En bref

L’Organisation Mondiale de la Santé est l’autorité qui dirige et coordonne les travaux internationaux du système des Nations Unies dans le domaine de la santé. La position de l’OMS est restée constante tout au long de la controverse : l’OMS défend le vaccin contre l’hépatite B en s’appuyant sur un mode de causalité de type statistique, par référence aux études scientifiques, ainsi que spatiale, en s’inscrivant systématiquement dans une logique collective.

L’Organisation Mondiale de la Santé est l’autorité qui dirige et coordonne les travaux internationaux du système des Nations Unies dans le domaine de la santé. Elle dirige l’action sanitaire mondiale, définit des programmes de recherche sanitaires, fixe des normes internationales et apprécie les tendances en matière de santé. Elle propose des options politiques au regard des études scientifiques et médicales et offre un soutien technique aux différents pays.

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Un argument de type statistique s’appuyant sur des références

Les arguments de l’OMS en faveur de la vaccination contre l’hépatite B reposent sur une causalité de référence et statistique, c’est dire que l’OMS s’appuie sur les études scientifiques qui montrent l’absence de résultats statistiques significatifs. Le 14 septembre 2004, alors que l’étude du professeur Hernan aboutit à un résultat de causalité statistiquement significatif entre le vaccin contre l’hépatite B et les scléroses en plaques observées à sa suite, l’OMS commence par rappeler que la grande majorité des études ont conclu à des résultats opposés. Sur le site de l’OMS on peut y lire à ce sujet : « Le GACVS [Comité Consultatif Mondial sur la Sécurité des Vaccins de l'OMS] a relevé que les résultats et les conclusions de l’article de Hernán et al. sont en désaccord avec ceux d’un certain nombre d’autres auteurs ; à savoir Ascherio (2001), De Stefano (2003), Touze (2002), Sturkenbom (1999), Confavreux (2001), Zipp (1999), Sadovnick (2000). Tout en considérant que chacune de ces études a ses propres problèmes méthodologiques, il est remarquable que la conclusion générale de chacune soit systématiquement différente de celle de Hernán. » Ainsi, l’OMS utilise l’argument selon lequel toutes les références scientifiques précédentes arrivaient aux mêmes conclusions afin de récuser l’étude d’Hernan et l’existence d’une preuve statistique d’un lien de causalité. Par ailleurs, l’OMS critique l’étude d’Hernan en décrédibilisant les éléments sur lesquels se base cette étude statistique. La taille de l’échantillon de l’étude est ainsi « trop petite pour pouvoir en tirer une interprétation définitive, dans un sens ou dans un autre » selon l’OMS. Un argument temporel est ensuite mobilisé : « le risque de SEP est seulement apparu comme plus élevé plus d’un an après la dernière vaccination. Ceci n’est en accord ni avec l’hypothèse d’un déclenchement des SEP par la vaccination contre l’hépatite B, ni avec les données françaises de pharmacovigilance qui ont suscité cette étude », précisent encore les experts de l’OMS (Reuters, 14 septembre 2004).

Une causalité spatiale et à échelle collective

La logique de l’OMS est collective par essence. Cette organisation se veut la garante d’une sorte d’ordre sanitaire mondial, ou tout le défi est de contrôler les problèmes sanitaires touchant les populations. Le mot d’ordre de l’OMS depuis la création du vaccin contre l’hépatite B est donc de vacciner massivement dans tous les pays. La position de l’OMS a été d’ailleurs utilisée pour justifier la campagne de vaccination en France dans les années 1990. La controverse française contre le vaccin contre l’hépatite B a donc été interprétée par l’OMS comme un frein malvenu à la vaccination de la population. Un argument spatial a été utilisé, l’OMS considérant que la question du lien de causalité entre le vaccin et les scléroses en plaques ne se posant qu’en France, le vaccin lui-même n’était pas en cause. Car sinon, la controverse aurait éclaté dans d’autres pays.

Mais c’est surtout la logique collective qui est notable. L’OMS a refusé que la controverse française ne se développe et a argumenté depuis le début en faveur de la vaccination. Dès les années 1997-1998, l’OMS s’attache à montrer les conséquences dangereuses d’un arrêt potentiel de la vaccination : elle ne cesse de rappeler qu’il existe plus de 350 millions de porteurs chroniques du virus de l’hépatite B exposés à un risque élevé de cirrhose ou de cancer du foie, et argumente qu’« arrêter la vaccination se traduirait par une augmentation considérable de ce chiffre » (Le Monde, 7 octobre 1998). L’argument spatial est d’ailleurs toujours présent, dans l’idée que freiner la vaccination en France pourrait entraver la vaccination à l’échelle mondiale. Cette logique collective de l’OMS est restée une constante dans le temps. Et même aujourd’hui, on peut lire sur le site de l’OMS que « le vaccin est extrêmement sûr et efficace ».

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