Compte-rendu de l’entretien téléphonique du 27 mai avec Daniel Floret, président du Comité Technique des Vaccinations

Informations pratiques sur le Comité Techniques des Vaccinations

Il s’agit d’un groupe de travail permanent du Haut Conseil de la santé publique rattaché à la commission maladies transmissibles.

Ses missions sont les suivantes :
- il suit les évolutions et les perspectives nouvelles en matière de vaccins ;
- il élabore la stratégie vaccinale en fonction des données épidémiologiques et d’études sur le rapport bénéfice-risque et le rapport coût-efficacité des mesures envisagées ;
- il propose les adaptations en matière de recommandations et d’obligations vaccinales, ainsi que la mise à jour du calendrier vaccinal.

Existe-t-il un lien de causalité entre le vaccin contre l’hépatite B et la SEP ?

La relation entre vaccination et sclérose en plaques est niée par la communauté scientifique mondiale. Les cas de sclérose en plaques n’ont d’ailleurs pas augmenté depuis les vaccinations. La seule réalité est qu’en France on a vacciné massivement des adultes qui n’étaient pas visés par les recommandations, à l’âge où se révèle le plus souvent cette maladie.
En tout cas, il n’existe aucun lien de causalité démontré entre la sclérose en plaques et le vaccin de l’hépatite B.

Rappel de ce qui s’est passé :

1994 : La France a mis en place un programme de vaccination, ciblant les nourrissons, les enfants et les adultes à risque. Le ministre de la santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy ayant donc appliqué les recommandations de l’OMS, il s’agissait alors d’une communication légitime.

Mais derrière cette communication légitime, on a assisté à un engouement très fort du public pour la vaccination, engouement certainement majoré par la communication des firmes pharmaceutiques. Une demande très forte s’est manifestée, ne concernant non pas majoritairement les cibles mais surtout de jeunes adultes non visés par les recommandations. Plus de 8 millions de personnes ont ainsi été vaccinées, surtout des adultes non visés par les recommandations.

C’est là qu’apparaît la différence avec les autres pays : ceux-ci n’ont pas vacciné les adultes.

Ainsi les adultes ont-ils été vaccinés en France à l’âge où peut apparaître la sclérose en plaques, la maladie étant fréquente chez les jeunes adultes. Il n’y a donc pas de lien entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques ; son apparition après le vaccin relevant d’une pure coïncidence.

Comment évaluer la couverture vaccinale en France ?

La couverture vaccinale est clairement insuffisante. Seulement 30% des jeunes adolescents sont vaccinés alors qu’ils vont bientôt rentrer dans la période a risque.
On vit actuellement sur l’acquis de ce qui a été fait dans les écoles au cours des années 1990, période à laquelle la couverture vaccinale atteignait les 65%.
Nous allons donc être confrontés à une augmentation des cas d’hépatite B.

D’où la décision de relancer la protection contre la maladie comme en témoigne les recommandations du calendrier vaccinal publié le 20 avril 2009. Il inclut une nouvelle mesure, celle de prolonger jusqu’à 15 ans révolus l’âge du rattrapage et la possibilité, dans ce cas, de recourir à un schéma vaccinal simplifié. Une autre mesure avait par ailleurs été décidée par le ministère de la santé le 1er avril 2008 afin d’augmenter la couverture vaccinale des nourrissons : le remboursement du vaccin hexavalent (DTCoqPolio+ Hémophilus + Hépatite B) destiné aux nourrissons

Sur l’apparition de la SEP

On ne connaît pas les causes précises ; ce qui est sûr c’est que le vaccin ne provoque pas son apparition.
Parmi les études réalisées, toutes à l’exception de 1 ne montrent pas d’augmentation significative du risque de développer une hépatite B chez les sujets vaccinés. Certaines montrent même qu’il y a moins de SEP chez les personnes vaccinées (différence également non significative. Si l’augmentation non significative du risque observée dans certaines études était réelle, les bénéfices de la vaccination (en matière de cas évités) excèderaient d’ailleurs très largement le risque.

A propos de la présence du facteur de risque

(ce dont nous avait parlé Gerald Sanchez : ce dépistage existerait depuis 2003, le vaccin n’étant pas ce qui provoque la SEP mais agit comme un accélérateur pour les personnes porteuses du gène facteur de risque)

Daniel Floret ne connaît pas d’étude appuyant cette hypothèse, arguant en outre que la sclérose en plaques n’étant pas une maladie dont l’origine génétique est démontrée. En revanche, on peut trouver des facteurs génétiques associés à la maladie. Or il est impossible de faire des tests génétiques pour tout le monde ; cela coûterait beaucoup trop cher.

Sur le vaccin des enfants :

Contrairement à ce que l’on peut fréquemment entendre, les enfants ont de la myéline. Il s’agit de la substance lipidique graisseuse de coloration blanchâtre qui entoure les fibres nerveuses.

La SEP peut par ailleurs apparaître chez le très jeune enfant même si l’incidence n’augmente véritablement qu’à partir de 7 ans. Les études françaises menées par le professeur Marc Tardieu ont montré que globalement la vaccination des enfants n’entraînait pas d’augmentation de risque de développer une SEP ni ne provoquait de poussée chez les sujets vaccinés alors qu’ils étaient déjà atteints de la maladie. Ce n’est qu’en multipliant les calculs de risque dans des sous groupes qu’a été détecté une augmentation du risque. Les experts nationaux et internationaux ont unanimement estimé qu’il s’agissait là d’un artéfact méthodologique.

Situation de la France par rapport aux autres pays :

La réticence face au vaccin reste très forte en France, et seulement en France. En Espagne par exemple, la couverture médicale atteint les 97%.

S’il n’y a qu’en France que l’on assiste à une telle défiance à l’égard du vaccin, l’attention a été attirée au Maroc sur l’attribution à la vaccination hépatite B d’un cas de syndrome de Guillain-Barré. Il s’agit d’une maladie inflammatoire démyélinisante du système nerveux périphérique, qui figure en effet dans la liste des effets secondaires possibles de la vaccination. Cette affection étant très rare, les études ne peuvent ni affirmer ni infirmer le lien avec la vaccination. Cette maladie est par contre particulièrement fréquente dans le Maghreb et notamment au Maroc, de sorte que des coïncidences sont là encore possibles.

Sur le travail des associations :

- Discours anti-vaccination : catégories particulières, opposants idéologiques. Daniel Floret ignore en revanche s’il existe des liens entre certains médecins et la scientologie.
- Revahb : militent pour indemnisation des gens. Ne considère pas l’association comme une ligue anti-vaccinale et respecte le travail de ses membres, même s’il ne partage pas leur analyse.
- Act Up : Bien qu’adoptant certaines positions extrémistes, ils ont fait bouger les choses en permettant de faire avancer les procédures et en mettant des médicaments à la disposition des malades.

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