Compte-rendu de l’interview avec Gérald Sanchez, représentant d’Act Up,
du 10 avril 2009, au local d’Act Up à Paris

Quel est le rôle d’Act Up ?

Gérald Sanchez : Nous ne faisons pas de la prise en charge individuelle (comme REVAHB), ni une analyse de terrain (comme AIDES). Nous avons un rôle politique avant tout. Nous sommes un « laboratoire social activiste ». Et notre but est de faire reconnaître que quand on est malade, on est expert de la maladie et on devient coacteur de la recherche. Nous pouvons être sollicités par des institutions sur des problèmes particuliers. Notre importance se dégage quand l’avis médical n’est pas tranché, quand il y a une zone floue. Notamment quand cette zone floue se partage entre paranoïa et courage politique. Quand une couleur de fanatisme apparaît dans une politique, cela montre en amont une lacune dans la communication politique. Par exemple, les premières infirmières qui se sont plaintes du vaccin HB se sont fait envoyer paître.

Quel est votre rôle au sein d’Act Up ?

Gérald Sanchez : Je suis arrivé à Act Up en 1996, dans le groupe « drogues et usages », puis j’ai rejoint le groupe « co-infection VIH et  Hépatite » qui fait partie de la commission « Traitements et recherches ».

Comment définissez-vous le lien de causalité entre le vaccin anti-hépatite B et la SEP ?

Gérald Sanchez : Dans les milieux de collectivité, l’ennemi  n°1 c’est l’hépatite B. L’Afssaps a organisé une commission sur le vaccin HB et a tranché sur le lien. On est enfin sorti du fanatisme.  En effet, les infirmières qui avaient des SEP et s’étaient plaintes avaient été accueillies par un refus. C’est à cause de ça qu’une certaine colère a émergé et des mouvements sectaires se sont emparés du sujet.

Il n’y a pas de lien de causalité. Le vaccin contre l’hépatite B ne provoque pas la SEP. Cependant, chez les gens porteurs du gène facteur de risque SEP, le vaccin anti-hépatite B va accélérer la poussée de SEP. Par exemple, au lieu d’attendre 60 ans pour se déclarer, elle le fait plus vite.

L’important est donc de savoir si on est porteur du gène SEP : il existe depuis 2003 un dépistage génétique qui permet d’indiquer la présence du facteur de risque. Cependant, ce dépistage est assez coûteux et très difficile d’accès. De plus, il faut savoir que 60% des cas de SEP dans le monde sont localisés en France. Il y a donc une surreprésentation dans notre pays. C’est donc un problème d’épidémiologie. La SEP est une maladie qui réagit par phases de poussées qui ont des facteurs déclencheurs, incluant notamment les bouleversements immunitaires. C’est pourquoi la vaccination peut déclencher une poussée.

Que pensez-vous de la politique de vaccination contre l’hépatite B ?

Gérald Sanchez : Dans la santé publique, il faut pouvoir raisonner du côté du pouvoir : d’où le choix de la vaccination.

Quel est votre avis sur la mise en examen des laboratoires ?

Gérald Sanchez : C’est une bonne chose, même si Glaxo étant une grande multinationale, ils resteront certainement intouchables. Dans le meilleur des cas, on pointera une responsabilité. Une question intéressante cependant : est-ce que l’Afssaps a condamné les labos en tant que représentant français ou européen (car Glaxo serait plus fort en France qu’en Europe) ?

Qui sont, selon vous, les acteurs les plus partisans dans cette controverse ?

Gérald Sanchez : Il existe des mouvements sectaires qui utilisent les espaces flous existant autour de certaines maladies afin de propager des théories négationnistes. Certains expliquent ainsi que le VIH ne provoque pas le sida et qu’il ne faut pas utiliser la trithérapie pour soigner le sida… C’est la même chose avec les flous qui existent autour le la sclérose en plaques : des fanatiques utilisent ces flous scientifiques pour propager des idées fausses sur la vaccination contre l’hépatite B.

Pouvez-vous nous donner des informations sur l’Hépatite B ?

Gérald Sanchez : Il y a une autre méthode de vaccination contre l’HB qui est l’injection immunoglobuline de l’HB. C’est plus cher, mais cela n’a pas les mêmes effets secondaires.

L’HB est le virus le plus transmissible (hors air et salive) en Europe. En France, il y a environ 150 000 malades chroniques, et environ 4,8 millions de personnes qui ont croisé le virus, mais ont guéri naturellement. Cependant, parmi ces 4,8 millions, 1 à 3 % contractent une forme d’HB fulminante.

95% des porteurs du virus ont entre 13 et 20 ans, ce qui correspond à l’âge des premiers rapports sexuels. Mais c’est aussi à cet âge que dans le système nerveux se consolide la gaine protectrice autour de la myéline. Si on regarde les malades chez qui le délai entre le vaccin HB et la poussée de SEP est inférieur à 6 mois, on voit qu’ils ont tous moins de 25 ans. Il y a donc une fragilité particulière des adolescents à ce niveau. C’est pourquoi il faut vacciner les nourrissons : car il n’y a pas de myéline avant 5 ans.

Quand le virus va dans le corps, il génère des antigènes (Ag) qui augmentent la maladie, puis peut-être des anticorps (Ac) qui protègent de la maladie. Il y a guérison spontanée quand les Ac arrivent en masse suffisante pour faire disparaître les Ag. L’anticorps protecteur est l’AcHbs : il est présent dans 95% des cas. D’où certaines personnes peuvent croiser le virus et être infectées : environ 3,2% des gens qui croisent le virus.

L’intensité de la transmission dépend de la charge virale transmise. La charge virale est la quantité de virus présente dans le corps et cela dépend de l’intensité et de la capacité de la réplication.

Il y a deux périodes après la transmission :

-          La primo-infection (6 mois à 1 an après la contamination) : pendant cette période, les symptômes ne sont visibles que dans 90 à 97% des cas. Au tout début de la contamination, le virus n’est pas décelable. C’est à ce moment là que le virus se répand dans le corps (pic de charge virale).

-          L’infection chronique

Les vecteurs de transmission de l’HB :

-          Le sang : directe et continue

-          Le sperme, les sécrétions vaginales et anales : tard et de manière discontinue

-          Salive : cas extrêmement rares, et plutôt chez des enfants (les enfants en primo-infection ont une quantité énorme de virus dans l’organisme, car il se développe plus fortement chez l’enfant que chez l’adulte, du coup, l’enfant contamine plus facilement d’autres personnes).

-          Morve, urine… : encore plutôt des enfants qui peuvent contaminer de cette façon et de façon très rare.

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