Hépatite B
En bref
L’hépatite B est une maladie virale causée par un virus qui attaque le foie. Elle se transmet par voie sanguine et sexuelle ainsi que de la mère à l’enfant et peut se développer soit de façon aigüe soit de façon chronique (et évoluer dans ce cas vers une cirrhose ou un cancer du foie) . Il s’agit d’une maladie relativement silencieuse, puisqu’on estime que la moitié des personnes infectées ne le savent pas. Sa prévalence en France est assez discutée mais on présume qu’elle touche un peu moins de 1% de la population de façon chronique.
L’hépatite B est une maladie virale due à une infection par le virus de l’hépatite B (VHB) et entrainant une inflammation du foie. Ce virus à ADN appartient à la famille de l’Hépadnavirus.
Historique de la maladie
En 1885, les travaux de Lurman, identifient une épidémie comme étant due au virus de l’hépatite B. Mais ce n’est qu’en 1963 que le médecin et chercheur américain Baruch Blumberg découvre dans le sérum d’un aborigène d’Australie un antigène qu’il identifiera quatre ans plus tard comme appartenant à un virus responsable de l’hépatite B. Appelé dans un premier temps antigène « Australia », cet antigène qui entraine la sécrétion d’anticorps par l’organisme est ensuite nommé antigène HBs.
Le génome du virus de l’hépatite B a ensuite été entièrement séquencé par les équipes françaises de Pierre Tiollais et Francis Galibert en 1979. La réplication du virus a été rendue possible grâce à la connaissance de l’ADN du VHB. Le fait d’identifier la séquence a par ailleurs permis de fabriquer des tests de détection et de dosage du génome viral dans le sérum. Un dépistage systématique chez les donneurs de sang a pu être mis en place grâce à la découverte de l’antigène pour prévenir la transmission de l’hépatite B.
La production d’anticorps par l’organisme pour lutter contre l’antigène a ensuite été mise en évidence, ce qui a alors permis la mise au point d’un vaccin, commercialisé dès 1981.
Les travaux de Blumberg sur les origines et la propagation des maladies virales lui valurent le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1976.
Transmission du virus
Les différents modes de transmission :
→ Mode de transmission parentéral (voie sanguine) : Ce mode de transmission comprend notamment les accidents d’exposition au sang comme dans les cas de piqures non volontaires, l’échange du matériel d’injection pour les drogues intraveineuses. De même, il existe un risque lors des transfusions sanguines et des pratiques du tatouage et du piercing si les normes de stérilisation n’ont pas été respectées.
→ Mode sexuel : Le virus de l’hépatite B peut également se transmettre lors des rapports de pénétration anale ou vaginale ou en cas de rapports bucco-génitaux.
→ Mode de transmission périnatal (de la mère à l’enfant) : Les études scientifiques montrent que le risque de transmission lors de l’accouchement oscille entre 20 et 80% en fonction de la charge virale en cas d’infection aiguë ou chronique chez la mère. Il convient par ailleurs de noter que des transmissions peuvent exceptionnellement avoir lieu lors de l’allaitement.
→ Mode de transmission horizontal (très exceptionnel) : Les cas de transmission par la salive et le baiser sont extrêmement rares, de même que ceux par une morsure de personne à personne.
Le thème controversé de la transmission par la salive :
La question de la transmission par la salive a suscité un certain nombre de controverses. On voit bien que celle-ci ne concerne que des cas extrêmement rares, et est plutôt présente chez les enfants. Or l’importante campagne publicitaire lancée en 1994 par Philippe Douste-Blazy et financée par les laboratoires pharmaceutiques mettait en avant la transmission par la salive. Ainsi pouvait-on lire sur les brochures faites par les laboratoires SmithKline-Beecham que « le virus HB est cent fois plus contagieux que le sida, il tue plus de personnes en un jour que le sida en un an, soit deux millions de décès par an dans le monde. C’est la deuxième cause de cancer après le tabac. Il se transmet par voie sexuelle, le sang, se trouve dans la sueur, la salive et les larmes. » De même, Pasteur-Mérieux-MSD diffuse des publications où l’on peut lire que « la salive est un important vecteur de contamination ».
D’où le reproche fait aux laboratoires pharmaceutiques d’avoir fait une telle campagne entretenant la peur dans le but de vacciner plus.
Un fort pouvoir contaminant :
L’hépatite B est un virus assez résistant, puisqu’on estime qu’il survit en moyenne 7 jours en milieu extérieur, et que les produits comme l’alcool ou l’éther ne peuvent pas le détruire. Son pouvoir contaminant est en revanche très important puisque le risque de contamination en cas d’exposition au virus est de 30%, alors qu’il n’est que de 3% pour l’hépatite C et d’à peine 0,3% pour le virus du Sida
Qui sont les « groupes à haut risque de contamination » ?
Ceux-ci ont pu être identifiés grâce à la connaissance précise des différents modes de transmission du virus. Ainsi comprennent-ils les professionnels de la santé en contact avec les malades, le sang et les produits biologiques, les malades s’apprêtant à recevoir des transfusions de manière fréquente, les toxicomanes et les personnes ayant des partenaires sexuels multiples. Ceux qui voyagent ou résident dans des pays où l’endémie est forte sont également identifiés comme des groupes à risque.
Plusieurs études ont montré que la seule vaccination des groupes à risque ne suffisait pas à faire diminuer l’incidence de la maladie, comme cela a été le cas au Canada.
Caractéristiques de la maladie
Les deux types d’hépatite : hépatite aiguë et hépatite chronique
L’intensité de la transmission dépend de la charge virale transmise, c’est-à-dire la quantité de virus présente dans le corps. Il existe deux phases après la transmission : la phase d’incubation, qui dure de 30 à 120 jours, puis la phase de déclaration de la maldie. On parle d’hépatite aiguë quand cette dernière phase est courte (moins de six mois). L’hépatite aiguë peut se compliquer d’une hépatite fulminante qui survient 1 fois sur 1000 (forme très rapide et très grave de la maladie).
On parle d’hépatite chronique quand l’infection dure plus de 6 mois : cela signifie qu’après la phase de contamination et d’infection aiguë, l’organisme n’a pas réussi à éliminer le virus. Ce passage de la phase chronique à la phase aiguë survient chez environ 10% des personnes ayant été contaminées par le VHB. L’hépatite peut alors dégénérer en cirrhose du foie ou en cancer. La gravité de l’hépatite chronique n’est cependant pas immédiate et dépend de l’état du foie. Elle dépend de plusieurs facteurs (stade d’évolution de la maladie au moment de sa découverte, réplication virale, réaction immunitaire de l’organisme vis-à-vis de ce virus).
Une maladie silencieuse dans de très nombreux cas
Il convient tout d’abord de préciser que l’hépatite passe très souvent inaperçue chez les malades. Ainsi seules 10 à 25% des hépatites sont-elles symptomatiques.
L’hépatite aiguë s’accompagne de symptômes tels que le jaunissement des yeux et de la peau, la fièvre, la fatigue et les refroidissements. Les personnes infectées par une hépatite aiguë peuvent dans un cas sur cent développer une hépatite B fulminante, celle-ci pouvant s’avérer mortelle si une greffe du foie n’est pas réalisée en urgence.
Tout comme pour les personnes atteintes d’hépatite B aiguë, celles souffrant d’hépatite B chronique peuvent ne présenter que de légers symptômes. Les signes les plus fréquemment relatés par les patients sont les vomissements, les douleurs musculaires et articulaires et la fatigue. Un tiers des malades développent par ailleurs des complications au niveau du foie. Précisons par ailleurs que bien que la majeure partie des patients ne présente aucun cas de symptômes caractéristiques, les lésions du foie que provoque le virus de l’hépatite B peuvent être extrêmement importantes. L’hépatite B est donc une maladie relativement silencieuse : il est possible d’avoir été atteint par une hépatite chronique sans s’en être rendu compte, ou de souffrir d’une hépatite chronique éventuellement grave sans en être informé.
Les tests de dépistage :
L’infection par le virus de l’hépatite B peut être décelée par un simple examen sanguin. Le diagnostic de l’hépatite B est ensuite signalé par un test spécifique de dépistage du virus.
La moitié des personnes infectées ignorent qu’elles le sont, d’où la volonté des associations luttant contre la maladie d’organiser des campagnes de dépistage.
Le traitement contre la maladie :
Survenant directement après la contamination, l’hépatite aiguë ne nécessite aucun traitement particulier, le malade ayant surtout besoin de repos. Sauf quand elles dégénèrent en hépatites chroniques, la majorité des hépatites aigües guérissent donc toutes seules.
Les patients souffrant d’hépatite B chronique suivent quant à elle un traitement dont le but est d’arrêter la multiplication virale pour freiner les dommages causés au foie. Néanmoins, ces traitements sont assez lourds, extrêmement couteux et pas forcément très efficaces. L’objectif est de faire disparaître l’antigène et de provoquer l’apparition de l’anticorps, ce qui marquerait alors la fin du traitement.
Un des traitements les plus anciens est celui utilisant le médicament de l’interféron alpha, qui stimule les défenses immunitaires et a une action antivirale, provoquant l’apparition d’anticorps dans un tiers des cas. La multiplication du virus est en outre bloquée par d’autres médicaments tels que les « analogues nucléosidiques ». Notons également que les cas les plus graves d’hépatite B chroniques peuvent parfois nécessiter une transplantation hépatique.
Sa présence parmi la population
L’hépatite B dans le monde :
L’hépatite B est une maladie humaine extrêmement répandue dans le monde. Ainsi peut-on estimer à 5% (les chiffres varient entre 3 et 6% selon les études) la proportion de la population mondiale actuellement infectée par le virus de l’hépatite B, une proportion d’autant plus importante que l’on estime que un tiers de la population a déjà été exposé au virus. Si 2 milliards de personnes ont été infectées dans le monde, on évalue à 350 millions le nombre de personnes qui deviennent ensuite des porteurs chroniques, pouvant alors transmettre le virus pendant des années. Les porteurs chroniques sont très exposés au risque de développer des cirrhoses ou des cancers du foie.
Précisons toutefois que le virus de l’hépatite B est le seul provoquant une hépatite virale chronique contre lequel on dispose d’un vaccin.
Il existe schématiquement trois zones de prévalence dans le monde :
* Une zone de très forte prévalence (Chine, Asie du Sud-Est, Afrique subsaharienne) où l’infection est fréquente.
* Une zone de moyenne prévalence (Bassin méditerranéen, Moyen-Orient, Amérique du Sud, Europe de l’Est, ex-URSS).
* Une zone de basse prévalence (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord, Australie) où l’hépatite est relativement moins fréquente.
L’hépatite B en France :
En France, la vaccination est très discutée car la prévalence du virus de l’hépatite B dans la population française est elle-même estimée de façon diverses, les chiffres variant de 0,2 à 0,7% de la population pour l’hépatite chronique. Les chiffres 2008 du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies montrent que l’hépatite chronique B (qu’elle soit active ou non) touche 0,68% de la population française. L’incidence de l’infection est quant à elle estimée comme allant de 30 000 à 60 000 nouveaux cas par an, les nouvelles contaminations survenant dans 90% des cas après 20 ans (avec 10% d’hépatites chroniques). Les centres d’examen de santé estiment qu’environ 1000 décès sont imputables chaque année à une forme chronique d’hépatite B.
Bien que les données concernant l’infection par le virus de l’hépatite B en France soient assez peu précises, les études prouvent que 30 à 40 % des infections aiguës sont symptomatiques, que le portage chronique du virus intervient dans environ 5 % des cas chez l’adulte et 95 % des cas chez le nouveau-né. En d’autres termes, la transmission mère-enfant est assez grave, car elle donne lieu à plus d’hépatites chroniques.
Il est par ailleurs très difficile d’évaluer le taux d’incidence du virus de l’hépatite B, les systèmes de surveillance actuels ne comptabilisant uniquement que les nouveaux cas d’hépatite clinique aiguë alors que ceux-ci ne représentent que de 30 à 50 % des infections par le virus de l’hépatite B. On constate toutefois, grâce aux données de surveillance disponibles, une nette diminution de l’incidence de l’hépatite B au cours de la dernière décennie. Néanmoins, depuis l’échec des campagnes de vaccination, le taux de contamination a augmenté significativement.