile à poser car il n’y a pas de symptôme déterminant spécifique de la maladie. Les symptômes de la SEP peuvent s’apparenter à ceux d’autres maladies neurologiques ou même à de simples troubles musculaires passagers (ex : mal de jambes). De plus, les symptômes de la SEP ne se retrouvent jamais à l’identique chez tous les patients, d’autant plus que ceux-ci varient selon la forme de la maladie (au nombre de trois : récurrente / rémittente, secondairement progressive, progressive primitive). On retrouve néanmoins certains symptômes caractéristiques d’une SEP, même s’ils ne s’expriment ni se combinent de la même façon chez les différents patients. On remarque ainsi :

- L’apparition d’une paraplégie

- Un syndrome cérébelleux (qui caractérise les atteintes au cervelet) : troubles de la marche et de la station debout, de l’exécution des mouvements.

- Des troubles de la vision : en particulier la diplopie, ou sensation de vision dédoublée.

- Une paralysie faciale.

- Un état de faiblesse généralisée, aussi appelée asthénie.

Un certain nombre de troubles psychiques peuvent également faire leur apparition :

- Des troubles de l’humeur, causés souvent par un état d’anxiété chronique : irritation, mauvaise humeur, etc.

- Une dépression est signalée dans la moitié des cas.

Une maladie « intermittente » qui ne permet souvent pas une datation exacte de son début

On ne sait pas en réalité très bien quand la maladie commence. Les médecins estiment que la maladie débute (ou en tout cas est diagnostiquée) en général entre 20 et 40 ans ; elle touche en moyenne un homme pour trois femmes – sans pour autant que l’on en connaisse la raison. Le début de la maladie est d’autant plus difficile à dater que la maladie se déclenche par phases de poussées successives, avec des intervalles imprévisibles dans le temps. Ainsi, les symptômes sont « intermittents » et ne sont pas toujours repérés avant la vaccination par les malades. De ce fait, il est donc tout à fait possible qu’un individu soit déjà atteint d’une sclérose en plaques avant que la vaccination contre l’hépatite B ne soit pratiquée sans pour autant que celui-ci n’ait manifesté de symptômes de la SEP. De plus, l’évolution de la maladie n’est pas uniforme selon les individus : la sclérose progresse généralement par à coups, selon l’alternance de phases pendant lesquelles se constituent de nouvelles plaques de démyélinisation, et de phases durant lesquelles des lésions antérieures cicatrisent partiellement. Ainsi, les symptômes peuvent s’améliorer momentanément de manière spectaculaire, mais les rémissions ne sont que temporaires, car les cicatrisations se font de moins en moins efficaces au fil du temps, et les lésions deviennent progressivement définitives. Il faut également noter l’existence d’une forme évolutive de la maladie qui consiste en une poussée permanente, sans période de rémissions et de cicatrisation.

Rien ne différencie une SEP prétendument générée par la vaccination, d’une autre SEP

En fait, rien ne permet de distinguer une SEP soi-disant générée par une vaccination, d’une SEP hors vaccination : ni les formes cliniques développées, ni les caractéristiques immunologiques des « cas suspects » n’ont de différence significative avec les formes de SEP habituellement rencontrées. Au final, les experts qui doivent étudier cas par cas si le vaccin a causé la SEP ne peuvent véritablement trancher, car la SEP prend la même forme, qu’elle ait été contractée après un vaccin ou indépendamment.

Des causes encore mal connues

Il est inexact d’affirmer, comme on le lit souvent, que les causes de la SEP sont totalement inconnues. Plus précisément, c’est une maladie qui ne peut être imputée à une cause unique facilement assignable. Les facteurs sont multiples : certains commencent à être connus, sans que l’on puisse recenser l’intégralité d’entre eux, ni même faire la part précise de leurs responsabilités respectives. On distingue en particulier :

- Des facteurs génétiques : la susceptibilité à la SEP paraît déterminée par le patrimoine génétique de chaque individu : ainsi, la famille d’un malade a plus de chance d’être touchée que la population générale.

- Des facteurs environnementaux : pour que la susceptibilité génétique se mue en maladie, il faut qu’elle rencontre des facteurs déclenchant : ainsi, le rôle de virus a été suspecté, bien qu’on ne connaisse pas aujourd’hui de virus de la SEP. Il n’existe pas non plus d’arguments valables pour appuyer l’hypothèse de la combinaison de plusieurs virus qui, associés, causeraient l’apparition de la SEP.

- Des facteurs géographiques : sans que l’on puisse l’expliquer, les pays tempérés sont plus exposés que la moyenne.

La cause précise de la sclérose en plaque est donc encore à ce jour ignorée, ce qui fait dire à de nombreux acteurs que le vaccin peut très bien être une cause de l’apparition de la maladie. Les tenants de la vaccination rappellent quant à eux que le vaccin, quant bien même aurait-il une part de responsabilité, ne peut en aucun cas être le seul facteur de la maladie. Le vaccin est d’autant plus facile à incriminer que l’on sait qu’il y a une composante immunologique dans l’apparition de la maladie, ce qui fait qu’il est assez facile de lier SEP et vaccin, puisque la vaccination agit sur des composantes immunologiques. Néanmoins, la question de savoir si ce serait uniquement le vaccin contre l’hépatite B (et pas d’autres vaccins) qui pourrait éventuellement provoquer une SEP est toujours posée…

Une prévalence de la maladie forte en France

Sans que l’on sache très bien pourquoi, la répartition géographique de la maladie est inégale : dans l’ensemble, on distingue des zones de haute prévalence (autour de 100 cas avérés pour 100.000 habitants) - en Scandinavie, en Europe du Nord, au Canada et dans Nord des Etats Unis -, des zones de prévalence moyenne (autour de 50 cas), - en Europe centrale et occidentale, dans le Sud des Etats Unis-, et enfin des zones de prévalence basse (inférieure à 20 cas), autour de la Méditerranée et en Amérique centrale. La France est une zone de haute prévalence, la maladie touche environ 80 000 personnes en France actuellement (selon l’Association pour la Recherche sur la Sclérose en plaque), et on note une progression de 2 000 cas par année.

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Source : carte du MIPSEP, http://www.mipsep.org/sep_qui_est_touche.php

Le fait que la prévalence de la SEP soit forte en France constitue un véritable argument dans la controverse : les acteurs qui rejettent le lien de causalité entre le vaccin et la SEP se servent de la forte prévalence de la maladie pour affirmer qu’il était inévitable que des cas de SEP se déclenchement parmi la population vaccinée.

L’utilisation de la sclérose en plaques dans la création des causalités :

C’est en fait à cause de ce flou scientifique que la controverse est si complexe. Du fait du manque de certitude autour de la sclérose en plaques, cette dernière peut être utilisée pour prouver l’existence d’un lien de causalité ou au contraire pour le nier. Au fond, face au doute, c’est aux acteurs de définir des liens de causalité.

Par rapport à la SEP elle-même, on note trois types de causalités :

- Une causalité directe : c’est l’idée que le vaccin a provoqué la sclérose en plaques presque ex nihilo. C’est une causalité utilisée souvent par les malades qui expliquent qu’ils étaient en parfaite santé avant la vaccination.

- Une causalité avec prédisposition : c’est l’idée que le malade avait une prédisposition génétique à la SEP, parfois héréditaire, et que le vaccin a provoqué la poussée de sclérose en plaques mais pas la maladie elle-même. C’est l’idée qui semble la plus retenue dans certains cas où l’hérédité était probable. C’est aussi la raison pour laquelle la vaccination massive dans les collèges a été suspendue par Kouchner, ce dernier pensait que les médecins scolaires n’étaient pas assez qualifiés pour repérer les enfants ayant des prédispositions héréditaires.

- La causalité par accélération : la SEP était déjà déclenchée chez le malade, mais la vaccination a causé un trouble immunologique qui a accéléré de plusieurs années la survenue de poussées. Cette causalité est difficile à prouver, à cause de toutes les incertitudes qui existent autour de la SEP.

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